20/10/08 (B470) Nouvel Obs : Les armes piratées pour le Sud-Soudan.

L’affaire du cargo «Faina» le montre : les séparatistes du Sud-Soudan se préparent à une reprise de la guerre avec le gouvernement de Khartoum. Ainsi, le chargement d’armes – dont 33 chars d’assaut T-72 – du «Faina», un cargo ukrainien capturé fin septembre par des pirates somaliens, est bien destiné au Sud-Soudan et non au Kenya comme l’affirment Nairobi et Kiev, selon un haut responsable à l’Elysée.

C’est ce qu’avait indiqué un porte-parole des pirates, qui exigent une «amende» de 20 millions de dollars pour libérer le bateau ancré au large du port somalien d’Hobyo sous la surveillance de navires de guerre américains, russes et européens.

La BBC, elle, fait état d’un document troublant : un extrait du manifeste de cargaison du navire. Le ministère kenyan de la Défense y est désigné comme le «consignataire» de la cargaison. Mais les références de contrats incluent les initiales GOSS : l’acronyme de «Government of South Sudan», le gouvernement de la région semi-autonome du sud du Soudan.

Le Sud-Soudan en serait à sa troisième commande de tanks et en aurait acquis déjà près d’une centaine. Comme Washington, les autorités françaises sont convaincues que les armes étaient destinées aux rebelles du Sud-Soudan, qui ont signé en 2005 un accord de paix avec Khartoum après plus de vingt-cinq ans de guerre.

Mais à l’approche de la présidentielle de 2009 et du référendum d’autodétermination de 2011, où l’indépendance a de fortes chances de l’emporter, le conflit entre le Nord (musulman) et le Sud (chrétien) pourrait se rallumer alors qu’à l’Ouest le Darfour est en proie à une guerre qui menace de s’étendre.

Jean-Baptiste Naudet
Le Nouvel Observateur