05/03/09 (B488) FreeDjibouti -> L’Espoir confisqué…

« Nous savons qu’à une certaine extrémité du désespoir, l’indifférence surgit et avec elle le sens et le goût de la fatalité » Albert Camus.

Le continent semble faire marche arrière.

En 1990, les dirigeants africains avaient en effet accepté, à contrecœur il est vrai, le multipartisme à la suite de la conférence de La Baule où feu le président François Mitterrand avait lié l’attribution d’aides à l’ouverture démocratique. Pour tenter de garantir l’alternance, dans de nombreux pays, le pouvoir et l’opposition ont limité à deux le nombre de mandats consécutifs (de 5 ou 7 ans selon les pays).

Mais depuis, de nombreux dirigeants n’ont plus voulu quitter leurs postes et ils sont revenus aux anciennes dispositions constitutionnelles. Certains parce qu’ils s’inquiètent de possibles accusations pouvant les mener devant le Tribunal pénal international, le jour où ils ne seront plus couverts par l’immunité présidentielle.

C’est le cas pour notre soi-disant président à propos de l’affaire Borrel, des massacres perpétrés au Nord du pays…etc.

La lueur d’espoir née de l’ouverture démocratique dans le continent africain, au début des années 90, inhérente aux vents d’Est et au sommet de la Baule en France a fait long feu et n’a eu de cesse de céder du terrain, pour laisser place à l’ancrage de la dictature.

Tels des moutons de panurge qui se sont passés le mot, les autocrates en Afrique, majoritairement arrivés au pouvoir à la suite de coups d’Etat, de guérillas ou de dispositions constitutionnelles, tentent, contre la volonté de leur peuple, de s’éterniser au pouvoir en manipulant la constitution à leur guise.

Ces pourfendeurs de la République, dont ils prétendent être pourtant des « humbles » serviteurs, veulent transformer le continent africain en conglomérat de royaumes, où chaque potentat se décrète roi. Aussitôt, il installe une monarchie en lieu et place de la République comme le veut pourtant la constitution de leur pays.

Dans les semaines qui avaient suivi sa désignation à la tête de l’Etat, M. Guelleh était ulcéré par les critiques exprimées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays quant aux conditions scandaleuses dans lesquelles s’est déroulé le dépouillement du scrutin et la manipulation des résultats.

Après avoir passé un premier quinquennat à sillonner la planète et une grande partie du second à corrompre, voilà maintenant que Guelleh se prépare à un troisième mandat, voire à une candidature à vie.

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise car l’idée de quitter un jour le pouvoir auquel il a accédé par les moyens que l’on sait, ne lui a tout simplement jamais effleuré l’esprit. A l’instar de beaucoup d’autres potentats, ailleurs dans le monde, il a toujours voulu être un Président à vie. La seule question pour lui, était celle de choisir le moment opportun pour annoncer le changement d’une Constitution qui limite le nombre de mandats à deux.

Néanmoins, et en prévision de cette annonce et depuis quelque temps déjà, il charge des sous-traitants de préparer le terrain en jouant le rôle de rabatteurs. S’il ne se montre pas pressé de procéder à ce changement. Il sait que, dans le régime qui est le sien, les modifications à venir ne constituent qu’une formalité que les « Institutions » de sa République, expédieront sur un simple claquement des doigts, quand bien même ces modifications porteront sur un aspect fondamental du texte, celui sur lequel sera fondé l’espoir de l’alternance au pouvoir, ce qui était une avancée démocratique considérable.

Hélas, la démocratie et l’alternance ne font pas partie du lexique de M. IOG à Djibouti, tout comme d’ailleurs, de celui de tous les pays africains qui, sans exception aucune, demeurent dirigés par des régimes autocratiques.

Or Djibouti de M. Guelleh se distingue précisément par la mal gouvernance ou plus exactement, par la non gouvernance. Elle est abandonnée à elle-même, dérivant sans cap et sans destination, frémissant aux seules pulsions du Prince et à son bon vouloir.

L’Histoire enseigne que la grandeur et la décadence des nations dépendent de manière déterminante de la qualité de leurs dirigeants, de leur personnalité, de leur clairvoyance, de leur capacité de travail, de leur sens de l’organisation et de l’ambition qu’ils nourrissent pour leur pays (par opposition, sur ce dernier point à leur ambition personnelle).

Ce sont eux qui ont la capacité de transformer un pays arriéré et misérable en un pays prospère et puissant comme ce fut le cas, par exemple, en Russie sous Pierre le Grand, soit de le « terrasser » et de rétrograder une super puissance mondiale, un pays de second ordre, comme cela s’est produit avec Gorbatchev au cours de son relatif bref passage à la tête de l’ex-Union soviétique.

