24/09/08 (B466-B) AFP / Somalie: la population de Mogadiscio sous le feu de l’artillerie, au moins 13 morts

Par Mustafa HAJI ABDINUR

Obus tirés à l’aveuglette qui s’écrasent sur des maisons, duels d’artillerie dans les rues: la population de Mogadiscio a une nouvelle fois été la seule victime de combats qui ont ensanglanté dans la nuit de mardi à mercredi la capitale somalienne faisant au moins 13 morts.

Mercredi matin, alors qu’un calme précaire régnait dans la ville, les habitants de Mogadiscio avaient ramassé treize cadavres de civils tués dans les combats de la nuit, les plus violents recensés depuis longtemps dans la capitale, selon les témoins.

« C’était horrible », a raconté Fartun Moalim Yusuf, dont la soeur a été tuée alors qu’elle fuyait les bombardements: « on est sorties de notre maison pour se réfugier dans un immeuble en béton mais malheureusement cela ne l’a pas sauvée. Elle a été déchiquetée par un obus, avec cinq autres personnes », dont une fillette.

L’hôpital Madina a reçu pendant la nuit une trentaine de blessés, ont indiqué à l’AFP des sources médicales.

Les combats ont opposé les troupes de la force de la paix de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom), qui a engagé des chars dans la bataille de rue, aux insurgés menés par des islamistes.

Ces insurgés ont juré de chasser de Mogadiscio les forces du gouvernement de transition et leurs alliés éthiopiens et refusent toute présence militaire étrangère dans le pays, livré au chaos depuis le début d’une guerre civile en 1991.

Depuis quelques jours, l’Amisom – forte de 3.000 hommes – semble être devenue la cible privilégiée des insurgés.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les insurgés avaient lancé une première attaque au mortier contre deux positions de l’Amisom dans les quartiers de K-4 et de Jazeera. Tous les tirs avaient manqué leurs cibles et les obus avaient explosé dans les quartiers d’habitations. Bilan: 10 morts, tous civils, selon des témoins.

Quelques heures plus tard et en guise de représailles, les forces gouvernementales avaient à leur tour pilonné au mortier des secteurs où les insurgés se terrent. Là encore les tirs ont manqué leurs cibles et les obus sont tombés sur des maisons et le grand marché de la capitale. Bilan: 19 morts, tous civils encore, selon des témoins.

Mercredi, un homme se présentant comme un porte-parole d’un groupe d’insurgés, les moujahidine de Raskamboni, a affirmé que les derniers combats étaient une mesure de représailles à ces tirs.

« C’était une attaque de représailles contre la force africaine et c’était la plus violente jamais lancée contre eux », a affirmé à des journalistes ce porte-parole, Mohamoud Dulyadeyn.

Dès mardi, les « shebabs », faction la plus dure des insurgés, avaient promis d’intensifier leurs attaques contre l’Amisom.

« Nous allons redoubler nos attaques contre les forces de l’Union africaine. La seule option qu’il leur reste est de quitter le pays », a déclaré à l’AFP leur porte-parole, cheikh Muktar Robow.

Livrée à une violence généralisée, sans espoir d’un règlement négocié du conflit, la population n’attend rien d’autre que de nouveaux combats meurtriers.

« Les deux camps sont en train d’affûter leurs épées pour de nouvelles attaques », témoignait mardi une mère de famille de deux enfants, Shamso Mohamed Ali, qui ne voyait d’issue que dans la fuite, comme après chaque déferlement de violences.

Mogadiscio est le théâtre d’attaques meurtrières quasi quotidiennes depuis la débâcle fin 2006 – face à l’armée éthiopienne venue soutenir les forces du gouvernement de transition somalien – des militants islamistes qui tenaient la majeure partie du centre et du sud du pays