17/07/08 (B456) AfrikLive avec AFP / Somalie: les islamistes exigent le retrait des troupes éthiopiennes

Les islamistes somaliens qui contrôlent une partie du pays ont exigé vendredi le retrait immédiat des troupes éthiopiennes de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio) où siège le fragile gouvernement de transition, se disant prêts à combattre "l’agression" d’Addis Abeba.

Cheikh Charif Cheikh Ahmed, président du conseil exécutif du Conseil suprême islamique de Somalie à Baïdoa, le 11 juillet 2006 "Nous demandons à l’Ethiopie de retirer sans délai ses troupes et d’arrêter de s’ingérer dans les affaires somaliennes", a déclaré à Mogadiscio cheikh Charif Cheikh Ahmed, président du conseil exécutif du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), qui rassemble les dirigeants des tribunaux islamiques qui ont pris en juin le contrôle de la capitale et de plusieurs provinces du sud.

"Nous demandons instamment à l’Ethiopie d’être juste un bon voisin", a ajouté le dirigeant islamiste.

Dans une allocution diffusée ensuite sur une radio de Mogadiscio, cheikh Charif Cheikh Ahmed a affirmé que "le peuple somalien est prêt à se défendre contre les actes d’agression de l’Ethiopie".

"Ce que les Ethiopiens ont fait est un acte de violence qui sape la souveraineté de la Somalie", a-t-il poursuivi, ajoutant: "nous combattrons et mourrons pour défendre la Somalie d’une attaque éthiopienne".

Des habitants de Baïdoa ont rapporté jeudi l’arrivée de militaires éthiopiens dans la ville, mais le gouvernement de transition somalien a démenti la présence de ces soldats. "C’est de la propagande islamiste", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Mohamed Nur Dinari.

Des habitants de Baïdoa ont cependant signalé vendredi l’arrivée dans la ville de nouveaux véhicules militaires éthiopiens.

"Neuf camions sont arrivés dans Baïdoa tôt vendredi, chargés de matériel pour les soldats éthiopiens", a déclaré Hassan Moalim Ahmed, habitant de la ville joint depuis Mogadiscio, ajoutant: "Il n’y avait pas de soldats (dans les véhicules), mais ils transportaient de la nourriture et du matériel militaire".

Un responsable des services de sécurité du gouvernement de transition a admis, sous couvert d’anonymat, la présence de "quelques officiers éthiopiens pour aider le gouvernement à entraîner ses forces de sécurité".

Leur nombre est limité, selon cette source qui a affirmé qu’il "n’y avait pas de troupes éthiopiennes pour occuper la Somalie".

Fidèle alliée du président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed, l’Ethiopie – qui a déjà ouvertement fait part de son inquiétude sur la progression des islamistes en Somalie – a également démenti avoir dépêché des troupes dans le pays après les déclarations du gouvernement de transition mercredi accusant les islamistes de préparer une offensive contre Baïdoa.

Les dirigeants des tribunaux islamiques ont nié avoir l’intention d’attaquer Baïdoa et accusé à leur tour le gouvernement de transition de chercher à obtenir une intervention militaire éthiopienne.

Les islamistes, qui veulent instaurer la loi coranique (charia) en Somalie, et le gouvernement de transition ont signé le 22 juin à Khartoum un accord de cessation des hostilités et de reconnaissance mutuelle.

Depuis les tensions restent vives entre les islamistes et le gouvernement, qui depuis sa création en 2004 n’a pu établir son autorité sur le pays en guerre civile depuis 1991.