14/03/08 (B438) Le Monde avec AFP / L’Erythrée exhortée à coopérer au retrait des personnels de la Minuee

L’Erythrée doit coopérer pleinement au retrait temporaire de son territoire des personnels de la force de paix de l’ONU, lié à une querelle sur la fourniture de carburant, ont affirmé jeudi les membres du Conseil de sécurité.

Les Etats membres "insistent sur la nécessité d’une pleine coopération de l’Erythrée dans le contexte du redéploiement temporaire des personnels et de leur équipement", a déclaré à la presse l’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitaly Tchourkine, président du Conseil en mars, à l’issue de consultations sur la situation de la Mission de l’ONU en Ethiopie et Erythrée (Minuee).

L’ONU avait décidé d’évacuer d’Erythrée les personnels de la Minuee et de les redéployer du côté éthiopien de la frontière, en raison de restrictions d’approvisionnement en carburant imposées par Asmara depuis décembre.

Cette pénurie de carburant paralyse les moyens de la Minuee, aériens notamment, et l’empêche d’accomplir son mandat, qui consiste à surveiller la frontière avec l’Ethiopie, où se font face 200.000 soldats des deux pays.

En février, l’ONU avait accusé les militaires érythréens de bloquer le repli en Ethiopie de cette force de paix et de lui couper les vivres, déclenchant une vive condamnation du Conseil de sécurité. Après quoi, l’ONU avait ordonné à ces personnels de se regrouper à Asmara, avant évacuation.

Dès cette évacuation achevée, le secrétaire général, Ban Ki-moon, doit soumettre "des recommandations quant à toute présence future de maintien de la paix dans la région" au Conseil de sécurité. Celui-ci devrait réviser le mandat de la Minuee, devenue inopérante du fait de multiples mesures restrictives prises à son encontre par l’Erythrée.

Le retrait éventuel de la Minuee fait craindre un nouveau conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie, qu’une guerre frontalière a opposées de 1988 à 2000, faisant au moins 80.000 morts, et dont les relations sont très tendues.

La Minuee, créée en 2000, compte au total un peu plus de 2.000 personnels dont environ 1.200 sont concernés par le redéploiement d’Erythrée.

M. Ban a qualifié d’"inacceptables" les restrictions imposées par Asmara aux activités de la Minuee, estimant qu’elles "violent les principes fondamentaux du maintien de la paix".

L’Erythrée est très remontée contre la communauté internationale, qu’elle accuse de prendre parti pour l’Ethiopie dans leur vieille dispute frontalière.

Asmara a demandé à l’ONU de contraindre l’Ethiopie à retirer ses troupes de la région frontalière disputée de Badme, qui devrait revenir à l’Erythrée selon les conclusions d’une commission soutenue par les Nations Unies, mise en place après l’accord de paix ayant mis fin à la guerre.

"Nous l’acceptons" (la décision de la commission), a déclaré l’ambassadeur d’Erythrée, Araya Desta. "Nous voulons la paix avec l’Ethiopie mais avant tout nous voulons qu’elle se retire de notre territoire", a-t-il ajouté.