15/06/08 (B452) AFP : ADDIS ABEBA (AFP) – Six pays d’Afrique de l’Est condamnent l’attaque érythréenne contre Djibouti.

Six pays d’Afrique de l’Est ont condamné samedi « l’attaque » de l’Erythrée contre l’armée de Djibouti mardi à la frontière et appelé urgemment au dialogue, s’alarmant de cette nouvelle crise ouverte dans une région déjà ravagée par les tensions et le conflit somalien.

« Le sommet exprime sa profonde préoccupation face à la récente attaque militaire menée par les troupes érythréennes à la frontière entre Djibouti et l’Erythrée », déclare le communiqué final du 12e sommet de l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) à Addis Abeba.

L’organisation regroupe aujourd’hui Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie et le Soudan. L’Erythrée y a suspendu sa participation en avril 2007, accusant le bloc de soutenir l’Ethiopie dans leur différend frontalier.

Le sommet « condamne l’action des troupes érythréennes qui a provoqué des morts et des blessés » et « lance un appel aux deux parties, en particulier l’Erythrée, pour qu’elles fassent preuve d’un maximum de retenue et recourent à des moyens pacifiques pour résoudre la crise », ajoute le communiqué.

Des échanges de tirs nourris ont eu lieu mardi entre troupes érythréennes et djiboutiennes à Ras Doumeira, à 120 km au nord de la ville de Djibouti, faisant 9 morts côté djiboutien, selon le haut commandement militaire djiboutien. L’Erythrée n’a fourni aucune indication sur ses pertes.

La tension entre l’Erythrée et Djibouti était très forte depuis une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes vers Ras Doumeira, zone désertique sur les rives de la mer Rouge.

Les chefs d’Etats de l’Igad ont tous exprimé leur inquiétude face à l’émergence de ce nouveau conflit dans la Corne de l’Afrique, région explosive déjà ravagée par le différend frontalier entre l’Ethiopie et l’Erythrée, et la guerre qui ravage la Somalie depuis 1991.

« Je prend note avec une grave préoccupation de la situation qui prévaut le long de la frontière entre Djibouti et l’Erythrée », a indiqué le président de l’Igad, le Kényan Mwaï Kibaki.

« Je demande instamment aux Etats frères de Djibouti et de l’Erythrée d’exercer de la retenue et de résoudre amicalement la dispute par le dialogue », a-t-il ajouté.

Le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Jean Ping, a pour sa part jugé « regrettable de constater (…) que la République de Djibouti est confrontée à une crise d’une extraordinaire gravité à sa frontière avec l’Erythrée ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU avait également condamné jeudi l’attaque d’Asmara, exhortant « les deux parties, en particulier l’Erythrée, à faire preuve d’un maximum de retenue et à ramener leurs forces à leurs positions d’avant l’incident ».

Le Commissaire européen au Développement et à l’aide humanitaire, Louis Michel, présent au sommet, a quant à lui insisté sur la nécessité de faire revenir l’Erythrée dans l’organisation régionale.

« L’Igad ne peut se permettre d’avoir une Erythrée isolée, et l’Erythrée ne peut se permettre de s’isoler de ses voisins de la Corne », a-t-il estimé.

Depuis des années, Djibouti tente d’échapper aux conflits qui minent ses trois voisins: Somalie, Erythrée et Ethiopie, dont la quasi totalité des importations transite par le port de Djibouti.

L’Ethiopie et l’Erythrée sont en état de quasi belligérance permanente depuis leur guerre frontalière de 1998-2000. Addis Abeba et Asmara s’opposent également en Somalie.

L’armée éthiopienne soutient le gouvernement somalien, tandis que l’Erythrée appuie l’opposition, dominée par les islamistes, qui a formé il y a un an à Asmara une nouvelle coalition, l’Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS).