16/11/08 (B474) France 24 / Le peuple Irob se réclame de l’Éthiopie.

Le peuple Irob, qui vit sur les hauts plateaux à la frontière érythréo-éthiopienne, a fui ses terres pendant la guerre entre les deux pays à la fin des années 1990. Son retour d’exode a commencé il y a seulement trois ans.

La guerre frontalière entre l’Ethiopie et l’Erythrée entre 1998 et 2000 a fait près de 80.000 morts. La guerre est terminée, mais la querelle frontalière n’est pas vidée et la tension persiste entre les deux voisins.

Les populations civiles craignent une reprise des combats. Particulièrement un petit groupe ethnique, les Irob. La démarcation de la frontière par une commission internationale place en effet les Irob, au moins pour une partie de leur territoire, du côté érythréen. Les Irob refusent catégoriquement le nouveau tracé.

Des enfants rentrent de l’école comme si de rien n’était. Pourtant l’ancienne ligne de front entre l’Ethiopie et l’Erythrée n’est qu’à quelques kilomètre plus au nord. Entre 1998 et 2000, cette région a été ravagée par une violente guerre frontalière entre ces 2 pays. A l’époque les Irob qui peuplent ces hauts plateaux ont fui les combats, laissant derrière eux leurs terres ancestrales.

Ce n’est que depuis trois ans qu’ils commencent peu à peu à se réinstaller. Les Irob sont un groupe ethnique qui dispose de sa propre langue et d’une culture particulière, dans leur grande majorité ils sont chrétiens, la plupart catholiques.

Ils sont un peu plus de 30.000 personnes. Fraîchement revenus, Les Irobs craignent une reprise des combats : la tension avec l’ennemi érythréen est montée de plusieurs crans depuis le départ en juillet dernier de la force d’interposition de l’ONU, incapable de mener à bien son mandat à cause du manque de coopération des 2 camps.

Aujourd’hui lors d’une réunion, Ruphaël Shiferaw, Président du conseil de la région Irob, essaye de rassurer les membres de sa communauté. Pourtant ses paroles ne laissent pas de place au compromis : « Nous les Irobs nous avons notre propre langue, notre propre culture et notre propre religion.

D’un point de vue historique nous avons toujours vécu dans les limites du territoire Ethiopien! Notre peuple n’acceptera jamais, pas même un jour, pas même une minute, de vivre sous l’autorité Erythréenne ! » Ici, malgré la tension persistante, la présence de l’armée demeure discrète, mais personne n’a oublié la récente guerre et ses privations.

Le patriotisme pro-éthiopien des Irob s’exprime dès que l’occasion se présente. Hagos Gidey, agriculteur: « Si tout ça pouvait se régler de manière pacifique ce serait bien… Que ceux d’ici et ceux d’Erythrée puissent aller et venir à leur guise comme avant. Mais il est hors de question que nos terres soient cédées à l’Erythrée ! Nous de notre côté on ne veut rien d’eux ! » Le sentiment d’appartenance à l’Ethiopie est très fort chez les Irobs.

D’autant que depuis l’arrivée au pouvoir du régime actuel, ils jouissent d’une relative autonomie dans leur région. Pour cette ancienne déplacée de guerre il n’est pas question que la région quitte l’Ethiopie. Pour Zewde Yohannès, agricultrice et ancienne déplacée de guerre : une chose est claire : le pouvoir Erythréen n’a pas sa place ici: « L’Ethiopie est un grand pays, moi je veux rester éthiopienne ! Et je ne veux pas de guerre ! »

L’Ethiopie a officiellement accepté la nouvelle démarcation de sa frontière avec l’Erythrée fixée par commission arbitrale de l’ONU en 2002, mais le régime d’Addis Abeba demande une négociation au cas par cas pour son application. Les Irob veulent garder leur terre tout en restant unis : pas question que leur peuple soit écartelé des deux côté »s d’une frontière, entre deux pays hostiles. Installés sur ces terres arides depuis plus de 700 ans ils ont bien l’intention d’y rester.