28/12/08 (B480) La Croix avec AFP / Somalie: un groupe islamiste modéré appelle au jihad contre les shebab

Un groupe islamiste modéré, Ahlu Sunna Wal-jama’ah, présent en Somalie, a appelé dimanche pour la première fois à combattre les islamistes extrémistes des "shebab", les accusant d’avoir perpétré des "atrocités" et d’être responsables de l’insécurité dans le pays.

"Les factions wahhabites en Somalie, tels que les shebab et les tribunaux islamiques, sont la cause des problèmes sécuritaires et religieux dans le pays depuis 20 ans", accuse ce groupe religieux jusqu’ici peu connu dans un communiqué distribué lors d’un point de presse à Nairobi.

Le wahhabisme désigne une doctrine islamique sunnite rigoriste fondée au XVIIIe siècle pour ramener l’islam à sa pureté d’origine. De nombreux mouvements terroristes islamistes se réclament du wahhabisme.

Ahlu Sunna appelle tous ses membres "dans et en dehors de la Somalie" à la "guerre sainte (jihad) contre ces groupes d’hérétiques wahhabites" afin de "protéger l’islam", "restaurer la paix et la stabilité et permettre la formation d’un gouvernement d’unité nationale en Somalie".

"Les conflits provoqués par ces groupes (shebab et tribunaux islamiques) ces dernières années en Somalie ont dépassé les ravages causés par les autres conflits (notamment claniques) qu’a connus le pays en terme de morts, de destruction, de personnes déplacées, kidnappées, etc…", dénonce ce groupe.

Le communiqué fait la liste des "atrocités commises par ces groupes contre la sécurité, la stabilité et les croyances religieuses du peuple somalien".

Les shebab sont à la tête de l’actuelle insurrection en Somalie, en guerre civile depuis 1991.

Ahlu Sunna Wal-jama’ah a fait parler de lui pour la première fois samedi en prenant le contrôle de la ville de Gurael (environ 300 km au nord de la capitale somalienne Mogadiscio) lors d’une offensive contre les shebab qui contrôlaient la ville depuis deux semaines.

Dimanche, des combattants d’Ahlu Sunna ont attaqué les shebab à Dhusamareb (environ 400 km au nord-ouest de Mogadiscio) pour tenter de prendre le contrôle de la localité.

Le gouvernement somalien et l’opposition islamiste modérée ont signé en juin à Djibouti un accord de partage du pouvoir et de trêve, catégoriquement rejeté par les shebab.