12/09/08 (B464-B) MSF / Yemen – Golfe d’Aden : la tragédie continue

Les 29 corps retrouvés sur une plage au Yémen sont les dernières victimes de la dangereuse traversée du Golfe d’Aden. Depuis 2007, MSF assure les premiers secours sur les plages où débarquent ces réfugiés, en provenance de Somalie ou d’Ethiopie, et a pris en charge le centre de santé du Centre d’accueil d’Ahwar.

Une équipe MSF a découvert huit corps, le 9 septembre dernier, sur la plage de Wadi Al-Barakin, à 30 kilomètres d’Ahwar, au Yémen.

Ces personnes, réfugiés et migrants fuyant la guerre ou l’extrême pauvreté dans la corne de l’Afrique, ont tenté de traverser le Golfe d’Aden. Le même jour, 21 autres corps se sont échoués sur la côte, ramenant le nombre total de morts à 29. Selon les témoignages de survivants, 10 autres personnes auraient trouvé la mort au cours de la traversée.

A 4h30 du matin, l’équipe MSF a été prévenue d’une nouvelle arrivée sur la côte, la septième en neuf jours. En arrivant sur la plage, celle-ci y a trouvé un groupe de survivants ainsi que huit corps sans vie.

Les survivants ont dit aux membres de l’équipe MSF que leur bateau, arrivé au milieu de la nuit, s’était immobilisé trop loin des côtes, en eaux profondes. Les passagers ont alors été violemment poussés à sauter de l’embarcation. La plupart des personnes décédées ne savaient pas nager.

Les survivants ont décrit l’extrême brutalité des passeurs, tout au long de la traversée. Selon leurs témoignages, pas moins de 10 personnes ont trouvé la mort au cours de cette traversée. Plusieurs sont morts d’asphyxie et trois autres, dont deux enfants, avaient été jetés à l’eau par les passeurs. Au début de la traversée, les passagers étaient au nombre de 120.

Ils nous ont menacés avec leurs armes et nous ont forcé à monter à bord. Nous étions 120, entassés, et le voyage a duré deux jours.

Un réfugié somalien

Selon un réfugié somalien âgé de 23 ans et originaire de Mogadiscio :
« A Bossasso (Somalie), les passeurs nous avaient promis de nous conduire au Yémen par petits groupes dans des bateaux récents et rapides, avec, à leur bord, de la nourriture et de l’eau. Mais le bateau s’est avéré être ancien. Ils nous ont menacés de leurs armes et nous ont forcés à monter à bord. Nous étions 120, entassés. Et le voyage a duré deux jours. Nous n’avons reçu ni eau ni nourriture. Certains d’entre nous avaient été placés dans la cale et plusieurs sont morts d’asphyxie, d’autres ont été jetés par-dessus bord. Deux enfants étaient parmi eux. Pour nous intimider, ils nous ont frappé à coup de ceinture. L’un d’eux nous a même arrosés d’essence avant de nous menacer avec son briquet. »

Après avoir reçu les premiers secours sur la plage, les réfugiés se sont rendus au Centre d’accueil de Ahwar où les équipes de MSF ont pu leur donner une assistance médicale et un soutien psychologique.

« Les passagers des six derniers bateaux avaient été traités de façon humaine par les passeurs. Nous avons cru que la tendance avait changé, jusqu’à aujourd’hui, explique Alfonso Verdu, chef de mission pour MSF – Espagne, au Yémen.

Les situations cauchemardesques de 2007 se répètent encore. Ces gens ont enduré des choses terribles. Une femme a perdu ses trois jeunes enfants. Une jeune Ethiopienne a vu son père âgé de 70 ans se faire jeter à l’eau en pleine nuit, et n’a pu retrouver son corps que le lendemain matin.

La majorité d’entre eux nous disent n’avoir pas d’autre choix que de fuir les violences perpétrées contre eux en Somalie et en Ethiopie, et ce, même s’ils ont conscience des dangers de la traversée.

Nous nous attendons à une arrivée massive de réfugiés et de migrants, ajoute Alfonso Verdu, le chiffres de 2008 étant le double de ceux de 2007. Mais ce ne sont pas seulement les chiffres qui augmentent : la violence a triplé depuis début septembre. »