05/07/08 (B455) Portail des Sous-Marins : La crise politique en Somalie n’aide pas la lutte contre la piraterie.
Les tensions entre les différents groupes politiques désireux de contrôler la Somalie ont gravement compromis les efforts de sécurité, y compris les initiatives visant à charger des forces privées et étrangères de patrouiller le long de la côte.
La lutte violente pour contrôler les villes de Somalie ne montre aucun signe de diminution, le contrôle du gouvernement transitoire sur les villes côtières et les ports est au mieux faible.
Cela n’a pas empêché le gouvernement transitoire de négocier des accords avec l’ONU et des firmes de sécurité privées dans le cadre de la lutte contre la piraterie.
Sans une marine opérationnelle, les pirates bénéficient d’un accès sans limite aux eaux territoriales somaliennes.
Des attaques répétées sur les cargaisons de nourriture et les travailleurs humanitaires ont contribué à faire empirer la situation humanitaire dans le pays.
Plus inquiétant pour le gouvernement transitoire, son échec à contrôler la violence a compromis sa stature politique, déjà affaiblie par la perception qu’il est un outil de l’influence étrangère, en particulier éthiopienne.
Jusqu’à présent, le gouvernement transitoire a publiquement démenti son rôle dans l’embauche d’une compagnie française pour assurer la sécurité le long des côtes du pays.
La force privée serait chargée de créer des gardes-côtes et de patrouiller dans les ports. Certains articles suggèrent qu’elle serait même autorisée à utiliser la force mortelle.
L’accord fait face à de vives critiques, forçant les responsables du gouvernement transitoire à expliquer que l’accord avait été négocié et payé par les Etats-Unis et l’ONU, et que le gouvernement transitoire n’avait donné qu’un accord passif.
Les responsables de l’opposition s’opposent aussi au soutien du gouvernement transitoire à la résolution du Conseil de Sécurité qui autorise les marines étrangères à entrer dans les eaux territoriales somaliennes pour combattre les pirates.
Beaucoup doutent publiquement de l’intention affichée par la coalition internationale. Selon eux, elle participe à un effort plus large visant à exploiter les ressources somaliennes et à pratiquer la pêche illégale.
Certains groupes islamiques ont promis d’attaquer les patrouilles étrangères.
Bien qu’ils ne disposent pas des moyens leur permettant de menaces les forces en haute-mer, la collaboration avec les groupes criminels et les pirates pourrait conduire à des attaques terroristes sur les navires naviguant dans la région.
A ce jour, la coopération entre les groupes politiques islamistes et les pirates au large de la Somalie a été exagérée.
En effet, pendant leur bref règne en 2006, les islamistes ont fait diminué le taux de crime et de piraterie dans le pays.
Le contrôle qu’ils conservent maintenant sur certaines portions du littoral sud pourrait avoir un effet similaire.
Ironiquement, cela repousse les pirates vers le nord, en particulier dans la région semi-autonome, et comparativement plus calme, du Puntland.
Le gouvernement régional est un proche allié du gouvernement transitoire. Il est tout aussi critiqué pour sa faiblesse dans la lutte contre l’augmentation sans précédent de la piraterie, les enlèvements et le crime organisé. Cette année, la majorité des attaques de pirates au large de la Somalie s’est produite le long de la côte du Puntland.
Les forces de sécurité, mal ou pas payées, se joignent maintenant aux pirates et aux groupes criminels, aggravant le problème.
A cause des élections régionales prévues pour janvier 2009, les responsables du Puntland rejettent les accusations. Des ministres ont critiqué les propriétaires de navires qui paient les rançons, ce qui encourage la piraterie, tout en accusant les navires américains de provoquer des tensions le long de la côte.
Pendant ce temps, l’opposition régionale a promis de s’attaquer à la piraterie pendant la première année de mandat, soulignant l’importance de la question pour la population locale.
Espérant écarter une défaite presque certaine dans les urnes, le gouvernement régional a lancé une série très médiatisée d’efforts pour combattre les pirates et les bandes spécialisées dans les enlèvements.
Au début juin, la police et l’armée du Puntland se sont opposées à un groupe de pirates après l’échec des négociations visant à libérer un navire pris en otage au large de la côte. Sept pirates capturés pendant une opération de sécurité en avril dernier ont été jugés par la justice régionales.
De telles mesures sont largement symboliques, puisque les forces régionales de sécurité sont minées par le non-paiement des salaires et les divisions internes. En mars, le ministre de la sécurité du Puntland a démissionné en raison des résistances contre des réformes proposées.
Le chef du service régional de renseignement a aussi refusé de passer sous le commandement des gouvernements régional ou transitoire, alimentant plus encore les accusations que le gouvernement est paralysé par le népotisme et la corruption.