24/10/08 (B470-B) ONU – 6000 ème session – Conseil de sécurité. LE PRÉSIDENT DE DJIBOUTI DEMANDE UNE ACTION URGENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DANS LE CONFLIT FRONTALIER AVEC L’ÉRYTHRÉE
__________________________________ Note de l’ARDHD
Lire en particulier les propos de Guelleh, en couleur rouge, ils pourraient donner un parfait exemple de bobardisation.
A noter que la France reconnaît aujourd’hui et officilemement, que les combats de Doumera ont été meurtriers. Alors que le bilan officiel n’a jamais dépassé une vingtaine de victimes …. La vérité commencerait-elle à émerger et de source officielle ?
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La France propose d’engager des consultations bilatérales en vue de présenter un projet de texte condamnant l’Érythrée si elle persiste dans son refus de dialogue
Le Président de Djibouti, M. Ismail Omar Guelleh, a demandé ce matin au Conseil de sécurité d’agir de « manière urgente et efficace » en vue d’obtenir de l’Érythrée qu’elle se plie à ses obligations internationales et accepte de coopérer pour résoudre le conflit frontalier entre les deux pays. Cette crise n’est qu’un « problème artificiel », a estimé de son côté le représentant érythréen.
M. Guelleh a ainsi exhorté le Conseil de sécurité à exiger de l’Érythrée et de Djibouti « dans un délai d’environ trois semaines à se consacrer fondamentalement à la résolution de cette crise ». « Tout manquement à l’application d’une telle décision devrait donner lieu à des sanctions de la part du Conseil », a déclaré le Président djiboutien. L’« agression » de l’Érythrée « ne doit être ni ignorée ni rester impunie ni même, ce qui est pire, être prise à la légère », a-t-il ajouté.
« Une inaction continue, sous quelque forme qu’elle soit, non seulement encouragerait mais gratifierait l’attitude de l’Érythrée », ne donnant à Djibouti que la guerre comme seule option, a également déclaré le Chef de l’État, pour qui la priorité immédiate « est la démilitarisation du secteur du conflit, ainsi que le retrait des forces des deux pays dans leurs positions d’avant février 2008 ».
Cette réunion, la 6 000e du Conseil de sécurité depuis la création des Nations Unies, avait été demandée par Djibouti* afin que le Président Guelleh puisse s’exprimer sur cette question qui avait déjà donné lieu à une séance d’urgence, le 24 juin dernier.
Le Représentant permanent de l’Érythrée auprès de l’ONU a assuré pour sa part qu’il n’y avait pas eu d’éléments nouveaux depuis le « bref incident du mois de juin » causé, a-t-il précisé, par une « attaque non provoquée de la part des Forces de Djibouti contre des Forces érythréennes situées en territoire érythréen ». Il a indiqué que si l’Érythrée souhaitait « rétablir et cultiver des relations de bon voisinage avec Djibouti sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales », elle ne se laisserait pas entraîner, en revanche, « dans un conflit de diversion et artificiel ».
Dans le débat qui a suivi, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leurs préoccupations face à cette situation conflictuelle et à ses risques d’embrasement dans une région, la corne de l’Afrique, déjà fortement marquée par les guerres et les crises humanitaires, même si, comme l’ont constaté certains, les tensions semblent s’être apaisées à la frontière.
« Le Conseil de sécurité ne doit pas perdre de vue l’essentiel, c’est-à-dire les combats meurtriers, dont l’Érythrée est responsable, qui ont eu lieu à Doumeira en juin dernier et les effets de cette agression qui persistent », a affirmé le représentant de la France. Celui-ci a annoncé que la France se proposait d’ « engager rapidement des consultations bilatérales », en vue de présenter « le moment venu » au Conseil de sécurité un projet de texte condamnant l’Érythrée si elle persistait dans son refus de tout dialogue et encourageant les efforts du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général des Nations Unies. Ces demandes, a-t-il poursuivi, « devraient s’accompagner d’une échéance claire ».
