25/08/08 (B462) LDDH : Lettre ouverte adressée à Lettre à l’International Coalition – Against Enforced Disappearances (Coalition internationale contre les disparitions forcées)



Le Président


Lettre ouverte du 25 août
adressée à la Coalition Internationale
contre les disparitions forcées

_____________________________________ Contexte et présentation

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains soutien sans réserve toutes les démarches pour mettre fin aux disparitions forcées.

Elle regrette le silence du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les crimes contre l’humanité perpétrés par les forces Ethiopiennes contre les populations Somalies.

La Ligue Djiboutinne des Droits Humains (LDDH) ne comprend pas la déclaration d’hier de M.Ould des Nations Unies qui a condamné la libération de la ville de Kismayo par les patriotes Al Shabaab sous le motif qu’elle porte préjudice aux négociations de paix.

Mais de quelle paix s’agit-il alors que le peuple Somalie est sous colonisation.

M. NOEL ABDI Jean-Paul

______________________________ Texte de la lettre

Lettre ouverte à
International Coalition
Against Enforced Disappearances

La disparition forcée est l’une des violations les plus graves des droits de l’homme et constitue un crime international. La personne disparue est privée de tous ses droits et elle est placée hors de toute protection de la loi, entre les mains de ses tortionnaires. La disparition forcée est en elle-même la négation de la dignité humaine. La pratique de la disparition forcée engendre de graves souffrances pour la famille et les proches des disparu(e)s: une éternelle attente du retour de la personne aimée et une incertitude constante quant à son sort constituent une forme de torture pour les mères, pères, épouses, maris, partenaires, fils, filles, frères et sœurs de la personne disparue.

L’enlèvement illicite d’enfants nés pendant la captivité d’une mère victime d’une disparition forcée est un crime particulièrement odieux, qui s’oppose à chaque principe fondamental de l’humanité. La pratique de la disparition forcée bafoue les valeurs fondamentales de l’humanité et les principes de base de l’état de droit, et plus généralement, du droit international.

La disparition forcée remet en cause la notion même de droits de l’homme: elle nie le droit de toute personne à exister, à avoir une identité. La disparition forcée annihile la personne. C’est la pire des faillites de l’Etat, c’est un abus de pouvoir qui permet aux malfaiteurs, tout en commettant des crimes abominables, de piétiner l’ordre public et ses règles.

Malheureusement, la disparition forcée n’est pas une pratique du passé, elle s’étend à toutes les régions du monde. Tous les continents ont connu ou connaissent ce crime. Des individus disparaissent actuellement partout dans le monde. La pratique apparaît et réapparaît de manière intermittente, en conduisant toujours à la négation des fondements de la dignité humaine. La disparition forcée n’est pas seulement un acte criminel commis par des autorités publiques mais elle est également une forme de répression pernicieuse. Dans de nombreux pays, la disparition est une pratique intégrée aux politiques de terreur de la société. Le sentiment d’insécurité généré par cette pratique ne se limite pas aux proches des disparus, mais il affecte également la communauté à laquelle appartient la personne disparue et la société dans son ensemble.

Pour mettre fin aux disparitions forcées et lutter efficacement contre l’impunité – cause principale du maintien de la pratique – la ratification de la convention internationale ainsi que la mobilisation de toutes les énergies contre ce fléau sont tout autant nécessaires.

Depuis 1981, les associations de parents de personnes disparues, des organisations non gouvernementales, des gouvernements et des organisations internationales ont déployé des efforts considérables contre cette pratique honteuse et inhumaine, afin d’obtenir l’adoption d’un traité contre la disparition forcée par les Nations unies. Le 20 décembre 2006, l’Assemblée générale des Nations unies a enfin adopté par consensus la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

La convention comble un vide immense et intolérable: l’absence d’un traité international pour empêcher et supprimer ce crime international et cette violation grave des droits de l’homme. La convention prévoit le droit de ne pas être soumis à une disparition forcée et le droit de la famille du disparu de connaître la vérité.

La convention comporte plusieurs dispositions relatives aux mesures de prévention, d’enquête et de sanction à prendre par les Etats parties ; aux droits des victimes et de leurs proches et à l’enlèvement illégal d’enfants nés en captivité.

La convention contient une disposition sur les obligations de coopération internationale s’agissant de la répression de la pratique et des aspects humanitaires liés à ce crime. La convention établit un Comité sur les Disparitions Forcées, qui aura des fonctions importantes et nouvelles de surveillance et de protection au niveau international. Cette convention, une fois en vigueur, deviendra un outil efficace pour la communauté internationale dans sa lutte contre les disparitions forcées, et enverra également un message politique fort signifiant que cette pratique odieuse ne peut plus être tolérée et doit être supprimée.

Tous les États du monde doivent avoir comme priorité l’entrée en vigueur de la convention et sa mise en œuvre effective. En effet, l’application pleine et entière de ses dispositions constituera une avancée majeure en faveur du renforcement des droits de l’homme et de l’État de droit, au niveau national et international.

En conclusion, le temps est venu pour traduire toutes les déclarations d’intention condamnant ce fléau en actes contre les disparitions forcées. Pour cette raison, la Coalition internationale contre les disparitions forcées appelle tous les États à:

  • Signer et ratifier immédiatement la Convention Internationale pour la Protection de toutes les Personnes contre la Disparition Forcée
  • S’abstenir à émettre des réserves susceptibles d’être incompatibles avec l’objet et le but de la Convention Internationale pour la Protection de toutes les Personnes contre la Disparition Forcée ;
  • Reconnaître la compétence du nouveau Comité sur les Disparitions Forcées pour recevoir et examiner des plaintes individuelles;
  • Mettre en conformité sans tarder la législation nationale pour la mise en œuvre pleine et entière de la Convention Internationale pour la Protection de toutes les Personnes contre la Disparition Forcée

Jean-Paul Noël Abdi
Président de la LDDH
Vice-Président de l’UIDH
pour l’Afriq
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