05/09/08 (B463-B) Ouest France / Somalie : les pirates veulent un million de dollars


Le Burum Ocean, photographié par un avion de la Coalition, est suspecté de servir de base flottante aux pirates équipés de hors-bord. : BIM (Photo OUest France)

Jean-Yves Delanne et sa femme convoyaient le voilier détourné, mardi et qui, hier, faisait route vers le port d’Eyl où mouillent déjà huit navires marchands capturés.

« We are with pirats » (on est avec des pirates) : mardi soir, Jean-Yves Delanne a annoncé une inquiétante nouvelle à sa fille Alizé, qui habite à Tahiti. Le voilier Carré d’as IV, que lui et sa femme Bernadette convoyaient d’Australie en France, venait d’être arraisonné par des pirates somaliens, à 400 km des côtes. « J’ai commencé à paniquer, mais il m’a rassurée. En gros, il m’a dit que tout allait bien se passer et que les pirates étaient plutôt sympas », a raconté la jeune femme, sur Europe 1.

Ancien militaire reconverti dans la plaisance (il a travaillé jusqu’en 2006 pour Tahiti Yacht Service), Jean-Yves Delanne est désormais aux mains d’un groupe qui réclamerait une rançon d’un million de dollars. Hier, le voilier, son équipage et ses ravisseurs faisaient route vers le port d’Eyl, « l’un des fiefs des pirates sur la côte du Putland », selon l’un des responsables du Bureau international maritime (BIM), de Londres. « Selon nos informations, huit navires marchands capturés par les pirates sont déjà au mouillage dans le port d’Eyl.

Nous avons lancé une mise en garde, le 26 août et averti tous les navires qui croisent au large de la Somalie et en mer Rouge que les pirates vont de plus en plus loin pour capturer des bateaux et qu’ils n’hésitent pas à tirer au lance-roquettes. » À la mise en garde du BIM, s’ajoute l’identification d’au moins un « bateau-mère » qui permet aux pirates d’opérer à des centaines de kilomètres au large. Il s’agirait du Burum Ocean, un chalutier de fabrication russe.

Cette prise d’otages est suivie de près par les autorités françaises. Toutefois, « le plan pirate mer n’a pas été déclenché », selon le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, porte-parole de l’état-major des armées, qui précise que les moyens militaires français présents dans la zone, à Djibouti, sont « prêts à remplir les missions qui leur seront confiées ». L’abordage du Ponant, le 4 avril, s’était achevé par la libération des vingt-deux membres d’équipage et la capture de six pirates, lors d’une opération des forces spéciales françaises, le 11 avril.

Philippe CHAPLEAU.