12/01/08 (B430) Incarcération du Père don Sandro de Petris- Voilà pourquoi l’affaire est politique. (Article signé par le Père Ivan Matteis et publié sur « Vita Trentina » du 10 Janvier 2008 – Traduction en Français de Fabio de Petri)


Le Père Don Sandro de Petris

Djibouti, Janvier 2008 – « Rien ne va plus. Il faut lancer la piste pédophile et les jeux sont faits ».

C’est comme ça qu’en 1995 à Djibouti, le juge français Bernard Borrel « a été suicidé »; « coupable » d’avoir découvert des preuves de la corruption et des affaires illicites – blanchiment d’argent, trafic d’armes et d’autre encore – entre les Autorités de Djibouti et certains coopérants français.

Pour tout étouffer on en est arrivé à « fabriquer » le mobile du « geste désespéré » : le juge, catholique, n’aurait pas supporté les remords d’avoir succombé à la dépravation et à la pédophilie.

Mais c’est Ismail Omar Guelleh, actuellement président de la République de Djibouti, qui, à l’époque – et depuis 1977 – était le chef de la police spéciale. Son pouvoir est toujours soutenu par des colonels français d’extrême droite, ainsi que par les spéculateurs qui ont trouvé leur paradis fiscal à Djibouti.

Dans ce petit pays de la corne d’Afrique, la France a encore un poids important : elle renfloue largement ses finances. La France a une présence de 2.800 militaires qui en protègent les frontières. Sans cette défense, l’Ethiopie serait sans doute la première à envahir ce pays pour garantir à un débouché sur la mer à son commerce.

Le président Guelleh s’est occupé de l’intérieur du pays. Toute forme d’opposition a disparu depuis longtemps. Tous ses adversaires politiques – appartenant à son propre parti étant donné que c’est le seul parti qui existe – ont été reduits au silence.

Tant qu’ils pouvaient encore parler, ils l’ont accusé, à maintes reprises, d’avoir assassiné les opposants.

La liberté de presse est le monopole de « La Nation », porte-voix du gouvernement.

C’est ce journal qui a titré, il y a trois mois « la France pédophile » après que le Président Nicolas Sarkozy ait reçu la veuve Borrel en promettant d’ouvrir les archives de l’Elysée et de lancer une véritable enquête pour établir les mobiles et les commanditaires de l’assassinat de Bernard Borrel.

C’est encore « La Nation » qui, pendant la même semaine d’octobre, a attaqué l’Eglise catholique en parlant d’un réseau pédophile qui organiserait « des orgies dans la cathédrale ».

Le corps du juge Borrel fut retrouvé calciné au fond d’un ravin. Le seul prêtre qui était à Djibouti à l’époque et qui est toujours là bas, s’appelle Sandro De Pretis.

Depuis 76 jours il est en détention préventive. Avec ce régime, il pourrait y rester pendant 4 mois, renouvelables une deuxième fois, à la merci d’accusations qui changent sans cesse.

Il vit dans une cellule de 4 pas par 7. Par terre un petit matelas qui lui a été apporté par le secrétaire de l’évêque. Les latrines, un bidon dans lequel il peut recueillir de l’eau pour se laver. Six gouttes de vin clandestin pour l’Eucharistie. Les moustiques.

La perspective à bref d’y subir une chaleur insupportable.

La diplomatie italienne a fait ses démarches en bloquant un gros financement.

Vainement. Dans un pays où moyennant le versement de bakchic, on trouve des solutions à tout, les vicissitudes du prêtre de Trente se heurtent contre un mur en caoutchouc. Les contacts avec les différents ministres n’ont abouti à rien.

Le cas n’est pas dans les mains de la magistrature mais du président.

C’est à lui qu’il faut arriver. Avant qu’il ne soit trop tard.

C’est pour cela qu’il appartient à notre président du Conseil, Mr. Romano Prodi d’intervenir conjointement avec le Président français. Ce dernier a donné un signal de détente lors de sa rencontre avec Ismail Omar Guelleh au mois de décembre à Paris; en février c’est Sarkozy qui devrait se rendre à Djibouti.

J’écris ces lignes – au nom aussi de ceux qui ne peuvent pas s’exposer eux-mêmes – avec l’angoisse dans le coeur, sachant bien comment la position du père Sandro est délicate. C’est pour ça qu’il ne faut pas le laisser seul. L’évêque de Djibouti est disponible à l’éloigner du pays dès qu’il sera libéré.