29/09/08 (B467) AFP / Somalie: des navires de guerre encerclent les pirates d’un cargo ukrainien.

Des navires de guerre étrangers ont encerclé dimanche, au large des côtes somaliennes, le cargo ukrainien dont se sont emparés des pirates, qui ont réclamé une rançon de 20 millions de dollars pour libérer le bateau qui transporte des chars et de l’armement.

Joint par l’AFP via un téléphone satellitaire, le porte-parole de ce groupe de pirates, Sugule Ali, a affirmé que l’un des membres d’équipage européens pris en otage « était décédé de mort naturelle » dimanche. Il a refusé de préciser la nationalité de la personne décédée.

Cette information n’a pu être confirmée de source indépendante.

Le Faina, dont la cargaison de chars et d’armement était destinée à l’armée kényane, a été capturé jeudi par des pirates au large de la Somalie, alors qu’il se dirigeait vers le port de Mombasa (sud-est du Kenya) avec à son bord 17 Ukrainiens, trois Russes et un Letton.

Selon le ministère ukrainien de la Défense, le cargo transporte notamment 33 chars T-72 de conception soviétique livrés par Kiev dans le cadre d’un contrat de vente d’armements avec le Kenya.

Les pirates étaient encerclés dimanche par trois navires de guerre, selon des sources concordantes. « Nous n’avons pas peur de leur présence, cela ne nous forcera pas à abandonner le bateau et ne nous empêchera pas de réclamer l’argent », a prévenu le porte-parole des pirates.

Il n’était pas possible de connaître dans l’immédiat le pavillon de ces navires de guerre. Les ministères britannique, allemand et français de la Défense ont cependant indiqué à l’AFP que leurs marines n’étaient pas impliquées dans cette opération.

La Russie a elle dépêché la frégate Neustrashimy vers les côtes somaliennes « en raison de l’intensification des attaques perpétrées par des pirates », avait indiqué vendredi la marine russe. Et le Pentagone, qui s’était dit vendredi « préoccupé » par la saisie du cargo, avait affirmé étudier « les options possibles ».

« Les pirates sont en ce moment encerclés près du village de Hinbarwaqo (situé au nord de Harardhere, qui se trouve à 410 km au nord de Mogadiscio) par des navires occidentaux. Ils (les Occidentaux) ont demandé à ceux qui sont responsables de la capture du cargo ukrainien de venir à bord pour entamer des discussions », a affirmé dimanche à l’AFP un chef de tribu qui a demandé à garder l’anonymat.

La région d’Harardhere est dominée par les islamistes qui mènent depuis début 2007 une guerre acharnée contre le gouvernement somalien.

Selon le chef de tribu, les navires occidentaux ont utilisé des porte-voix pour dire aux pirates de ne pas essayer de décharger les marchandises du cargo ukrainien.

Mais les pirates n’ont pas répondu à la proposition de discuter, a-t-il ajouté.

Dimanche, les pirates ont réclamé une rançon de « 20 millions de dollars » (13,6 millions d’euros) pour libérer le cargo et son équipage.

« Nous ne sommes pas des pirates, nous voulons juste protéger nos ressources naturelles marines. Certains pays veulent faire de nos eaux une décharge pour les déchets industriels de l’Ouest », a argumenté M. Ali.

Enfin, le Kenya a affirmé dimanche qu’il n’était pas en contact avec les pirates, mais que des « efforts mutilples » étaient « en cours pour récupérer le navire ».

« Le gouvernement kényan ne va pas s’abaisser à répondre à des terroristes qui se sont emparés d’équipements importants achetés avec l’argent du contribuable », a estimé le porte-parole du gouvernement kényan, Alfred Mutua.

Les côtes de Somalie, pays en guerre civile depuis 1991, sont devenues extrêmement dangereuses ces dernières années pour la navigation en raison d’une recrudescence de la piraterie.

Selon le Bureau maritime international (BMI), au moins 55 bateaux ont été attaqués dans le golfe d’Aden et l’océan Indien depuis janvier 2008 par des pirates somaliens.