16/07/08 (B456) AfrikLive avec AFP / Somalie: échec des pourparlers de paix entre gouvernement et islamistes

Les pourparlers de paix intersomaliens entre le gouvernement de transition et les tribunaux islamiques, qui contrôlent une partie de la Somalie, ont été suspendus pour une durée indéterminée, ont annoncé mercredi les médiateurs.

Ibrahim Hassan Adow, le chef de la diplomatie des tribunaux islamiques, le 1er novembre 2006 à Khartoum « Il a été établi et accepté d’un commun accord qu’il y avait nécessité de procéder à davantage de consultations sur les questions aussi bien de fond que de forme, de manière à faire progresser le dialogue », ont déclaré les médiateurs dans un communiqué publié à Khartoum.

« Nous appelons les parties somaliennes à exercer une pleine retenue et à s’engager à respecter les précédents accords conclus à Khartoum » en juin et septembre et qui sont régulièrement violés, ont-ils ajouté.

La troisième session de pourparlers de paix intersomaliens aurait dû s’ouvrir lundi dans la capitale soudanaise mais a été bloquée dès le début, les islamistes réclamant le départ des troupes éthiopiennes, présentes selon eux sur le territoire somalien en soutien au gouvernement de transition.

Les islamistes demandaient également le retrait du Kenya comme médiateur dans les négociations, accusant Nairobi d’être proche du gouvernement somalien.

Un compromis, qui aurait consisté à avoir pour médiateur le Soudan, actuel président de la Ligue arabe dont est membre la Somalie, a été rejeté mardi par le gouvernement somalien.

Le communiqué des médiateurs est signé de représentants notamment des Nations unies, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, de l’Union européenne et de l’Organisation de la conférence islamique.

Selon des diplomates, le gouvernement somalien a refusé mercredi une demande des islamistes de reporter les négociations pour permettre à une mission d’enquêter sur la présence ou non de soldats étrangers en Somalie.

L’Ethiopie, qui s’inquiète de la montée en puissance des islamistes, a constamment démenti l’envoi de troupes en soutien au gouvernement de transition, mais a reconnu avoir dépêché des instructeurs militaires à Baïdoa, siège des institutions de transition somaliennes.

De son côté, Asmara a « rejeté fermement » en août les accusations du gouvernement somalien selon lesquelles elle soutiendrait les islamistes et aurait envoyé 2.000 hommes en Somalie.

Les Etats-Unis ont mis en garde lundi l’Ethiopie et l’Erythrée contre la tentation de se mener une guerre « par procuration » en Somalie en attisant les tensions entre le gouvernement de transition et les islamistes.

L’Ethiopie et l’Erythrée entretiennent des relations extrêmement tendues depuis qu’une guerre frontalière les a opposées de 1998 à 2000.

La Somalie, elle, est plongée dans le chaos depuis le début de la guerre civile en 1991. Le gouvernement de transition, mis en place depuis 2004, se montre incapable de rétablir l’ordre, alors que les islamistes ne cessent d’étendre leur influence depuis juin 2006. Ces derniers contrôlent désormais une grande partie du sud et du centre du pays.

Sur le terrain, la tension est restée très vive mercredi: les milices des islamistes somaliens et les troupes gouvernementales ont multiplié les exercices militaires dans le centre de la Somalie, alors qu’une nouvelle ville est tombée mardi aux mains des islamistes.