23/12/07 (B427) 20 MINUTES.FR Chirac, de la présidence à la mise en examen (Parmi les autres affaires : clearstream et l’assassinat du Juge Borrel)

Pour la première fois, un ancien président de la République est «inculpé». Et d’autres dossiers attendent le chef d’Etat à la retraite.

Jacques Chirac a donc été mis en examen, hier, pour «détournement de fonds publics». Un juge -Mme Xavière Simeoni en l’occurrence- a estimé que le dossier qu’elle instruit comporte suffisamment d’éléments concordants à charge contre l’ancien chef d’Etat.

Ce dernier ne doit donc plus être interrogé comme témoin, mais comme «mis en examen». De ce fait, Jacques Chirac peut prendre connaissance du dossier et bénéficier de la présomption d’innocence, puisque seul un jugement sur le fond décidera de sa culpabilité ou de son innocence. Sur le plan juridique, la mise en examen confère donc à Chirac certains droits. Mais sur le plan médiatique, cette décision fait de lui un suspect devant s’expliquer devant la justice. Et c’est la première fois en France qu’un ancien président est ainsi impliqué officiellement dans un dossier pénal.

Emplois de complaisance ?

De quoi le soupçonne-t-on ? Les faits remontent à l’époque où Chirac était maire de Paris, entre 1977 et 1995. Il aurait alors embauché des chargés de mission dont certains n’ont pas travaillé pour la Mairie parisienne mais ont été affectés au service de proches de Chirac ou d’élus de son parti d’alors, le RPR. Le salaire de ses «emplois de complaisance» aurait donc été payé par l’Exécutif municipal. Une vingtaine d’autres personnes ont été mises en examen dans ce dossier dont le petit-fils du général de Gaulle, ancien député RPR puis UMP.

Sachant sans doute qu’il allait être mis en examen, Jacques Chirac a rédigé un texte que Le Monde a publié dans son édition datée d’aujourd’hui. Il y conteste toutes les accusations portées contre lui et le fait avec une vigueur certaine: «Jamais il n’y a eu d’enrichissement personnel. Jamais, il n’y a eu de système.»

Toutefois, Jacques Chirac apparaît dans d’autres affaires en cours d’instruction qui pourraient lui valoir une convocation chez d’autres -juges.

Les emplois fictifs pour le RPR. Même si elle -apparaît dans un contexte -voisin de la première affaire, cette cause fait l’objet d’une instruction séparée menée par le juge Alain Philibeaux. Elle concerne sept permanents du RPR qui auraient été payés par la Mairie de Paris. A ce propos, Jacques Chirac a déjà été entendu par le magistrat le 19 juillet dernier en tant que «témoin assisté» par un avocat.

Clearstream. Il pourrait être entendu comme témoin dans ce dossier qui concerne principalement l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. Rappelons que l’un des plaignantsn’est autre que l’actuel président Nicolas Sarkozy.

– La mort du juge Borrel. La mort suspecte de ce magistrat à Djibouti en 1995 fait l’objet d’une enquête qui, sous le règne de Chirac, a considérablement traîné. La veuve du juge souhaite connaître le rôle du président d’alors dans ces «coups de frein» donnés à cette instruction.