Son homologue des États-Unis a demandé au Secrétaire général, conformément à la recommandation de la mission d’établissement des faits**, de dépêcher un émissaire sur le terrain. Plusieurs pays, comme le Burkina Faso ou l’Afrique du Sud, ont en outre souligné que le Conseil de sécurité pouvait s’appuyer sur les efforts et les bons offices de l’Union africaine ou de la Ligue des États arabes. Le représentant de l’Afrique du Sud a ainsi dit espérer que la visite du Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, à Asmara constitue « une bonne occasion pour l’Érythrée de donner sa vision des choses ».
Dans une déclaration présidentielle, le 12 juin dernier, le Conseil de sécurité avait condamné l’action militaire conduite deux jours plus tôt par l’Érythrée contre Djibouti à Ras Doumeira et dans les îles de Doumeira. Il avait également demandé instamment aux deux parties de « retirer leurs forces pour revenir au statu quo ante » et d’« entreprendre des efforts diplomatiques en vue de résoudre la question pacifiquement et conformément au droit international ».
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Burkina Faso, Belgique, Italie, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Afrique du Sud, Croatie, Costa Rica, Viet Nam, Jamahiriya arabe libyenne, Panama, États-Unis et Chine.
__________________ PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE
Déclarations
M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de la République de Djibouti, a souligné que son pays, petit, paisible et progressiste, est parvenu à survivre et à maintenir sa stabilité dans un contexte de guerres régionales variées et persistantes, et de conflits civils violents pendant les trois dernières décennies. La Corne de l’Afrique, a-t-il ajouté, a eu, et continue à avoir, plus que son lot de malheur, de tragédie, de dislocation et de destruction.
À cet égard, le Conseil de sécurité pourrait, a estimé le Président djiboutien, examiner profondément ce foyer de tension au niveau régional comme il l’a fait dans le passé pour la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). M. Guelleh a, en premier lieu, évoqué la question de la Somalie, pays, a-t-il précisé, « en ruines ».
Cette question n’est plus exclusivement somalienne et requiert, a-t-il estimé, une implication régionale et internationale totale, transparente, franche et neutre, afin de déterminer une fois pour toutes le destin d’un peuple, dont le futur comme nation est en jeu. Le Chef de l’État djiboutien a notamment affirmé que la piraterie faisait partie du chaos croissant en Somalie et constituait un symptôme de l’absence de pouvoir au sein de cette nation.
De l’avis de M. Guelleh, la moitié de la population de la Somalie, pays qui continue à être l’otage d’intérêts politiques, stratégiques et économiques divergents, nécessite une aide humanitaire d’urgence et souffre d’un des taux les plus élevés de déplacement, de sécheresse, de chômage et d’inflation.
Le Conseil de sécurité a la responsabilité première, dans le cadre de la paix et de la sécurité internationales, de sauver cette nation de l’inéluctable descente dans l’apatridie et le cauchemar, a-t-il expliqué. Il a la lourde responsabilité de décider fermement qu’il est temps de protéger les populations vivant dans cette situation chaotique, a-t-il également dit, ajoutant qu’un manque d’action du Conseil aurait des conséquences graves.
Le Président de Djibouti a consacré le reste de son intervention au conflit frontalier qui oppose son pays à l’Érythrée. Après la soudaine occupation, inexplicable et irréfléchie, d’une partie du territoire djiboutien par les Forces érythréennes au début de l’année, Djibouti s’est engagé dans une politique calme et prudente qui a accordé suffisamment de temps aux contacts bilatéraux à tous les niveaux afin de résoudre ce différend amicalement et paisiblement, a-t-il expliqué. Ces efforts sont restés vains, a-t-il regretté, dénonçant l’acte illégal et insolent des Érythréens qui poursuivent leurs constructions militaires sur le terrain, ainsi que leur manque de coopération, obligeant ainsi Djibouti à masser des troupes à la frontière afin de protéger son intégrité territoriale.
