02/03/08 (B437) La Liberté-Algérie : Sarkozy réduit la présence de son armée en Afrique / Compte à rebours pour la françafrique !
Par :Djamel Bouatta
Le chef de l’État français a annoncé la réduction du nombre de soldats et de bases militaires françaises sur le continent noir et la révision des accords de défense avec les pays qui constituent les piliers de la françafrique. Sarkozy sest trouvé contraint de revenir à sa promesse électorale de promouvoir une politique de rupture sur la présence française en Afrique quil avait souhaitée contraire à celle suivie par ses prédécesseurs de De Gaulle à Jacques Chirac et qui consistait à y couver le carré français.
Sil consent aujourdhui à le faire, ce nest pas tant par volontarisme que face aux récents échecs consécutifs de la politique françafrique. Le précarré français a beau défilé à lÉlysée, dans ces pays, le sentiment antifrançais na pas cesse de se développer. Parti de la Côte dIvoire à lépoque de Chirac, le mouvement sest étendu partout où subsiste des bases militaires françaises, voire tout simplement une présence trop visible.
Le Tchad, principal pilier du dispositif français en Afrique centrale, sest mis de la partie et Sarkozy a dû se faire violence pour rappeler à lordre démocratique son homologue tchadien sérieusement enfariné dans laffaire de la tentative denlèvement denfants africains par lOng Arche de Zoé.
Il a fallu cependant au président français la mise en garde de son propre ministre de la Coopération, un ancien socialiste, lui rappelant en début dannée son propre engagement de mise à mort de la françafrique. Le premier volet de la nouvelle politique française concerne les accords militaires entre Paris et les capitales de l’ancien précarré dont les avoirs des dirigeants en France ont été abondamment dévoilés par la presse française.
En fait, la France sest résolue à admettre quelle ne pouvait pas tenir seule face à la compétition dont fait lAfrique. Sarkozy prône ainsi une présence multilatérale sous couvert de lUnion européenne ou de lOtan. Dailleurs, son ministre de la Défense vient de faire un appel aux 27 de lUnion européenne pour que Bruxelles simplique dans les opérations de sécurisation en Afrique.
Il est question dun nouveau dispositif, Recamp, qui permettra la formation dorganisations sous-régionales africaines pour gérer ses crises. Herve Morin a assuré que ces organisations seront créées par les Africains eux-mêmes, en insistant sur le rôle de lUE dans la transformation de lAfrique en zone de stabilité, de développement, pour ne plus être grande pourvoyeuse d’immigration clandestine.
Le second volet touche à la carte militaire française en Afrique. Une dizaine de milliers de militaires sont déployés en Afrique dans cinq bases permanentes : Djibouti à lEst, le Sénégal, le Gabon et la Côte d’Ivoire dans lOuest et le Tchad au Centre, avec un relais en Centrafrique. Côté retrait pur et simple, l’affaire de la Côte d’Ivoire semble entendue, le 43e bataillon d’infanterie de marine (créé en 1978) devrait plier bagage, Abidjan nen voulant plus.
À Djibouti, le relais a été transféré aux Américains, ses effectifs seront transférés sur la future base française dAbu-Dhabi, négociée récemment par Sarkozy.
Au Tchad, les forces européennes de lEufor prennent en charge l’opération Epervier, mise en place en 1986 pour protéger le pays des appétits libyens et soudanais.
Ici, lopposition tchadienne accuse Paris davoir sauvé le président Deby, jurant que les forces françaises sont intervenues pour les repousser de NDjamena que la rébellion avait envahie sans coup férir. Quant aux bases du Gabon et du Sénégal, elles nauront plus dintérêt avec limplantation de la future base que Washington cherche à installer pour sécuriser la zone sahélienne et sa profondeur occidentale.