24/01/08 (B431-B) AFRIQUE EN LIGNE / Reconstruire la Somalie: L’UA prépare une « feuille de route »

Malgré les difficiles tentatives faites pour restaurer le calme et le bon sens en Somalie, l’Union africaine (UA) a l’intention de tracer une feuille de route impliquant tous les acteurs internes et externes dans l’avenir de la nation, apprend-on d’un haut responsable de l’Union africaine.

Said Djinnit, commissaire de l’UA à la Paix et à la Sécurité, a fait savoir que le processus de réconciliation politique et national de la Somalie, la sécurité publique, les questions humanitaires, la réhabilitation des infrastructures et le renforcement des capacités institutionnelles seront pris en charge par la feuille de route envisagée.

"L’objectif global est de permettre aux institutions locales de fonctionner avec efficacité", a expliqué M. Djinnit.

A l’occasion d’une réunion organisée le 13 janvier 2008, à Mogadiscio, avec le nouveau Premier ministre somalien, Nur Hassan Hussein et son gouvernement, M. Djinnit avait indiqué que l’UA jouerait le rôle de facilitateur de la feuille de route, en collaboration, en particulier, avec le Conseil de sécurité des Nations unies, la Ligue arabe et les Etats membres de l’UA ayant fourni des contingents dans le cadre de l’opération de maintien de paix en Somalie.

Rappelant comment la situation en Somalie avait pris une nouvelle tournure suite aux combats entre les troupes éthiopiennes et les forces de l’Union des tribunaux islamiques, en décembre 2006, M. Djinnit a regretté que la communauté internationale n’ait pas saisi cette opportunité pour venir en aide à la population.

"Malgré l’insuffisance de ses ressources et de ses capacités, l’UA avait pris, en janvier 2007, la décision historique de déployer une opération d’appui à la paix en Somalie", a-t-il noté, tout en expliquant que l’objectif était non seulement de fournir un appui à la sécurité, mais encore de soutenir le processus politique mis en oeuvre dans le pays et de faciliter l’aide humanitaire en faveur des populations souffrant de la guerre depuis 16 ans.

Depuis lors, faisant fi de ses problèmes économiques, l’UA a affronté les difficultés en procédant au déploiement des troupes de maintien de la paix, en les équipant et en veillant à leur entretien dans une situation explosive.

"Plus d’un an après cette décision, nous, de l’Union africaine, sommes profondément frustrés de constater l’absence de soutien de la communauté internationale en général. Dans l’ensemble, le processus n’a bénéficié d’aucun appui réel", a encore déploré M. Djinnit.

La Somalie est probablement le pays du continent africain qui pose les problèmes de sécurité les plus importants et les dirigeants africains se demandent pourquoi le Conseil de sécurité a rechigné à faire face à ses responsabilités universelles dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité dans ce pays.

Dans sa dernière appréciation de la situation dans le pays, la Commission de l’UA constate, sans mettre de gants, que les acteurs somaliens et la communauté internationale ont tous raté l’occasion qui leur était offerte de mobiliser la volonté politique nécessaire pour installer durablement la paix et la réconciliation dans le pays.

Lors de leur sommet, la semaine prochaine, à Addis-Abeba, les chefs d’Etat africains auront encore une fois à traiter de la lancinante question de la Somalie.

Cependant, cette fois-ci, ils devraient approuver la proposition de la Commission qui souhaite qu’une feuille de route soit tracée après le Sommet.

En sus, les souffrances de la population, des femmes et des enfants désarmés, qui ont connu plusieurs années de malheur et survécu à toute une série de catastrophes en Somalie, devraient interpeller la conscience des grands leaders politiques du continent.

Pour tous ceux qui n’ont pas été en contact avec la réalité sur le terrain, les récits glaçants des conditions de survie des êtres humains dans les ruines de Mogadiscio, Baidoa, Kismayu ou quelque part en Somalie apparaîtront comme de la fiction plutôt que comme une description de la réalité.

Comme l’a dit un jeune habitant de Mogadiscio s’adressant à la PANA, l’héritage de la guerre et de l’anarchie ont transformé de nombreux Somaliens en véritables requins.

N’importe qui peut être à tout moment victime d’un homme armé circulant dans les rues ou des poissons carnivores qui hantent les eaux de l’Océan indien.

Djinnit a néanmoins tenu à noter qu’il n’est pas trop tard pour changer les choses.

Les récentes déclarations des hauts dirigeants de la Somalie en faveur du processus inclusif de dialogue national ont suscité, au niveau de l’UA un certain optimisme quant aux chances de redonner au pays un visage attractif.

"Nos ressources sont limitées, mais nous avons de grandes ambitions pour la Somalie et nous souhaiterions jouer le rôle de facilitateurs du processus, à condition que les Somaliens soient déterminés à travailleur ensemble", a encore indiqué M. Djinnit.

Par ailleurs, le Premier ministre Hussein a déménagé son administration, qui a quitté son siège provisoire de Baidoa pour s’installer dans la capitale, Mogadiscio, affirmant que le gouvernement est déterminé à créer un environnement sécurisé et dans lequel l’Etat de droit prévaudra.

"Nous faisons de notre mieux pour mettre en place les forces de sécurité de la Somalie, formées avec l’aide de l’AMISOM (Mission de l’UA en Somalie). Il subsiste encore de nombreuses lacunes et insuffisances, mais notre but est de disposer de forces de sécurité capables de protéger les vies et les biens des populations somaliennes. Les populations souhaiteraient avoir leur propre Police et leur propre Armée. Nous avons hâte de voir la mission des troupes de l’AMISOM arriver à son terme", a-t-il relevé.

Il ne fait aucun doute qu’il importe que les Somaliens mettent en place leurs propres institutions susceptibles de garantir la sécurité et la stabilité nécessaires à leur survie et au redressement définitif de leur pays.