Les efforts régionaux et internationaux intenses et soutenus dans l’espoir de trouver une solution à cette crise ont rencontré le dédain et le rejet pur et simple des autorités érythréennes, a-t-il dit. Le Président de Djibouti a estimé que les conclusions de la mission d’établissement des faits dépêchée dans son pays afin d’étudier la situation qui prévaut dans la région de Doumeira et les tensions croissantes entre les deux pays sont claires, incontestables et graves.
Elles reflètent, a-t-il précisé, le comportement erratique et irresponsable du régime érythréen et ses déformations malhonnêtes et délibérées des faits. M. Guelleh a exprimé la détermination de son pays à recouvrir l’intégrité de son territoire, à savoir le Ras Doumeira et les îles de Doumeira, aujourd’hui illégalement occupées par l’Érythrée. Cette impasse imposée par l’Érythrée est intolérable et inadmissible, a-t-il déclaré, jugeant impératif que le Conseil de sécurité traite ce conflit de façon opportune et complète.
Le Chef de l’État djiboutien a invité le Conseil de sécurité à considérer que l’Érythrée devait être sérieusement appelée à répondre de ses obligations internationales et à coopérer avec l’ONU en vue d’accepter sa facilitation pour résoudre cette crise. La priorité immédiate pour Djibouti est la démilitarisation du secteur du conflit, ainsi que le retrait des forces des deux pays dans leurs positions d’avant février 2008, a-t-il ajouté.
Enfin, les deux pays doivent faire preuve d’une entière disponibilité afin de rétablir la confiance mutuelle, notamment à travers l’activation des mécanismes bilatéraux existants, la soumission à un processus juridique ou à un arbitrage menant à une démarcation concertée de la frontière. Il a ainsi invité le Conseil à mettre tout en œuvre afin de convaincre l’Érythrée de se retirer des secteurs qu’elle occupe depuis mars 2008. M. Guelleh a exhorté le Conseil de sécurité à exiger des deux pays, dans un délai d’environ trois semaines, qu’ils se consacrent fondamentalement à la résolution de cette crise.
Tout manquement à l’application d’une telle décision devrait donner lieu à des sanctions de la part du Conseil, a-t-il dit. Cette agression ne doit être ni ignorée ni rester impunie ni même, ce qui est pire, être prise à la légère par le Conseil. Une inaction continue, sous quelque forme qu’elle soit, non seulement encouragerait mais gratifierait l’attitude de l’Érythrée, ne donnant à Djibouti que la guerre comme seule option, a-t-il poursuivi. Le Président de Djibouti a ainsi demandé que le Conseil de sécurité agisse de manière urgente et efficace sur cette question. Ce conflit constitue un gouffre financier, un poids énorme sur les ressources limitées de Djibouti, tout en compromettant ses objectifs de développement, a conclu M. Guelleh.
M. ARAYA DESTA (Érythrée) a rappelé que, le 24 juin, lors d’un exposé semblable de la part du Premier Ministre de Djibouti, l’Érythrée avait donné sa version des faits et ne souhaite donc pas s’appesantir sur la genèse d’un « problème artificiel ». Le représentant a affirmé qu’il n’y a pas eu d’éléments nouveaux depuis le « bref incident du mois de juin » causé par ce qu’il a qualifié « d’attaque non provoquée de la part des Forces de Djibouti contre des Forces érythréennes situées en territoire érythréen ». L’Érythrée, a ajouté M. Desta, a toujours choisi la voie de la modération et de la patience. Contrairement à ce qu’il a appelé des « allégations », l’Érythrée n’a pas pris de territoire appartenant à Djibouti et n’a pas d’ambitions territoriales, a-t-il affirmé.
