12/04/08 (B443) La dépêche du Midi : Somalie. Le propriétaire du bateau a payé la rançon. Les militaires en auraient récupéré une partie. / Libérés pour deux millions de dollars

DDM Extraits : Jean-Louis Georgolin, chef d’état-major des armées, a admis le versement d’une rançon, mais a certifié qu’il ne s’agissait pas « d’argent public ».

Une partie de la rançon aurait d’ailleurs été récupérée lors de l’opération qui a suivi la libération, et qui aurait abouti à l’interpellation de six pirates et au décès de trois autres.

D’âpres négociations, par radio, ont d’ailleurs été menées entre l’armateur et les pirates.

Des pêcheurs somaliens, des gens du pays : les pirates ont été capturés une heure après la libération de l’équipage, hier, alors qu’ils avaient regagné la terre ferme.

Selon Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées, les preneurs d’otage « ont été pistés ».

Mission accomplie : la trentaine de membres d’équipage du Ponant, dont 22 Français, a été libérée hier matin. A quel prix ? Jean-Louis Georgolin, chef d’état-major des armées, a admis le versement d’une rançon, mais a certifié qu’il ne s’agissait pas « d’argent public ».

« C’est l’armateur qui a payé », confie une membre des familles des ex-otages.

La somme de deux millions de dollars a été avancée. Le propriétaire du bateau s’est refusé à confirmer : « c’est un processus très délicat et difficile, il ne faut retenir que le résultat. »

« des sacs intéressants »

Une partie de la rançon aurait d’ailleurs été récupérée lors de l’opération qui a suivi la libération, et qui aurait abouti à l’interpellation de six pirates et au décès de trois autres. « Les militaires ont récupéré quelques sacs intéressants lors de l’intervention… », lâche Jean-Louis Georgelin.

D’âpres négociations, par radio, ont d’ailleurs été menées entre l’armateur et les pirates. La libération des otages a ainsi été réalisée, comme prévu, sans intervention armée. Ce n’est qu’après que les militaires ont lancé l’assaut, validé par le Président somalien : « lui-même souhaitait une intervention, car la population locale souffre de cette piraterie », confie Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de l’Élysée.

Nicolas Sarkozy a profité de l’occasion pour proposer une initiative internationale de lutte contre la piraterie maritime ; elle sera proposée au Conseil de sécurité de l’Onu dès la semaine prochaine. Le président français, qui a exprimé « sa profonde gratitude aux forces armées françaises et à tous les services de l’État », a mal vécu l’incertitude entourant le sort des otages.

Une fois libérée, la trentaine de membres d’équipage du Ponant a immédiatement été prise en charge par la marine nationale.

Le convoi s’est mis en route pour Djibouti. « C’est une question de jours avant qu’ils n’arrivent à Djibouti, d’où ils repartiront ensuite pour la France », indique un négociateur.

« On va organiser leur retour en France dès que possible », avait indiqué plus tôt dans la journée Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Le Ponant, lui, est attendu mardi à Djibouti, qui abrite la plus grande base militaire française à l’étranger.
——————————————————————————–

Et maintenant,la polémique

Des pêcheurs somaliens, des gens du pays : les pirates ont été capturés une heure après la libération de l’équipage, hier, alors qu’ils avaient regagné la terre ferme.

Six d’entre eux auraient été interpellés, trois autres tués : l’information a été démentie par l’Élysée, mais confirmée par le gouverneur de la région : « je peux confirmer que trois cadavres ont été ramassés. Huit autres personnes ont été blessées, et huit autres emmenées par les Français. »

L’intervention armée a été rendue possible grâce aux nombreuses forces militaires françaises présentes sur place : quatre hélicoptères, une cinquantaine de commandos, une douzaine de membres du Gign, deux navires de la Marine nationale.

L’hélicoptère a attendu le départ des pirates du Ponant pour lancer l’assaut.

Selon Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées, les preneurs d’otage « ont été pistés ». Une course-poursuite a permis aux forces françaises d’intercepter un véhicule à bord duquel s’enfuyaient six pirates. Des « tirs de sommation et d’interception ont eu lieu, pas des tirs directs sur les pirates ».

Les Somaliens interpellés seront bientôt remis à la justice française. Ils pourraient être inculpés pour enlèvement, séquestration, violences avec armes. Ces hommes du pays sont de modestes paysans et pêcheurs. Leurs opérations de piraterie étaient destinées à leur procurer de substantielles sources de revenus.

Ils ont, semble-t-il, agi au jour le jour. La prise d’otage du Ponant ne s’est décidée qu’au dernier moment, au passage du bateau. Le plan des pirates était clair : négocier une rançon, et s’enfuir sur la terre ferme une fois la somme en poche.

C’est ce qu’il s’est effectivement passé. Les pirates ont tenu en otages les 22 Français, les six Philippins, une Ukrainienne et un Camerounais. Ont touché la rançon et libéré les otages. Puis se sont enfuis.

L’armée française les a rattrapés.