21/04/08 (B444) France-Soir : Djibouti – La base française reste stratégique (Info lecteur)

Maud Guillaumin,

Le ministre de la Défense a réaffirmé jeudi la volonté de Paris de poursuivre sa coopération avec les autorités djiboutiennes, en particulier dans le domaine de la défense.

L’affaire du Ponant a permis à la France « de tirer des enseignements », selon Hervé Morin. Lors de sa visite jeudi dernier à Djibouti, le ministre de la Défense a souligné que « la présence française sur tous les océans et les forces positionnées à des endroits stratégiques ont permis de réaliser cette opération avec succès, comme cela a aussi été le cas au Tchad. Cela nous différencie de la plupart des pays du globe ».

Une différence que la France espère bien préserver à Djibouti. Reçu par le président Ismaïl Omar Guelleh, Hervé Morin a d’ailleurs réaffirmé « la volonté de la France de continuer à coopérer avec la République de Djibouti » dans différents domaines et en particulier dans le domaine de la défense, soulignant l’importance de la présence française à Djibouti et affirmant qu’elle serait maintenue.

Terrain de jeu

Si la convention de 2003, signée pour une durée de dix ans, inscrit cette présence militaire dans la durée, les forces françaises de Djibouti (FFDj) savent qu’elles pourraient bientôt se retrouver « hors jeu » dans la Corne de l’Afrique. La protection extérieure accordée dans le cadre de la convention n’a plus la même porté. Depuis 2002, les Américains ont eux aussi une base qui compte plus de mille GI. Autre danger, économique cette fois : l’influence de Dubaï qui vient là aussi perturber l’hégémonie française.

Grâce à la progression des échanges commerciaux avec la Chine et les investissements directs à l’étranger en provenance des pays arabes (Dubaï et Arabie saoudite), Djibouti a connu un regain de croissance économique de plus de 5 % en 2007. Si la France reste le premier bailleur de fonds, sans compter les dépenses liées à la présence des 2.800 militaires sur place, la concurrence se fait sentir.

Et les 30 millions d’euros versés en contrepartie de l’utilisation de son « terrain de jeu » ne suffiront peut-être plus dans quelques années. Or, stratégiquement parlant, Djibouti reste un terrain d’entraînement crucial pour les Français. Un terrain désertique ressemblant à l’Afghanistan, sans entrave pour s’exercer à des opérations maritimes, terrestres et aériennes.

La machine a d’ailleurs réagi parfaitement lors de la libération des otages du Ponant.

La France a profité de ses forces prépositionnées à Djibouti et a pu utiliser ses bases permanentes pour réagir vite. Un choix coûteux mais qui, selon l’état-major, s’est révélé une nouvelle fois indispensable.