02/10/08 (B467-B) L’Africom doit être inauguré le 1er octobre. Ce nouveau commandement américain se consacrera aux relations avec l’Afrique. (Info lectrice)

Par Michelle Austein
Rédactrice

Washington – Après une longue période de préparation, le nouveau commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique dont le président Bush avait annoncé la constitution en février 2007 entrera officiellement en service actif le 1er octobre 2008.

À la veille de son inauguration, la vice-ministre adjointe de la défense chargée des affaires africaines, Mme Theresa Whalen, a déclaré que ce commandement connu sous le nom d’Africom deviendrait l’outil le plus visible des États-Unis au service de leur objectif primordial à l’égard de l’Afrique, à savoir la promotion de leurs relations dans le cadre d’un engagement soutenu.

Il s’agit en particulier, pour ce sixième commandement régional, de renforcer les programmes de coopération militaire et d’autres activités relatives à l’Afrique de concert avec divers organismes fédéraux, notamment l’Agence des États-Unis pour le développement international et le département d’État, et avec l’assistance de partenaires internationaux.

Jusqu’à présent, les responsabilités militaires américaines à l’égard de l’Afrique étaient confusément réparties entre trois commandements qui étaient chargés aussi, respectivement, du Moyen-Orient, de l’Europe et du Pacifique. L’ancien ministre de la défense, M. Donald Rumsfeld, s’était interrogé sur l’efficacité d’une telle dispersion dès son entrée en fonctions en 2001. Ensuite, les évacuations successives de ressortissants étrangers du Libéria ont amené les États-Unis à porter une attention plus particulière à ce continent comptant 53 États et une population estimée à plus de 900 millions d’habitants parlant un bon millier de langues.

Lors d’un entretien avec America.gov, Mme Whalen a déclaré que les relations avec tous ces États seront facilitées du fait de l’attention systématique qu’accordera l’Africom à l’ensemble du continent (à l’exception de l’Égypte) ainsi qu’à ses États insulaires. Elle a notamment évoqué la capacité de l’Africom d’assurer un soutien technique et des programmes de perfectionnement en matière de maintien de la paix à la Force africaine en attente (FAA) de l’Union africaine qui est en train de créer cinq brigades, une pour chacune des régions du continent. Cette initiative cadre bien avec la volonté des États-Unis d’aider les pays d’Afrique à assurer leur sécurité de manière plus autonome.

Selon Mme Whalen, l’Africom sera un instrument plus efficace de sécurisation et de maintien de l’ordre et aidera les divers États africains à s’attaquer à leurs problèmes respectifs, qu’il s’agisse de pauvreté, de famine, d’épidémies, de prolifération d’armes, de piraterie ou de conflit. Toutefois, les restrictions imposées au champ d’action des forces américaines en Afrique n’ont pas changé lors de la création du nouveau commandement. « Le fait que nous ayons établi une nouvelle structure organisationnelle afin de mener à bien notre stratégie de sécurité en Afrique n’a modifié aucune des règles qui gouvernaient les anciennes. »

La haute responsable du ministère de la défense s’est notamment élevée contre l’idée selon laquelle la création du commandement présageait en quelque sorte la « militarisation » de la politique africaine des États-Unis. « Les gens seront surpris de constater que la direction de l’Africom (pour moitié militaire et moitié civile) exercera encore plus de prudence lorsqu’il s’agira d’envisager une solution militaire à un problème africain », a-t-elle dit.

L’Africom s’attachera principalement à renforcer la capacité des forces maritimes et terrestres de ses partenaires, afin que ces derniers puissent coopérer en faveur de la solution des diverses difficultés régionales, allant de la réaction à une catastrophe naturelle à la prévention des conflits en passant par la lutte antiterroriste. Selon Mme Whalen, un continent africain stable et prospère correspond aux intérêts bien compris des États-Unis dans la mesure où un regain de prospérité, l’amélioration de la santé des populations et une sécurité accrue en Afrique contribueront sans aucun doute au renforcement de la sécurité et de la prospérité dans le monde entier.

Les États-Unis vont également aider leurs partenaires africains à « mieux asseoir leur régime démocratique, à mieux appliquer leur respect des droits de l’homme, à favoriser leur croissance économique et à bâtir de solides institutions régionales », a ajouté Mme Whalen.

Actuellement situé à Stuttgart (Allemagne), le centre de commandement s’adaptera et évoluera à mesure qu’il se dotera de ses 1.300 membres prévus et de son équipe de spécialistes des affaires africaines. Mme Whalen a souligné qu’il s’agissait bien d’un siège administratif et non d’une caserne militaire.

Le centre est dirigé par le général de l’armée de terre William Ward, épaulé par deux coadjoints : une diplomate, l’ambassadrice Mary Carlin Yates, qui a servi au Burundi et au Ghana et qui est spécialisée dans les activités mixtes militaro-civiles, et le vice-amiral de la marine Robert Moeller, qui coordonne les activités opérationnelles.

La présence américaine variera en fonction des missions

Mme Whalen a indiqué que le Libéria avait offert aux États-Unis d’accueillir une partie du commandement, mais qu’il n’était pas question de construire de grandes bases permanentes en Afrique. La taille de toute présence future dépendra évidemment du type de mission en jeu, a-t-elle ajouté. « On trouvera bien un juste milieu » a-t-elle dit, ajoutant qu’en tout état de cause, la présence américaine en Afrique serait « somme toute assez faible ».

Elle a rappelé, à ce sujet, la présence déjà sur le terrain de 1.500 soldats et contractuels qui travaillaient à Djibouti et dont les activités civilo-militaires étaient favorablement accueillies par la population.

Quelle que soit la présence militaire future des États-Unis « elle finira par faire partie du décor, on ne s’en apercevra même pas ».

Interrogée au sujet des activités quotidiennes de l’Africom, Mme Whalen a répondu qu’elles comprendraient des activités telles qu’échanges, conférences, visites d’officiers et l’exécution de programmes d’aide à la sécurité conçus par le département d’État mais administrés par le ministère de la défense.

Quant à la notion selon laquelle la création de l’Africom serait motivée par l’intérêt considérable que manifeste la Chine à l’égard de l’Afrique, Mme Whalen l’a carrément rejetée. En fait, l’essor des activités chinoises en Afrique n’était même pas à l’horizon lorsque l’idée d’un nouveau commandement américain pour ce continent a commencé à faire son chemin, au début de cette décennie. De plus, la Chine ne faisait nullement partie de « l’équation stratégique », a-t-elle souligné.

Enfin, pour ce qui est actuellement à l’horizon, Mme Whalen a indiqué qu’un exercice d’entraînement médical était prévu au Swaziland en 2009. De nouvelles activités seront vraisemblablement élaborées en 2010, une fois l’Africom devenu pleinement opérationnel.