19/01/08 (B431) Mais que cherche Sarkozy ? Rompre avec le chantage qui lui est servi par Guelleh ? (ARDHD)

Après avoir officiellement reçu Elisabeth Borrel à l’Elysée aussitôt après son élection, nous avions eu le sentiment que Sarkozy envoyait un signal fort, à la fois en direction de la Justice française pour l’assurer de son soutien et de sa volonté de garantir son indépendance et envers le dictateur djiboutien, pour lui montrer que la France pouvait le mettre devant ses responsabilités pénales, sans état d’âme.

Puis les choses ont tourné. En recevant Guelleh à l’Elysée, on a eu l’impression que Sarkozy avait, non pas forcément retourné sa veste, mais au moins infléchi sérieusement sa position vis-à-vis de Guelleh. Légitimement, nous sommes en droit de nous demander si Guelleh ne lui aurait pas raconté quelque chose qui pourrait être du style « Arrête de me poursuivre, sinon, je dévoile tout … » Et ce « tout » pourrait bien être constitué de faits que la France voudrait éviter à tout prix de rendre public. Cela s’appelle suivant les circonstances, du chantage ou de la raison d’Etat. Quelle que soit l’appellation, c’est pareil dans ce cas précis …

Depuis, on a l’impression que la diplomatie française continue (comme avant) à caresser Guelleh dans le sens du poil. Mais attention !

Nous avions déjà reçu des informations confidentielles sur une étude française pour quitter Djibouti. Selon les mêmes informateurs, un Général français se serait rendu à Addis Abeba, où il lui aurait été confirmé que l’Ethiopie souhaitait que la France reste à Djibouti pour que le pays continue à avoir un accès maritime privilégié avec le port de Djibouti. « Si les Français partent de Djibouti, la question n’est pas de savoir si le pays conservera son intégrité, mais qui arrivera le premier : l’Erythrée ou l’Ethiopie … » Et l’Ethiopie n’aura pas le choix.

Ces derniers jours, pendant que la diplomatie française continuait de protéger Guelleh, nous apprenons que la France a signé des accords pour implanter une base importante dans les émirats. Bien que l’information soit présentée de façon presque anodine, il ne sert rien à rien de masquer son importance hyper stratégique.

Inutile de rêver, la France ne dispose pas des moyens américains !

Elle ne peut donc pas entretenir plusieurs bases militaires de l’importance de celle qu’elle a à Djibouti … Donc la création d’une nouvelle base dans les émirats signifie obligatoirement un retrait (au moins) partiel mais certainement très significatif de Djibouti.

Est-ce la parade que Sarkozy a imaginé pour mettre un terme au chantage permanent qui lui est servi par Guelleh. Tout le laisse penser. La France en retrait, Guelleh devra se débrouiller seul avec les Américains. Et il n’y aura plus de concurrence à faire jouer. Les Américains ne sont pas des tendres comme les Français et IOG aura beaucoup plus de mal à mettre son indépendance et sa souveraineté en avant. Au contraire, il n’aura pas d’autre choix que de se plier à la volonté américaine, sachant que si les Américains partaient ensuite, il serait immédiatement liquidé par l’Ethiopie ou par l’Erythrée.

Bref, la décision de la Présidence française, si elle est conforme à nos analyses, serait bonne, car elle placerait Guelleh face à ses responsabilités en le privant de ses moyens de chantage…

Nous regrettons vivement que la CIJ ait refusé de recevoir Mme Borrel pour l’entendre … Il est vrai que le différend qu’elle devra juger ne concerne pas le fond, à savoir l’instruction pour l’assassinat de son mari, mais simplement la transmission ou non du dossier d’instruction. Mais comme son jugement pourrait avoir des répercutions sérieuses sur la suite … nous pensons, qu’à ce titre, elle aurait du accepter de l’entendre … d’autant plus que Guelleh a demandé, en plus, l’annulation des mandats d’arrêt contre Djama Souleiman et Hassan Saïd : un comble !!!

Nous regrettons aussi le mutisme de la France au regard de l’incarcération du Père Sandro de Petris. Seule une action diplomatique concertée de la France et de l’Italie, qui entrainerait « de facto » la position de l’U.E., avec l’application de sanctions rigoureuses contre le régime de Guelleh, serait susceptible d’aboutir à un dénouement favorable : la libération de ce prêtre dont la vie a toujours été consacrée à aider les malheureux et à porter secours aux enfants démunis. Il est certainement innocent des accusations « de circonstance » et fluctuantes qui sont défendues par une Justice entièrement soumise à Guelleh.

Guelleh ne comprend et ne respecte que la force … et l’argent ! Il faut donc que l’Europe montre sa force et lui coupe les vivres en même temps .. Là, il comprendra très vite et le Père de Petris sera libéré !!!

(A suivre)