27/03/08 (B440) France Info / Affaire Borrel : prison ferme pour deux dignitaires de Djibouti.

Une avancée majeure. Après douze ans de procédure, c’est la première fois qu’un tribunal français rend un jugement sur le fond de l’affaire Borrel. Deux hauts fonctionnaires de Djibouti ont été reconnus coupables par le tribunal correctionnel de Versailles de "subordination de témoins", après le meurtre du juge français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti.

L’un est procureur de Djibouti, l’autre chef des services secrets de ce petit pays à l’est de l’Afrique. Tous deux ont été reconnus coupables par le tribunal correctionnel de Versailles d’avoir tenté d’entraver l’enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel, en 1995, par "subordination de témoins".

Au cœur de leur condamnation : le témoignage d’un ex-membre de la garde présidentielle djiboutienne. Cet homme a affirmé devant la justice française avoir entendu, le jour de la mort de Bernard Borrel, cinq hommes rendre compte de la mort du "juge fouineur" à l’actuel président de Djibouti – qui était alors directeur de cabinet du président.

Un témoignage qui vaut 3 millions d’euros

Djama Souleiman, le procureur, a été reconnu coupable d’avoir offert 3 millions d’euros et un poste diplomatique à ce témoin, pour qu’il se rétracte. Il a été condamné à 18 mois de prison ferme.

Quant à Hassad Saïd, le chef des services secrets, il a été condamné à un an de prison ferme : il a soudoyé l’ex-chef de la garde présidentielle pour qu’il rédige chez un notaire une attestation discréditant le témoin.

Ni Djama Souleiman ni Hassad Saïd n’étaient pas présents à l’audience. Un mandat d’arrêt international a été délivré à leur encontre. Leur avocat a indiqué qu’il ferait appel du jugement.

Le corps en partie calciné du magistrat avait été retrouvé en 1995 en contrebas d’un ravin à 80 kilomètres de Djibouti où il travaillait, dans le cadre de la coopération, auprès du ministre de la Justice.

La thèse d’un suicide a longtemps été privilégiée avant que des expertises n’orientent l’enquête vers un homicide.

Céline Asselot avec agences