18/07/08 (B456) XINHUA : Somalie : les déplacés dénoncent les crimes contre les agents humanitaires (REPORTAGE)

Par Abdurrahman Warsameh

"L’assassinat d’agents humanitaires n’est pas seulement le meurtre d’hommes innocents, il provoquera la famine à des milliers de civils déplacés par les violences à Mogadiscio", s’indigne Omar Gaal, l’un des déplacés somaliens qui s’installent dans la banlieue de la capitale.

Cinq agentss humanitaires ont été tués en Somalie récemment, le dernier étant un fournisseur du Programme alimentaire mondial (PAM) abattu par des hommes armés non identifiés dans la ville australe de Buale. Au moins quatre autres sont pris en otage par des combattants somaliens.

"Qui que ce soient, ces gens-là (hommes armés) commettent délibérément ces crimes odieux et ont l’intention de tuer les civils innocents qui courent pour leur vie", martèle Omar Gaal.

Il reste toujours inconnu qui est derrière ces assassinats et enlèvements visant les agents humanitaires locaux et internationaux en Somalie. La majorité des groupes armés ont dénoncé ces actes et prennent la distance des auteurs de ces crimes.

L’insécurité dans ce pays, ravagé depuis une dizaine d’années par une guerre civile, a forcé les agences humanitaires à réduire ou suspendre leurs opérations depuis l’escalade des violences contre leurs travailleurs.

Cependant, des centaines de milliers de déplacés séjournant dans la banlieue de Mogadiscio misent sur l’aide humanitaire pour acquérir de la nourriture, de l’eau, des médicaments et d’autres matériaux nécessaires.

Lundi, des centaines de civils se sont encouragés à descendre dans les rues pour protester contre les récents assassinats d’agents humanitaires qui travaillent difficilement dans un pays tourmenté par les violences et l’arnarchie.

"C’est complètement incompréhensible", déclare à Xinhua Ahmed Yousouf, un septuagénaire, "pourquoi il y a des gens qui veulent tuer Osman Ali Ahmed qui travaille tous les jours pour nourrir les personnes dépossédées, faibles et qui ont très faim."

Osman Ali Ahmed, un resposnable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Somalie, a été tué la semaine dernière à la sortie d’une mosquée dans le sud de Mogadiscio.

Pour Sahro Muse, une mère de neuf enfants, vit dans un abris précaire dans le camp de d’Elasha, ces tueries et enlèvements ciblent directement les personnes dépossédées comme elle.

"Si les agences s’arrêtent de fournir de l’aide aux gens vivant dans ces camps qui n’a nulle part à trouver ni de travail ni de nourriture, alors les conséquences réelles sont la famille massive suivie de morts massives", dit Muse, les larmes aux yeux.

"Les agences ont commencé à donner de moins en moins, ces derniers jours. Ils ne peuvent pas venir vous aider. Nous attendons notre Allah", dit-elle.

Quelques déplacés ont même l’intention de rentrer à Mogadiscio qu’ils ont fui il y a deux ans. Pour eux, il vaut mieux rentrer que d’attendre de mourir de faim, et là il y aurait peut-être un miracle.

"Si cela continue encore ainsi, je pense que je ne dois pas attendre que moi et mes enfants nous mourrions de faim, je veux rentrer chez moi et prier Allah qui nous nourrira comme toujours", confie Aisha Elmi, une mère de quatre enfants dont le père est mort l’année dernière.