07/03/09 (B489) Le journal de la Flibuste (2 articles en Français)

________________________________ 2 – AFP

L’UE et le Kenya signent un accord sur le transfert des pirates somaliens

L’Union européenne et le Kenya ont signé vendredi un accord facilitant le transfert au Kenya de Somaliens soupçonnés de piraterie détenus dans le cadre de la mission navale anti-piraterie Atalante de l’UE, selon des sources kenyane et diplomatique.

Selon un officiel kenyan, l’accord a été signé par le ministre kenyan des Affaires étrangères Moses Wetangula et l’ambassadeur de la République tchèque au Kenya, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne.

« Il s’agit d’un important accord cadre sur le transfert au Kenya de personnes soupçonneés de piraterie détenues dans le cadre de l’opération Atalante », a confirmé à l’AFP un des diplomates ayant participé aux négociations.

« Il inclut des garanties sur les droits des détenus. Le Kenya est le seul pays disposant d’une façade maritime qui a, jusqu’à présent, accepté un tel accord », a-t-il ajouté.

Selon l’accord, le Kenya accepte de recevoir des personnes soupçonnées de piraterie et détenues à bord de navires de l’Union européenne patrouillant dans les eaux somaliennes et de les poursuivre devant des tribunaux kenyans.

Des pays impliqués dans des opérations navales anti-piraterie se sont montrés réticents à renvoyer des pirates en Somalie, en expliquant qu’il n’y avait pas suffisamment de garanties qu’un processus judiciaire normal s’ensuivrait.

Des douzaines de Somaliens soupçonnés de piraterie sont détenus au Kenya et plusieurs ont déjà été déférés devant la justice dans la cité portuaire de Mombasa.

Dernière en date de ces procédures judiciaires, sept hommes soupçonnés de piraterie capturés par la Marine de guerre américaine pendant une attaque ratée contre un navire marchand le mois dernier ont été inculpés de piraterie vendredi à Mombasa.

Les attaques sur les centaines de navires naviguant chaque mois à travers le Golfe d’Aden, une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, ont diminué récemment en raison du mauvais état de la mer et de l’augmentation des patrouilles navales.

_________________________________ 1 – Le Figaro

L’Allemagne embarrassée par ses pirates somaliens

De notre correspondant à Berlin, Patrick Saint-Paul

Les neuf pirates arrêtés par la marine allemande au large des côtes somaliennes sont devenus un casse-tête pour Berlin qui ne sait où les faire juger.

La marine allemande n’aura pas eu le temps de fêter sa première victoire en mer Rouge. La polémique a éclaté aussitôt après que ses soldats eurent capturé neuf pirates au large des côtes de Somalie, dans le cadre de l’opération européenne Atalante : comment se débarrasser de ces prisonniers devenus un véritable fardeau ? Le casse-tête juridique a déclenché des passes d’armes entre le ministère allemand de l’Intérieur, contrôlé par les conservateurs de la CDU, et celui des Affaires étrangères, aux mains des sociaux-démocrates du SPD.

Appelée au secours, mardi, par un cargo attaqué dans le golfe d’Aden, la marine allemande a envoyé à la rescousse un hélicoptère, qui a capturé les neuf pirates. Avant de les transférer à bord du Rheinland Pfalz, une frégate allemande engagée dans l’opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie. En attendant de trouver une solution pour les traduire en justice, les bandits des mers sont détenus dans des tentes plantées sur le pont du navire.

Pas d’accord avec un pays tiers

Le cargo MV Courier, secouru mardi, appartient à un armateur allemand, mais il bat pavillon d’Antigua-et-Barbuda, dans les Antilles. Son équipage était philippin et birman. Les pirates ont ouvert le feu sur le cargo mais n’ont blessé personne et n’ont rien abîmé. L’Allemagne est à la recherche d’une entité qui aurait « intérêt » à les juger.

Le gouvernement allemand a annoncé, jeudi, l’ouverture d’une enquête judiciaire du parquet de Hambourg (nord), compétent dans cette affaire de droit maritime. Mais «parallèlement, le gouvernement examine de manière intensive si ces pirates peuvent être remis à un État tiers en vue de poursuites pénales», indique le ministère de la Défense. Le ministère de l’Intérieur a ouvertement déploré que les responsables de la diplomatie allemande n’aient pas réussi à conclure à temps un accord avec un pays tiers, pour remettre les pirates et les faire juger. Alors que le Rheinland Pfalz faisait route vers Mombasa, l’UE a annoncé hier un accord qui pourrait fournir une solution aux autorités allemandes (voir ci-contre).

Seule l’option de relâcher les pirates est écartée.

En pleine année électorale, un tel choix n’aurait pas manqué d’apporter de l’eau au moulin de l’opposition écologiste et libérale (FDP), qui dénonce le flou du cadre juridique concernant l’engagement dans Atalante. «Quiconque mandate des soldats, pour arrêter des pirates, doit aussi œuvrer pour qu’ils soient traduits en justice», critique le député libéral-démocrate (FDP, opposition) Rainer Stinner, spécialiste des questions de défense. Lors du débat sur la mission au Bundestag, le ministre de la Défense Franz Josef Jung n’avait pas caché la réticence de l’Allemagne à juger des pirates.

«Notre but, avait-il expliqué, est d’abord de dissuader, d’empêcher et de mettre fin à des attaques.