Il aura fallu un Bismarck pour forger l’unité et la puissance de l’Allemagne moderne et un Hitler pour la précipiter dans un cataclysme épouvantable. Et les exemples de ce genre foisonnent dans le monde.

A l’évidence, M. Guelleh n’appartient pas à la catégorie d’un Pierre le Grand ou d’un Bismarck.

Au cours des dix années passées à la tête de l’Etat, le bilan de M. Guelleh, n’en déplaisent à ses courtisans, est malheureusement catastrophique comme en peut en juger à travers, d’abord, les deux chantiers prioritaires qu’il s’était flatté de mener à terme au tout début de son premier quinquennat, à savoir la restauration de l’image de marque de Djibouti à l’extérieur et le rétablissement de la paix et de la sécurité à l’intérieur.

Classée par Transparency international, un organisme de l’ONU, parmi les pays les pays plus corrompus de la planète, loin derrière les pays voisins, Djibouti affiche aussi les plus mauvais résultats en matière de développement humain, de liberté d’expression, de santé et d’emploi.

De quel succès M. Guelleh et ses encenseurs peuvent-ils se prévaloir lorsque les Gouvernements des grandes puissances recommandent à leurs ressortissants d’éviter d’investir dans notre pays ?

De quel résultat ces derniers peuvent-ils se prévaloir lorsque le peu d’entreprises étrangères (arabes) présentes à Djibouti ne prennent aucun risque et se limitent à l’ouverture de simples comptoirs commerciaux ?

Nous savons que la France a choisi d’envoyer…. maintenant des chefs d’entreprises pour développer des échanges commerciales avec Djibouti… « Non merci ! répondront certains, désolé mais tant que Guelleh sera au pouvoir, nous n’investiront pas à Djibouti ». (Je reviendrai dans un autre article sur ce sujet)

Quelle image de Djibouti à l’extérieur ? Lorsqu’à l’intérieur des nuées de mendiants et de mendiantes traînant leurs enfants en bas âge, assaillent les passants, squattent les marchés et les rues des villes et villages du pays ou lorsque des milliers de jeunes et moins jeunes Djiboutiens, poussés par le désespoir, tentent, au péril de leur vie, de quitter un pays qui ne leur offre plus aucune perspective.

L’image extérieure de Djibouti sur laquelle M. Guelleh se disait tellement attaché, sort-elle grandie par cet exode qui a pris des proportions qui portent atteinte à la dignité nationale ?

M. Guelleh aurait été bien mieux inspiré s’il avait consacré un peu de son temps à restaurer l’image de Djibouti auprès des Djiboutiens tout d’abord, en les retenant chez eux et en leur donnant confiance en leur pays et en leurs dirigeants et en l’avenir du pays.

Pour ce qui est du rétablissement de la paix et de la sécurité, l’autre chantier prioritaire de M. Guelleh, cet objectif est loin d’avoir été atteint. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’un événement lié à la rébellion ne soit signalé non seulement dans les zones où les groupes armés n’ont jamais déposé les armes, mais également dans des régions que l’on disait pacifiées.

Et prochainement attendez-vous à des attentats dans la capitale !

Malgré le décuplement des effectifs des forces de sécurité tous corps confondus et l’allocation de budgets exorbitants, la rébellion n’a pas été vaincue. La situation n’est certes plus celle des premières années quatre vingt dix, mais la paix et la sécurité sont loin d’être rétablies. Une nouvelle rébellion vient d’être lancé au sein de la capitale!

Par contre, sous le règne de M. Guelleh, un phénomène nouveau, inconnu jusqu’alors au pays, est apparu – celui des assassinats des civils innocents et surtout au Nord.

Au plan politique, tous les acquis démocratiques de 1992 ont été balayés au cours de la dernière décennie. L’état d’urgence a été maintenu et ses dispositions les plus restrictives ont été renforcées à seule fin d’interdire les manifestations et réunions publiques.

La vie politique a été réduite à néant et les Institutions du pays, ou ce qui en tient lieu, ont été marginalisées et traitées avec un mépris comme cela ne s’était jamais produit auparavant.

Les quelques partis politiques autorisés à « survivre » ne sont que des coquilles vides. Aucune organisation politique, même lorsqu’elle a rigoureusement rempli les exigences fixées par la Loi n’a été agréée. Toujours par le même fait du Prince. Les syndicats libres, pourtant largement représentatifs de leurs corporations, ne sont pas reconnus et leurs dirigeants font l’objet de mesures coercitives scandaleuses.

