23/01/09 (B483) AfarIssas -> Chacun de nous passera, tous nous trépasserons, seule DJIBOUTI demeurera

Je voudrais m’adresser ici non seulement à mes sœurs et à mes frères militants de l’opposition mais aussi aux admirateurs du président Guelleh. Je voudrais leur parler en toute liberté, du fond du cœur. Je le fais à partir de ce qu’ils considèrent comme un contentieux qu’ils auraient avec moi (par mails), suite à mes écrits précédents.

D’entrée, je voudrais dire que la liberté d’écrire sur la vie publique djiboutienne, que je revendique, est le droit de tout citoyen djiboutien. Par conséquent, le débat ne sera pas sur le droit ou non des partisans d’IOG d’être en désaccord avec les positions que je défends ou de leur droit de me porter la contradiction, s’ils le veulent, sur des questions de fond.

Ce que je voudrais dénoncer a trait à la propension de certains séides du chef de l’Etat à se comporter en sicaires pour porter le glaive à tout(e) Djiboutien(ne) ayant des vues contraires à celles de leur maître sur la conduite des affaires de l’Etat. Cela est dangereux, car symptomatique de la pensée unique et de pratiques dictatoriales.

Que ceux qui ne conçoivent pas la République en dehors de leur mainmise sur tous les appareils d’Etat ou de la préservation du pouvoir d’un clan ressentent des urticaires à la lecture d’écrits bousculant leurs certitudes est d’importance mineure. Ce qui est, cependant, préoccupant, c’est leur intention de réduire au silence ceux qui ne pensent pas comme eux. Contre le terrorisme intellectuel et la violence physique et verbale pour imposer l’autocensure, j’exige, pour tout Djiboutien, la latitude de se prononcer sur la gestion des affaires de son pays. En effet, « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » (Beaumarchais)

J’ai une appréciation de la gestion de la crise, dans notre pays, qui ne s’inscrit pas dans le schéma de la propagande conçu par le pouvoir djiboutien, véhiculé et exécuté par des réseaux internes et externes.

Ce pouvoir pour lequel on fait usage du mensonge et de la roublardise, on élimine physiquement tous ceux qui gênent et on pousse Djibouti dans un abîme total. Ce pouvoir qui enivre, rend aveugle et fou ; ce pouvoir qui est éminemment important pour qui le tient. Ce pouvoir qu’il faut arracher à tout prix et conserver par tous les moyens. Ce pouvoir qui ne se partage point, ne se cède jamais. Ce pouvoir qui se prend de force, de hautes luttes. Ce pouvoir qui est de valeur étalon ou valeur cardinale.

N’étant pas un homme de politique ni de pouvoir, je ne saurais fermer les yeux sur le drame que vit notre population à Djibouti. N’étant pas dans les compromissions qu’impose la logique du pouvoir, appelée aussi raison d’Etat, je ne connais pas la langue de bois. Face au désarroi, à la désolation et au tourment des populations djiboutiennes, l’acquisition ou la conservation d’un pouvoir par un clan (l’équipe de Guelleh) ou par un autre importe peu. Travailler pour le développement de la Nation me semble plus important que tout.

Depuis peu, j’ai écrit quelques articles publiés sur certains sites. La publication de ces textes m’a valu toutes sortes d’avanies, d’injures, de grossièretés, sur lesquelles je ne voudrais pas revenir ici. Ce que je voudrais noter porte sur l’inanité, la fatuité et la vanité de l’agressivité, des intimidations et des menaces dans le débat d’idées, surtout lorsqu’il s’agit de questions relatives à la vie publique d’un pays. Bien que je reste dans l’anonymat.

Ceux qui ne comprennent rien à ce que j’écris aujourd’hui peuvent, à satiété, m’insulter, si cela leur procure un tant soit peu de réconfort et leur donne la certitude d’une certaine puissance. Demain, avec du recul, j’espère que certains d’entre eux réaliseront que la vérité et la raison ne sont pas plus à eux qu’à moi et que l’amour de la patrie est à nous tous, même si nous l’exprimons différemment.

L’ampleur du pourrissement de notre pays dépasse des circonstances d’ordre sentimental, d’état d’âme, de soutien aveugle à une coterie. A mon sens, ce qui prime n’est point relatif à un cas d’orgueil. Il ne s’agit nullement de prévenances à un leader ou de la préservation des rentes d’un clan.

Il est question de la survie d’une Nation, celle qui est prise en otage par un groupe de femmes et d’hommes, pour assouvir leurs intérêts égoïstes sous prétexte qu’ils livrent une guerre de libération du pays (Guerre motivé), à ses dirigeants et à ses hommes d’affaires à qui ils cèdent pourtant tout pour se maintenir dans le lucre du pouvoir. Il s’agit essentiellement du Djibouti des prédateurs et de tout autre groupe pour la désenvoûter du mensonge, de la mystification et de la haine, afin de l’engager dans un processus de cohésion nationale et dans la paix avec ses voisins.

Djibouti, notre patrie, n’est plus celle qu’on a imaginée ou rêvée. Que dire de ce que nous voyons depuis l’indépendance ? Le même pays, une aire géographique identique, ce cadre physique et humain, creuset, jadis, d’un génie certain d’intégration, s’offre à notre observation.

Notre commune Maison Djibouti est marquée par les scarifications de la corruption ; le pays est à jamais rongé par la haine, détruit par des intrigues politiciennes sans fin. Il est froissé, fissuré, déchiré. De par la faute de ses filles et fils, notre patrie est défigurée. Les ambitions politiques et le lucre du pouvoir on rendu Djibouti méconnaissable.

Mais, en dehors du pouvoir, quels sont les enjeux des luttes qui ont cours dans notre pays? Quel degré faudrait-il que la décrépitude de notre commune Maison atteigne pour nous interpeller et susciter en nous un sursaut d’orgueil ?

Un parti politique est construit sur un corpus d’idées exprimées sous la forme d’un programme s’appuyant sur une idéologie. Il est l’œuvre de femmes et d’hommes qui se constituent en mouvement pour conquérir le pouvoir et l’exercer au bénéfice de l’ensemble des habitants d’un pays. Si le pays, la Nation et l’Etat sont projetés et établis dans la durée, les femmes et hommes, ainsi que les instruments à leur service, à savoir les partis politiques et les programmes qu’ils conçoivent et exécutent, sont dans le mouvement. Ils passent, alors que la Nation reste. De fait, sublimer un leader politique, envisager son action comme une œuvre d’absolue valeur procède de la vanité.

Nous savons qu’il n’est aucun leader politique qui soit éternel, comme aucune formation politique ne pourrait régenter Djibouti ad vitam æternam. Un parti politique est comme un être humain. Il naît, prospère et s’étiole. Quels que soient la force de son idéologie, la clairvoyance de son leadership, le degré de vitalité de ses militants, la pertinence de son programme, son action est inscrite dans le temps et ses vérités dans le relatif, point dans l’absolu. Un parti politique se forme en vue de participer à l’édification d’une Nation.

En ce qui nous concerne, tout passe, seule Djibouti demeure et demeurera. Ceci suggère que les contradictions relatives à l’organisation et à l’animation de la vie publique de ce pays dont nous aimons tous sans exception sortent du carcan des passions haineuses, du fétichisme clanique et de l’incantation démagogique pour se gérer dans la retenue, la générosité et l’humilité, avec, en prime, un esprit de fraternité, de tolérance et d’amour. Et comme disait l’autre : OUI NOUS POUVONS MAIS ENSEMBLE

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Afarissas