29/03/08 (B441) Romandie News avec AFP : Somalie: les humanitaires de plus en plus dépourvus devant « la crise »

NAIROBI – L’aggravation « dramatique » de la « crise » en Somalie restreint de plus en plus les possibilités d’aide humanitaire dans le pays, ont alerté mercredi quarante organisations spécialisées dans un communiqué commun.

« La crise dans laquelle est plongée la Somalie s’est dégradée de façon dramatique, et l’accès aux populations qui ont besoin d’aide continue à se restreindre », affirment les organisations signataires, dont Oxfam et Visions du monde.

Ces organisations, qui avaient déjà averti en octobre dernier d’une « menace de catastrophe humanitaire », citent aujourd’hui « 360.000 nouveaux déplacés et 500.000 personnes supplémentaires sans autres ressources que l’aide humanitaire ».

« Les attaques, certaines mortelles, contre les travailleurs humanitaires, le pillage de ravitaillement et les violations des lois internationales par l’ensemble des parties en conflit rendent deux millions de Somaliens dépendants d’une aide humanitaire vitale », expliquent-elles.

« Il y a maintenant plus d’un million de personnes déplacées à l’intérieur de la Somalie. Le conflit intense à Mogadiscio continue à chasser de chez eux une moyenne de 20.000 habitants chaque mois », souligne le communiqué.

Le Premier ministre somalien Nur Hassan Hussein a admis la réalité de la crise. « Quand quelqu’un souffre et que l’aide ne lui parvient pas facilement, on peut appeler ça (une crise humanitaire). Mais il existe plusieurs degrés dans une crise et celle-ci n’est pas si dramatique », a-t-il déclaré à la presse.

La crise humanitaire « continuera à s’aggraver, en l’absence d’une solution politique à la crise actuelle », conclut le communiqué.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, doit présenter cette semaine un rapport sur la Somalie au Conseil de sécurité.

Le Conseil a commencé jeudi dernier à discuter d’un retour graduel de l’ONU en Somalie, qui pourrait aboutir à terme, sous certaines conditions, à « un processus politique viable et non exclusif et un accord de cessation des hostilités », ainsi qu’au déploiement d’une opération de maintien de la paix de 28.500 soldats et policiers.

Les discussions ont porté sur plusieurs scénarios envisagés Ban Ki-moon, après l’envoi sur place d’une équipe de planificateurs, pour éventuellement substituer une opération de l’ONU à l’actuelle force de l’Union africaine (Amisom) et permettre le départ des troupes éthiopiennes du pays.

« Nous ne sommes pas près à déployer une force de maintien de la paix », a toutefois déclaré à la presse la semaine dernière l’ambassadeur américain à l’ONU, Zalmay Khalilzad.

Mogadiscio est le théâtre d’attaques meurtrières constantes depuis la débâcle en décembre 2006-janvier 2007 des milices islamiques, qui ont perdu les régions sous leur contrôle dans le sud et le centre du pays au cours d’une offensive des troupes éthiopiennes venues soutenir le gouvernement de transition somalien.

L’Amisom est déployée depuis mars 2007 à Mogadiscio mais est en sous-effectif et sous-financée. Selon M. Ban, elle compte actuellement quelque 2.300 membres originaires d’Ouganda et du Burundi. Son mandat prévoit au total 8.000 hommes.

L’UA et certains membres du Conseil de sécurité souhaitent que l’ONU prenne le relais de l’Amisom.