01/01/08 (B428) Afrique en ligne.Les troupes éthiopiennes ont passé un an en Somalie

Addis-Abeba, Ethiopie – En marquant le premier anniversaire de l’entrée de ses troupes en Somalie, l’Ethiopie s’est déclarée déçue par l’incapacité des éléments de l’opposition dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique à intégrer les institutions fédérales traditionnelles.

"Les efforts pour faire entrer les éléments de l’opposition dans les institutions fédérales de transition, dans le Parlement ou le gouvernement lui-même, ont très peu progressé", a indiqué le ministère éthiopien des Affaires étrangères dans sa dernière analyse des évènements en Somalie.

Soulignant que des discussions avaient pu se tenir dans le calme ces dernières semaines, le ministère indique que les éléments de l’opposition somalienne n’ont pas réagi aux ouvertures du Premier ministre récemment nommé de la Somalie, Nur Hassan Adde, tandis que les ex-responsables de l’Union des tribunaux islamiques (UTI), désormais exilés en Erytrhrée, continuent de repousser toute suggestion de négociations avec le Gouvernement fédéral de transition (TFG).

Le second motif de déception de l’Ethiopie, selon le minisère, concerne l’incapacité de la communauté internationale à fournir le soutien nécessaire à l’Union africaine (UA) pour le déploiement d’une force de maintien de la paix de 8.000 hommes pour remplacer les troupes éthiopiennes en Somalie.

"Ce qui signifie que les troupes éthiopiennes ont dû rester en Somalie beaucoup plus longtemps que prévu initialement", déplore le ministère.

Il y un an, les troupes éthiopiennes sont entrées en Somalie pour aider une petite force du TFG à metre en déroute les islamistes armés de l’UTI, qui avaient envahi presque tout le pays, y compris la capitale, Mogadiscio.

Alliée de l’Erythrée, l’UTI a pris le contrôle de Mogadiscio en juin 2006 et obtenu des quantités d’armes importantes, refusé de prendre part aux négociations avec le TFG à Khartoum, au Soudan, déclaré la guerre sainte contre l’Ethiopie et poussé au déplacement temporaire du siège du TFG dans la ville de Baidoa.

A la suite de la déroute rapide de l’UTI vers fin 2006, les forces éthiopiennes sont entrées à Mogadiscio à la demande d’un comité des aînés du clan Hawiye, l’ethnie majoritaire dans la ville.

Selon les autorités éthiopiennes, leurs troupes ont depuis lors permis aux forces de sécurité du TFG de mener une série d’opérations couronnées de succès contre les terroristes d’Al- Shabaab à Mogadiscio.

Des actions militaires majeures, en mars et en avril et d’autres en octobre et en novembre de cette année, ont détruit la plupart des cellules terroristes de la ville, selon le ministère.

Cependant, le coût de ces offensives n’a pas été négligeable, si l’on compte les victimes civiles qui ont été ciblées par les terroristes ou prises dans des fusillades.

"Des milliers de résidents, dans les trois districts les plus affectés des 16 que compte Mogadiscio, ont également fui les combats.

"Avec les pénuries alimentaires dues aux inondations de l’année dernière et à l’insuffisance des pluies de cette année, la crise humanitaire a été intensifiée par les activités terroristes, l’incapacité des ONG à coopérer avec le TFG pour la distribution des vivres et la tentative délibérée des anciens dirigeants de l’UIT et des commandants d’Al-Shabaab, de poser des obstacles au succès des efforts humanitaires", a déclaré le ministre.

L’Ethiopie reproche également à l’ONU et aux autres agences internationales, "leurs exagérations sérieuses" du nombre de déplacés.

Par exemple, selon le ministère, l’ONU et le TFG ont au début du mois de décembre effectué un décompte des personnes déplacées le long de la route Afgooye-Mogadiscio qui n’en a trouvé que 44.000 dans les villages et campements, tandis que les agences ont toujours affirmé qu’il y avait plus de 200.000 déplacés.

De la même manière, le ministère a ajouté que le véritable nombre des persones qui ont fui Mogadiscio est compris entre 60.000 et 80.000, tandis que les agences internationales l’ont toujours estimé à plus de 600.000.

Bien que la force de maintien de la paix de l’UA en Somalie devrait déployer au moins 4.000 hommes au cours des trois prochains mois, après le déploiement la semaine dernière de troupes supplémentaires du Burundi pour rejoindre deux Bataillons ougandais à Mogadiscio, le ministère a expliqué que ce serait insuffisant pour assurer la sécurité en Somalie et permettre à l’Ethiopie de retirer ses troupes.