13/06/08 (B452) Que s’est-il vraiment passé à Ras Doumeira ? Le régime de Guelleh a-t-il pris du gros plomb dans l’aile ? (ARDHD)

Il est encore difficile de connaître la vérité. Comme toujours, la communication, particulièrement en temps de guerre, est à prendre avec beaucoup de précaution. Guelleh affirme de son côté que les forces djiboutiennes ont repoussé les Erythréens et qu’il n’y aurait eu qu’une poignée de militaires djiboutiens blessés ou tués. Certainement beaucoup de mensonges !

Sur les pertes, le bilan officiel djiboutien est certainement faux. Les témoins ont vu des rotations incessantes d’hélicoptères sanitaires français, qui ramenaient des blessés. L’hôpital Bouffard affiche complet… De nombreuses familles attendaient avec anxiété devant les hôpitaux pour savoir si leur proche avait été tué ou blessé. Quand aux tués, ils ont d’abord été enterrés sur place et l’Armée française rapatrie des corps. Connaîtrons-nous un jour le nombre exact de ces victimes envoyées à la boucherie par Guelleh. Certaines sources parlent de plus de 200 morts et plus de 500 blessés dans les différentes zones de combat, sans compter de nombreux prisonniers.

Sur les positions stratégiques. Il paraît impossible que les forces djiboutiennes (entre 2 et 5.000 hommes) aient pu enfoncer les lignes érythréennes évaluées à 20 / 25.000 hommes, même avec l’assistance logistique de la France qui a fourni des renseignements précieux…

Sur l’origine des combats. La communication officielle a parlé d’un soldat déserteur érythréen, puis d’une vingtaine … Bizarre. Selon d’autres sources, les combats auraient été initiés par les Djiboutiens, à la date choisie par eux, pour deux raisons principales :
– impliquer la France, au titre des accords de défense,
– éviter des mutineries au sein des troupes djiboutiennes….

Par ailleurs on sait que les Ethiopiens s’étaient positionnés pour participer aux combats afin de défendre les deux corridors qui relient le port de Djibouti à Addis Abeba. Aux dernières nouvelles et afin d’éviter un affrontement érythréo-éthiopien sur le sol de Djibouti, la France les aurait stoppés en leur garantissant qu’elle prenait en charge la défense de ces corridors.

On dit aussi que la majorité des victimes djiboutiennes serait tombée sous les tirs d’un bâtiment érythréen, que l’Etat-Major de Fathi / Zakaria n’avait pas vu arriver. Certains prétendent que la bâtiment aurait été coulé par la suite, mais rien n’est sur. Si c’était le cas, par la marine djiboutienne ? Pas très crédible ! Mais sinon par qui ? Par un bâtiment français qui croise dans les parages ??? Pas impossible du tout.

Maintenant comment voit-on la suite ?

Les Français ne sont certainement pas pressés de soutenir un ingrat qui clamait qu’il n’avait plus besoin d’eux. En plus ils n’ont certainement aucune envie de se battre contre l’Erythrée, d’autant plus que cela pourrait avoir des répercussions, peut-être même jusque sur le territoire national, en exacerbant la fierté des islamistes et des envies d’attentat ….

Par sécurité, ils se sont positionnés en force (13ème DBLE) à Moulhoulé près de la frontière Djibouto-erythréenne et ils assurent officiellement le soutien logistique, sanitaire et de renseignements de l’AND, comme cela a été confirmé par le Colonel Ducret des FFDJ.

De leur côté, les Américains soutiennent les Ethiopiens mais uniquement pour leurs opérations en Somalie … Pour le moment, même s’ils sont hostiles aux visées et à l’influence érythréenne, comme les Français, ils préférent rester prudents et éviter des affrontements avec l’Erythrée. N’oublions pas que l’Armée érythréenne (200.000 hommes sous les drapeaux) est l’une des plus importantes et des mieux entraînés d’Afrique.

Il faudrait certainement employer des moyens considérables pour la faire plier, que ni la France ni les USA n’ont à disposition à Djibouti.

La suite la plus probable serait une action diplomatique de la France (avec l’Egypte ?) auprès des Erythréens pour leur conseiller de stopper leurs ambitions et de retourner chez eux. Cela suffira-t-il ? Pas, si cette action contre Djibouti doit servir une stratégie plus large de l’Erythrée, destinée à priver l’Ethiopie de ses principales sources d’approvisionnement par mer et à les contraindre à diviser leurs forces. On parlera, on acceptera des compromis, mais les Eythréens n’en feront qu’à leur tête au final.

De son côté et à court terme, Guelleh a certainement évité des révoltes dans les casernes et il conserve encore son trône. Peu lui importe le nombre des victimes et des morts. Le sort du peuple n’a jamais fait partie de ses préocupations … il a simplement évité l’incorporation des enfants de Paulette et de ses principaux « obligés » qui sont partis se mettre à l’abri à l’étranger, bien avant les premiers coups de feu. (Ce point accrédite la thèse selon laquelle, c’est Djibouti qui aurait déclenché les hostilités)

Quoi qu’il puisse prétendre, à cette occasion, le régime a reçu du gros plomb dans l’aile … Le début de la chute ? On en parle depuis si longtemps qu’il est difficile de le prédire à l’instant ! Pourtant c’est possible, car le Peuple n’aime jamais les perdants. La bataille de Ras Doumeira sera certainement considérée dans l’histoire comme une défaite de Guelleh et de l’Etat-Major djiboutien plus concerné par ses intérêts personnels que par la défense du pays.

Certes, Guelleh a évité la capitulation de ses troupes, mais uniquement dit-on,  grâce à une intervention diplomatique et énergique de la France auprès de l’Eythrée … qui a abouti à un simpe cessez-le feu fragile de 48 ou 72 heures sans restitution des positions acquises sur le terrain.

Pour Guelleh, rien ne sera plus comme avant, car à notre avis, il devra accepter de composer avec la France, qui espérons-le, échangera son assistance militaire, médicale et diplomatique, contre des garanties sur une évolution démocratique et sur le renforcement du contrôle des aides et subventions et … ne rêvons pas, une collaboration judiciaire transparente pour aider la justice française à identifier les coupables de l’assassinat du Juge Borrel.

Acceptera-t-il de se couper aussi facilement « un bras » ? Pas sur !
L’ultime épisode pourrait être son départ vers un pays qui lui garantirait de ne pas l’extrader, en cas de demande de la France …