01/03/08 (B437) SENACTU : Somalie : deuxième semaine de combats entre insurgés et armée éthiopienne

Les combats dévastateurs à Mogadiscio entre des insurgés et l’armée éthiopienne sont entrés mercredi dans leur deuxième semaine, l’objectif affiché d’Addis Abeba étant de « briser la capacité militaire » des islamistes qui s’opposent au gouvernement somalien.

L’ONU, dont l’appel lundi à l’arrêt des combats est resté lettre morte, a demandé aux autorités somaliennes de laisser les convois d’aide atteindre les populations dénuées de tout, qui ont fui en masse la capitale.

Après une nuit de calme relatif, les tirs d’artillerie ont repris mercredi au petit matin, ont rapporté des habitants.

Des chars éthiopiens ont notamment fait mouvement dans le nord de la ville et ouvert le feu sur des positions des insurgés, qui ont répliqué par des tirs de mitrailleuses et de mortiers, selon les mêmes sources.

« D’intenses combats ont recommencé », a rapporté Hussein Bashir, habitant du quartier de Jamhuriha, dans le nord de Mogadiscio : « deux personnes ont été blessées par des mortiers, mais on ne peut pas les emmener à l’hôpital en raison des tirs ».

« Nous avons perdu tout espoir car il n’y a aucun signe de trêve. Personne ne se soucie de dire aux combattants que ces batailles sont inutiles », commentait, Kulow Hassan, pharmacien dans le quartier de Tawfiq.

En une semaine, au moins 323 personnes ont été tuées dans la ville, dont 257 civils, selon l’ONG somalienne Elman Peace and Human Rights Organisation.

Les organisations humanitaires de l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont prévenu que la Somalie sombrait dans le chaos. La population de Mogadiscio fuit les combats en « flot continu », selon ces organisations.

Depuis début février, près d’un tiers du million d’habitants de la capitale ont déserté la ville en raison des violences, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Le patron des opérations humanitaires de l’ONU, John Holmes, a pressé une nouvelle fois mardi soir le gouvernement somalien de coopérer avec les agences humanitaires pour apporter une aide aux déplacés qui s’entassent à la sortie de la capitale, totalement démunis, survivant sous des arbres.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies s’était ainsi vu refuser il y a environ deux semaines l’accès aux milliers de déplacés entassés dans la bourgade d’Afgoye, à 30 km au sud-ouest de Mogadiscio.

« J’espère que cette position est en train de changer », a déclaré à la presse M. Holmes, après avoir informé le Conseil de sécurité de l’ONU de la situation en Somalie.

Le gouvernement somalien « nous a assuré de son soutien total » pour l’acheminement de l’aide » mais « il reste à voir si cela se traduira dans les faits », a-t-il relevé.

Le gouvernement éthiopien a rejeté la semaine dernière toute responsabilité dans le blocage de l’aide, affirmant que ces problèmes étaient « principalement causés par les extrémistes et leurs actions terroristes », expression désignant les insurgés, groupe hétéroclite comprenant notamment les miliciens islamistes.

Mardi soir, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a qualifié de « succès » l’offensive en cours en Somalie, dont l’objectif est de « briser la capacité militaire » des insurgés, a-t-il souligné.

L’armée éthiopienne et les forces gouvernementales somaliennes « ont besoin d’une ou deux semaines de plus pour nettoyer complètement Mogadiscio des Shebab », les milices islamistes, selon lui.

L’armée éthiopienne est intervenue en Somalie en 2006 pour déloger les tribunaux islamiques, qui avaient appelé à la guerre sainte contre le régime d’Addis Abeba et rejetaient l’autorité du gouvernement de transition, mis en place en 2004 pour stabiliser un pays en guerre civile depuis 1991.