12/04/08 (B443) Le Monde : Ethiopie-Erythrée: Ban propose des options pour l’avenir de la Minuee

Le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, a proposé vendredi plusieurs options, incluant une dissolution pure et simple, pour tenter de sortir la Mission de l’ONU en Ethiopie et Erythrée (Minuee) de l’impasse où elle se trouve du fait des restrictions que lui impose Asmara.

Dans un rapport au Conseil de sécurité, M. Ban constate que la Minuee est « dans une situation critique » après avoir dû évacuer d’Erythrée, en principe temporairement, ses personnels et leurs équipements.

Cette décision a été prise à la suite de multiples tracasseries infligées à la Minuee par l’Erythrée, incluant des restrictions d’approvisionnement en carburant.

Cette pénurie de carburant paralysait les moyens de la Minuee, aériens notamment, et l’empêchait d’accomplir son mandat, qui consiste à surveiller la frontière litigieuse avec l’Ethiopie, où se font face 200.000 soldats des deux pays.

Dans son rapport, M. Ban envisage la dissolution de la Minuee, « avec pour conséquence qu’il n’y aurait plus de présence de maintien de la paix de l’ONU dans la région ».

Le retrait éventuel de la Minuee fait craindre un nouveau conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie, qu’une guerre frontalière a opposées de 1988 à 2000, faisant au moins 80.000 morts, et dont les relations sont très tendues.

La Minuee, créée en 2000, comptait un peu plus de 2.000 personnels, dont environ 1.200 étaient basés en Erythrée avant leur évacuation.

Une autre option moins radicale consisterait à déployer le long de la frontière « une petite mission d’observation chargée de désamorcer les tensions entre les armées des deux pays et d’observer la situation pour la communauté internationale ».

La dernière option envisagée consisterait à « ouvrir à Asmara et Addis Abeba des bureaux de liaison dotés de personnels civils et militaires et chargés de maintenir la capacité de l’ONU à aider les parties à appliquer la décision de la Commission du tracé de la frontière ».

Aux termes de l’accord d’Alger de 2000 qui avait mis fin à la guerre, les deux pays s’étaient engagés à accepter le tracé de la frontière qu’établirait une commission indépendante. Celle-ci a remis son tracé mais l’Ethiopie refuse de l’appliquer, revendiquant la région de Badme attribuée par la commission à l’Erythrée.

Cette dernière reproche à l’ONU de prendre parti pour l’Ethiopie en ne la contraignant pas à appliquer l’accord d’Alger, d’où ses mesures de représailles contre la Minuee.