La liberté d’expression a été muselée ; les journalistes du journal de l’opposition qui osent porter un jugement critique sur les pratiques du régime sont jetés en prison sous divers prétextes. Les émeutes qui éclatent timidement dans la capitale, sont réprimées avec la plus grande brutalité.

Le régime de M. Guelleh ne se montre performant que lorsqu’il s’agit de briser des manifestations, renier les droits de l’homme et les libertés fondamentales ou susciter la zizanie et la discorde dans les rangs des organisations et partis politiques qui refusent de jouer le rôle de satellites du système.

Défigurée, hideuse, malodorante, la ville, qui croule sous les ordures, est un concentré de mauvais goût, un terreau propice au développement de la délinquance, de la drogue, de la grande criminalité et de la contestation sociale.

Djibouti ne produit rien et importe tout, aussi bien les produits manufacturés, généralement de bas de gamme et de contrefaçon, que les produits alimentaires.

Dans notre Djibouti, il n’y a pas de place pour un secteur productif créateur de richesses et d’emplois durables. Les entreprises publiques, grabataires pour la plupart d’entre elles, ont été maintenues en l’état à la grande satisfaction des importateurs.

Le Djibouti de M.Guelleh est celui des scandales judiciaires (affaire Borrel), des détournements massifs entraînant des milliards de dollars de préjudice pour le pays, de l’économie informelle dominante ; celui des salaires misérables des enseignants et autres fonctionnaires, du chômage, de la misère et des bidonvilles ; celui de la corruption institutionnalisée et d’une bureaucratie étouffante. Un pays livré à la voracité de quelques affairistes et à l’appétit insatiable des coteries locales.

S’il fallait qualifier la décennie de M. Guelleh, ce n’est certainement pas par la couleur qu’il faudrait la distinguer de la précédente, mais par l’odeur. Une odeur nauséabonde, celle de la corruption, des scandales financiers, de l’immobilisme, des magouilles électorales, du pourrissement.

Malgré ce bilan désastreux, M. Guelleh projette de se maintenir au pouvoir.

Malgré cela, il se trouverait encore quelques citoyens pour continuer à dire que M. Guelleh est un moindre mal et qu’il est la seule personne en mesure de diriger le pays – une idée que cultivent et entretiennent à grands frais les officines du régime.

Comme exemple les présidents des partis de la coalition UMP. Quelle injure pour Djibouti qui compte, grâce à Dieu, des milliers et des milliers d’hommes et de femmes de qualité parmi lesquelles des centaines réunissent les conditions pour faire un bien meilleur Président, tant en termes de compétence, de capacité de travail que d’ambition pour le pays et de disponibilité à servir Djibouti et non leur image personnelle.

Pour empêcher le viol constitutionnel qui se prépare, on ne peut malheureusement compter ni sur le désaveu des dirigeants des démocraties occidentales qui soutiennent à bras le corps un régime qui préserve leurs intérêts bien compris, ni sur des manifestations, même pacifiques, interdites au titre de l’état d’urgence.

La moindre tentative de passer outre serait réprimée dans le sang et dans le silence complice des institutions occidentales si promptes par ailleurs à dénoncer le moindre écart dans les pays qui osent afficher des velléités d’indépendance.

Peut-on pour autant, au nom d’un rapport des forces physiques aussi écrasant, accepter le fait accompli, abdiquer et se taire ?

Si vraiment le pays vous tient à cœur, il faudra se mobiliser frontalement dans un cadre responsable, organiser les troupes, dépasser le cadre de la péroraison et passer à ce qui est tangible…

Depuis quelques jours les manifestations de soutien à Guelleh se déroulent à Djibouti et chose étonnante, aucune réaction sur les sites des partis de l’opposition djiboutienne. Bizarre!!!

Sauf : Le corbeau royal et la Justice sur le GED, la répartition équitable Afar et Somali sur le pouvoir à Djibouti à lire sur UGUTA, la suite de la plainte du l’affaire MRD contre l’Etat de Djibouti sur le site du MRD et enfin une note d’information sur la promotion des droits de l’homme sur celui de l’ARD.

Par contre le communiqué du Président du PDD (parti «Meuble ») pour annoncer sa candidature est bien à l’heure. Ceci parce que son contrat devra être renouvelé lors de la prochain élection.

L’heure n’est à la révision de la Constitution, mais à son application !.

Je l’ai déjà suggéré ! Une éolienne activée par un vent directeur et propice est hautement préférable à une noria actionnée par un mulet !

Avec tous mes respects.

FreeDjibouti

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