Le représentant, tout en affirmant que la question n’était pas liée, a ensuite reproché à l’Éthiopie d’avoir installé des positions militaires dirigées contre l’Érythrée dans une région des trois frontières (Érythrée, Éthiopie et Djibouti). Il a ajouté que l’Éthiopie continue en outre à occuper des territoires érythréens en violation de la Charte des Nations Unies et des Accords d’Alger. Revenant sur le « problème artificiel » de Djibouti, le représentant a affirmé qu’à la demande de l’Émir du Qatar, les Présidents érythréen et djiboutien ont accepté de discuter. L’Érythrée souhaite rétablir et cultiver des relations de bon voisinage avec Djibouti sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, mais elle ne se laissera pas entraîner dans un conflit de diversion et artificiel, a conclu M. Desta.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que le conflit entre Djibouti et l’Érythrée était entré dans une phase moins aiguë. La situation est tendue mais calme à la frontière, a-t-il souligné, précisant que l’on ne se battait plus sur le promontoire de Doumeira ou dans les îles de Doumeira et que les forces armées des deux pays n’étaient plus en contact.
Cette évolution est, a-t-il estimé, à mettre au crédit de Djibouti qui, conformément à la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 12 juin dernier, a retiré ses troupes sur la position du statu quo ante. Le Conseil de sécurité ne doit pas perdre de vue l’essentiel, à savoir que des combats meurtriers, dont l’Érythrée est responsable, ont eu lieu à Doumeira en juin et que les effets de cette agression persistent.
Comme l’indique la mission d’établissement des faits dans son rapport, l’Érythrée n’a pas retiré ses troupes sur les positions du statu quo ante, a-t-il poursuivi. La première urgence, a-t-il dit, est que l’Érythrée réponde à la demande très claire que le Conseil lui a adressée. De l’avis de M. Ripert, la résolution de cette crise suppose que les deux parties tranchent la question du tracé de leur frontière commune.
Il revient aux deux parties, a-t-il ajouté, de définir le cadre dans lequel elles aplaniront leur différend. Cela suppose, a-t-il dit, un dialogue qui, pour l’instant, n’existe pas. M. Ripert a ainsi souligné que les autorités érythréennes avaient jusqu’à présent refusé toutes les propositions de dialogue qui leur avaient été faites, n’avaient pas donné de visa à la mission d’établissement des faits, avaient refusé des missions du même type proposées par la Ligue des États arabes ou par l’Union africaine, et n’avaient pas répondu à la proposition de bons offices du Secrétaire général ni aux diverses propositions de dialogue sur cette question qui leur avaient été présentées par des organisations multilatérales ou par des États Membres.
La deuxième urgence est, de l’avis de sa délégation, que les autorités érythréennes acceptent l’existence d’une crise à Doumeira et qu’elles se montrent disposées à en parler. La visite du Président de la Commission de l’Union africaine à Asmara, vendredi dernier, laisse espérer que l’Érythrée va enfin accepter de « reprendre langue » avec la communauté internationale, a-t-il dit. Il s’est dit persuadé que le Secrétariat avait un rôle très positif à jouer et a souhaité qu’il puisse formaliser sa proposition de bons offices auprès de l’Érythrée et l’envoi d’une mission sur place.
Après avoir rappelé la relation d’amitié et de coopération ancienne et confiante qui lie la France à Djibouti, le représentant a annoncé que sa délégation se proposait d’engager rapidement des consultations bilatérales, en vue de proposer au Conseil de sécurité, le moment venu, un projet de texte. Il s’agirait alors, a précisé M. Ripert, de réitérer fortement les demandes adressées par le Conseil à l’Érythrée, de condamner ce pays s’il persistait dans son refus de tout dialogue sur ce sujet, d’encourager les efforts du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général des Nations Unies. Ces demandes, a-t-il poursuivi, devraient s’accompagner d’une échéance claire.
(….) Lien avec le document intégral et les interventions des autres pays participant à cette réunion