09/05/08 (B446-B) LE MONDE : Crise Djibouti/Erythrée: « une situation compliquée » selon Omar Guelleh

Le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh juge « compliquée » la crise frontalière entre son pays et l’Erythrée voisine, affirmant que « les deux armées se font face », selon un communiqué de la présidence transmis vendredi à l’AFP à Addis Abeba.

« Il y a une action inamicale qui nous pose des problèmes réels car celle-ci constitue une violation flagrante de notre intégrité territoriale, de nos frontières », a estimé le président dans le communiqué.


Caricature de Roger Picon pour l’ARDHD
« Nous sommes dans une situation assez compliquée parce que les deux armées se retrouvent face à face. Nous constatons quand même qu’il n’y a pas eu jusqu’ici une volonté de mener une guerre contre nous de la part de nos voisins ».

Il rappelle que les autorités djiboutiennes ont « constaté des travaux importants qui ont été effectués, nous avons discuté avec le président érythréen (Issayas Afeworki) qui semble ne pas comprendre que son armée se trouve sur notre territoire ».

« Les faits sont là et nous avons demandé l’arbitrage des instances régionales et internationales », a précisé le chef de l’Etat djiboutien, estimant que toutes les revendications de l’Erythrée peuvent être étudiées « par des voies légales ».

« Mais ils viennent, ils s’installent chez nous et ils disent qu’ils sont chez eux. Voilà comment ça s’est passé. Moi je dis qu’ils ne sont pas chez eux », a-t-il ajouté. Si les voies diplomatiques échouent à résoudre la crise, « nous serons obligés de défendre notre pays et notre souveraineté nationale car c’est ma mission ».

La tension entre l’Erythrée et Djibouti fait suite à une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes en territoire djiboutien. Les deux pays se sont opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.

La République de Djibouti a saisi la Ligue Arabe, l’Union africaine (UA) et l’ONU de cet incident, et la Ligue arabe doit envoyer prochainement une mission d’information dans la région de Ras Doumeira (nord), une zone stratégique aux portes de la Mer Rouge, située sur la frontière entre les deux pays.

Asmara a démenti avoir des visées territoriales sur Djibouti et évoque seulement un « malentendu ».

L’UA avait appelé vendredi l’Erythrée et la République de Djibouti à « une retenue maximale » dans cette crise.

L’Erythrée entretient également une grave dispute frontalière avec l’Ethiopie voisine ayant débouché sur une guerre entre 1998-2000 qui a fait au moins 80.000 morts.