01/12/07 (B424) REUTERS / Fin du délai pour délimiter la frontière Érythrée/Éthiopie (Info lectrice)

AMSTERDAM (Reuters) – La commission internationale indépendante chargée de délimiter la frontière entre l’Ethiopie et l’Erythrée, qui avait donné en novembre 2006 un an aux deux pays rivaux pour trouver un terrain d’entente, rend ce vendredi ses conclusions.

Entre 1998 et 2000, une guerre entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique a fait 70.000 morts et la persistance du différend frontalier a ravivé les craintes d’une reprise des hostilités.

Les deux pays ont massé plus de 100.000 soldats près de leur frontière commune d’un millier de kilomètres.

Jeudi, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a cependant tenu à rassurer la communauté internationale.

« Nous n’entrerons jamais en guerre contre l’Erythrée à moins d’être confrontés à une invasion de grande envergure. Mais je ne pense pas que le gouvernement érythréen se lancerait dans une telle invasion car ce serait un suicide », a-t-il dit.

Addis-Abeba et Asmara s’opposent sur le tracé de leur frontière depuis qu’une commission indépendante a attribué à l’Erythrée la ville de Badme en 2002.

Asmara reproche à la communauté internationale de n’avoir exercé aucune pression sur l’Ethiopie pour l’amener à accepter cette décision. Addis-Abeba affirme en accepter le principe mais réclame des discussions sur le détail de la ligne de démarcation, ce que refuse Asmara.

En novembre 2006, la commission internationale, issue de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, avait donné un an aux deux pays pour délimiter leur frontière sur la base de ses propositions.

70.000 MORTS ENTRE 1998 ET 2000

Devant les obstacles opposés à son travail sur le terrain, la commission a dû avoir recours à des techniques telles que la photographie aérienne à haute résolution pour déterminer les emplacements où des bornes devraient être placées afin de marquer le tracé frontalier dans les zones litigieuses.

L’Ethiopie a indiqué qu’elle ne reconnaîtrait aucune délimitation de la frontière contestée, en jugeant « illégaux » les projets de la commission.

Début novembre, le président de l’Erythrée, Isaias Afwerkia, a imputé aux Nations unies la responsabilité principale du blocage.

« Le silence et la position injustifiée des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité, a favorisé cette situation et la favorise encore », a-t-il dit.

Aux termes de l’accord de paix qui avait mis fin à la guerre en 2000, une force de paix de l’Onu comprenant 1.700 hommes surveille une zone tampon du côté érythréen de la frontière. L’Erythrée entretient des relations tendues avec cette force, dont elle limite les vols d’observation effectués par des hélicoptères. Asmara a aussi expulsé des casques bleus occidentaux.

L’Onu et les Etats-Unis ont appelé les deux pays à la retenue.

Jeudi, le département d’Etat américain a annoncé que la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice se rendrait en Ethiopie la semaine prochaine. Elle doit rencontrer les dirigeants des pays des Grands Lacs – Rwanda, Burundi, République démocratique du Congo et Ouganda – le 5 décembre à Addis-Abeba