18/11/08 (B474) L’Express / La piraterie souligne le besoin d’un accord politique en Somalie.

La capture d’un superpétrolier par des pirates venus de Somalie souligne plus que jamais la nécessité d’un règlement politique dans ce pays de la Corne de l’Afrique livré depuis 17 ans à l’anarchie.

Se moquant des bâtiments de guerre déployés en urgence ces dernières semaines par l’Otan, l’Union européenne, les Etats-Unis ou la Russie, les pirates se sont tout simplement emparés au large du Kenya d’un navire grand comme trois porte-avions transportant le quart des exportations journalières de pétrole brut de l’Arabie saoudite.

« C’est à l’évidence une escalade », estime Roger Middleton, un spécialiste de la région travaillant au sein de l’institut de recherches Chatham House à Londres. « Il n’existe pas de capacité navale pour couvrir la région qu’ils menacent. La solution militaire n’est donc pas une réponse. »

Car même si le ministre saoudien des Affaires étrangères a promis d’employer les grands moyens face à ces flibustiers d’un nouveau genre, les navires se heurtent à un grand nombre d’obstacles : couvrir, donc, une région d’une taille équivalente à celle de la mer Rouge et de la Méditerranée, identifier les pirates avant leurs assauts ou protéger les otages sur les bateaux détournés.

« EMPLÂTRE »

La piraterie découle en grande partie de l’absence d’autorité centrale à Mogadiscio, ce qui assure une sorte d’impunité aux clans qui s’en partagent les bénéfices.

« La communauté internationale doit réfléchir avec l’esprit ouvert au genre de gouvernement possible en Somalie. Le gouvernement fédéral intérimaire (soutenu par l’Occident) n’a pas apporté la paix et le développement comme espéré », souligne Roger Middleton.

L’envoi d’une force navale dans le golfe d’Aden, l’une des principales routes maritimes commerciales de la planète qui évite aux navires de contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, a certes réduit à 31% le nombre d’assauts réussis par les pirates en octobre, contre 53% en août.

Mais « les opérations de sécurité maritimes dans la région ne sont qu’un emplâtre, elles répondent aux symptômes, pas aux causes », insiste Jason Alderwick, expert à l’Institut international d’études stratégiques.