22/09/08 (B466) AFP / Somalie: au moins 29 civils tués par des tirs de mortier à Mogadiscio

Au moins 29 civils ont été tués lundi à Mogadiscio par des tirs de mortier des forces gouvernementales et des insurgés islamistes, selon des habitants, lors de nouvelles violences qui illustrent l’impasse totale du conflit somalien.

Une première série d’obus de mortier, tirés par les insurgés, a fait 10 morts dans la nuit de dimanche à lundi, ont affirmé des témoins.

Les insurgés visaient des bases de la force de paix de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom) dans les quartiers de K-4 et de Jazeera, mais les obus sont tombés sur des maisons, selon les mêmes sources.

« Une mère et ses cinq enfants sont morts lorsqu’un obus a frappé leur maison. Quelques minutes plus tard, deux voisins venus leur porter secours ont été tués par un second obus qui a touché la maison », a raconté à l’AFP un chef coutumier du quartier, Mohamed Hussein.

Dans les environs, deux gardiens de nuit ont également été tués par l’explosion d’un obus de mortier, selon un autre témoin, Hamad Guled.

Le porte-parole de l’Amisom, Baridgye Bahuko, a assuré que la force de l’UA n’avait subi aucune perte.

Quelques heures plus tard, une deuxième série de tirs de mortier, tirés cette fois par les forces gouvernementales selon des habitants, s’est abattue sur le grand marché de Bakara et sur le quartier d’Howlwadag, ont déclaré des témoins à l’AFP.

A Howlwadag, « neuf civils, dont trois enfants, sont morts après que des obus tirés depuis des bases des forces gouvernementales eurent touché trois maisons », a raconté l’un d’eux, Mohamed Aden Ahmed.

A Bakara, « j’ai vu les cadavres de six personnes près du carrefour. Elles ont été touchées par un obus qui est tombé sur le marché », a déclaré un habitant du quartier, Ibrahim Yusuf.

Dans la partie du marché réservée aux marchands de chaussures, « quatre civils, dont une femme, ont été déchiquetés par un obus », a indiqué un autre habitant, Feisal Hashi.

Mogadiscio est le théâtre d’attaques meurtrières quasi quotidiennes depuis la débâcle fin 2006 – face à l’armée éthiopienne venue soutenir les forces du gouvernement de transition somalien – des militants islamistes qui tenaient la majeure partie du centre et du sud du pays, livré au chaos depuis le début d’une guerre civile en 1991.

Des insurgés menés par les islamistes mènent régulièrement des attentats meurtriers, visant en particulier les forces somaliennes et éthiopiennes, l’Amisom et les représentants gouvernementaux.

Huit soldats de l’Amisom ont été tués depuis le début du déploiement de la force de paix africaine à Mogadiscio, en mars 2007.

Toutes les tentatives de parvenir à un règlement négocié du conflit ont fait long feu depuis 1991, livrant la population à une violence généralisée.

Quelque 3,2 millions de Somaliens, soit environ 40% de la population, auront besoin d’une aide humanitaire d’ici la fin de l’année en raison des effets combinés des violences, de l’hyperinflation et de la sécheresse, selon l’ONU.

Le chaos régnant dans le pays favorise également le développement des activités criminelles.

Sur les routes, les convois d’aide internationale sont régulièrement attaqués par des hommes en armes. Six chauffeurs somaliens travaillant pour le Programme alimentaire de l’ONU (PAM) ont ainsi été tués depuis début 2008.

Les enlèvements d’étrangers et de membres d’organisations humanitaires ont augmenté également de façon inquiétante ces derniers mois.

Les ravisseurs exigent généralement des rançons pour libérer leurs otages, à l’instar des pirates qui sévissent au large des côtes du pays.