03/05/08 (B446) LE MONDE : Litige frontalier Djibouti-Erythrée: l’UA appelle à une « retenue maximale »

L’Union africaine (UA) a appelé vendredi l’Erythrée et la République de Djibouti à « une retenue maximale » dans la crise frontalière qui les oppose depuis deux semaines, selon un communiqué transmis à l’AFP.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA (CPS), qui s’est réuni vendredi à Addis Abeba, « a exhorté les deux pays à faire preuve d’une retenue maximale et à régler tout différend qui pourrait les opposer à travers le dialogue et sur la base des principes énoncés dans l’Acte constitutif de l’UA (…), y compris le respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance et la promotion du bon voisinage », selon le communiqué.

« Le Conseil a encouragé la Commission (de l’UA) à rester en contact étroit avec les deux pays et à suivre l’évolution de la situation afin de prendre toute action qui serait jugée appropriée, y compris l’envoi, en temps utile, d’une mission pour évaluer la situation sur le terrain et entreprendre des consultations avec les autorités compétentes des deux pays », ajoute l’UA.

Le CPS indique qu’il a été saisi de cette crise par une « lettre envoyée au Conseil, le 24 avril 2008, par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République de Djibouti au sujet de la situation à la frontière entre les deux pays ».

Egalement saisie par les autorités djiboutiennes, la Ligue arabe doit examiner dimanche ce litige frontalier au niveau de son « Conseil de paix et de sécurité arabe » qui regroupe cinq pays membres: Arabie saoudite, Soudan, Algérie, Tunisie et Djibouti.

La tension entre l’Erythrée et Djibouti fait suite à une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes en territoire djiboutien, dans la région frontalière de Ras Doumeira (nord de Djibouti).

Djibouti et l’Erythrée se sont opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone située aux portes de la mer Rouge.

Dans un communiqué publié le 30 avril, le ministre des Affaires étrangères djiboutien, Mahmoud Ali Youssouf, avait annoncé que son gouvernement « a décidé de saisir la communauté internationale pour l’envoi d’une mission d’enquête et d’évaluation en vue de trouver une issue au différend frontalier entre Djibouti et l’Erythrée ».

Selon M. Youssouf, Djibouti « usera de toutes les voies diplomatiques tant au niveau régional qu’international pour trouver une solution pacifique » à cette crise.

Asmara a démenti avoir des visées territoriales sur Djibouti et évoque seulement un « malentendu » quant à un « no man’s land de 3 à 5 km » de chaque côté de la frontière pris en compte par les Djiboutiens, mais dont l’Erythrée affirme n’avoir jamais eu connaissance.

L’Erythrée entretient également une grave dispute frontalière avec l’Ethiopie voisine ayant débouché sur une guerre entre 1998-2000 qui a fait au moins 80.000 morts.