27/03/09 (B491) FreeDjibouti – > LA NATION DJIBOUTIENNE EXISTE-T-ELLE ?
Ailleurs dans le monde, dans la majorité des cas, lexistence dun État a toujours suivi celle dune Nation. Cest à dire que les individus saccordaient pour vivre ensemble selon un certain nombre principe en formant une société ou une Nation ; ensuite ils se donnaient un État et des organes à qui ils déléguaient le pouvoir dédicter des règles.
Ce nest pas le cas de Djibouti. A partir de la création relativement récente dun État contemporain, on soblige à développer un sentiment dunité Nationale et une conscience collective et de limposer à des hommes et à des femmes issus dethnies ayant des traditions et des choix parfois diamétralement opposés.
A lorigine, les tribus ont été forcées, sous la domination coloniale, de se partager le territoire djiboutien, mais elles nont jamais choisi de vivre ensemble et ne se sont accordées sur rien.
Pour des raisons defficacité dans la répression des résistances qui sorganisaient dans les vastes territoires conquis dAfrique et dans ladministration de ces mêmes espaces, le colonisateur avait décidé de morceler « les » vastes terres colonisées en unités administratives plus facilement contrôlables et gérables. Il avait effectué le partage des territoires en oubliant volontairement ou par une ignorance coupable, les réalités historiques, culturelles, sociales, ethniques et religieuses des véritables propriétaires de ces terres.
La « Corne dAfrique » est un exemple caractéristique de la logique de fragmentation qui a été imposée par les puissances européennes pour bien marquer leurs sphères dinfluence respectives.
Cest à la suite de ce partage, motivé prioritairement par des calculs et des intérêts étrangers que nous nous sommes retrouvés, dans notre cas, à cohabiter sur cette portion de terre que quelquun a appelée « Côte française des Somalis », puis « Territoire des Afar et des Issas » et enfin République de Djibouti, pour noyer toutes les ethnies sous une même bannière.
Que peut-on dire de nous, en tant que citoyens djiboutiens ? Pas grand-chose, sauf que nous sommes devenus des citoyens Djiboutiens parce que cela convenait aux intérêts géostratégiques des grandes puissances dominatrices et présentes dans la région. On pourrait dire que cest le simple hasard qui a voulu que nous devenions des citoyens djiboutiens !
Ce qua construit la domination coloniale.
A Djibouti, vous trouverez des tribus qui, au temps de leurs ancêtres, étaient convaincues de ne pouvoir exister et survivre que par la force des armes. Des tribus de guerriers, disons-le.
Disons-le, car cest un fait incontestable ! Cest une vérité de dire quà Djibouti, les objectifs, les coutumes et les modes de fonctionnement des membres des nombreuses tribus qui sont représentées, diffèrent encore de manière trop forte et quils sont parfois incompatibles. Cest un autre constat.
Si tous les Djiboutiens doivent se dire aujourdhui quils sont frères et surs au nom dune revendication quelconque ou par la magie dune rhétorique politicienne, il demeure quils nont pas le sentiment de partager les mêmes racines, ni une culture commune, ni même une histoire semblable. On pourrait dire que les seule choses quils partagent sont la période de domination coloniale.
Alors existe-t-il une Nation djiboutienne ?
Personnellement, jen doute ! Et pourtant ce serait souhaitable : partager une terre avec des objectifs non contradictoires, vivre en communauté dans le respect de règles communes et égalitaires
Comme cela ne semble pas être le cas, peut-on dire que la Nation djiboutienne, même si elle existe sur le papier, ne dispose pas des fondements habituels dune véritable Nation, qui sont facilement identifiables dans dautres pays ?
De labsence dune véritable Nation naissent toutes sortes de difficultés parmi lesquelles celles des principes étatiques et démocratiques.
Sachant la faiblesse de lEtat, des bandes dopportunistes sattribuent (sauto-attribuent ?) des prérogatives institutionnalisées et ils harcèlent périodiquement la communauté.
Que faisons-nous concrètement pour résoudre les problèmes ?
Rien ou pas grand-chose. Nous ne manifestons pas un véritable désir de vivre ensemble dans la même Nation. Certains groupes de Djiboutiens ont défini leurs critères pour différencier à leurs yeux, qui est un vrai djiboutien et qui est un djiboutien étranger.
Le problème, cest que ces deux types de djiboutien nont pas les mêmes origines, alors ils ne peuvent circuler sur le même chemin. Du coup, la cohabitation devient conflictuelle. Nous avons été contraints de subir un faux départ et aujourdhui, nous ne faisons rien, pour corriger les erreurs commises dans le passé.
Hormis le sol djiboutien à partager, nos points communs se réduisent à lexpression de notre imagination et à nos fantasmes. En balayant Djibouti du nord au sud, nous navons culturellement, historiquement, socialement et religieusement aucun repère sur lequel nous pourrions bâtir un terrain dentente. Si certaines ressemblances sont quand même au rendez-vous, elles ne sont pas en adéquation avec lexpression de nos sentiments, de nos croyances et de notre réalité quotidienne.
Le tableau est noir, mais le rêve est encore possible
Si lon reportait sur un tableau en bois, tout ce qui dit ci-dessus, on aboutirait à un constat forcément noir. Mais, le noir est une couleur.
A mon avis, il est encore possible de repeindre le tableau en blanc.
La première question nest pas « comment va-t-on procéder ?» Il faut dabord se demander la majorité le souhaite, étant clairement précisé que toutes les fractions, tribus ou ethnies, sabstiendrons de rechercher dans ce processus, la façon de dominer les autres au final ?
Il faut se demander si nous en rêvons tous ? Avons-nous sincèrement le désir de vivre encore ensemble ? Mon frère ou ma sur, pose-toi la question et réponds sincèrement pour toi-même dabord. Si lenvie nest pas là alors ne perds pas ton temps et réclame ce que tu désires. Et si lenvie de vivre ensemble est encore là alors, exprime-le, manifeste-toi et militons pour la convergence.
Pour donner une image, nous nallons pas simplement mettre la peinture blanche sur le tableau pour masquer et garder le noir en arrière plan. Nous devons dabord poncer le tableau jusquà retrouver la couleur du bois afin denlever la peinture noire et ensuite commencer par mettre la belle couleur toute blanche. La Nation djiboutienne est à créer. Il faut la créer. Il faut vouloir la créer, travailler dans ce sens et en rêver.
Accordez une chance à ceux qui rêvent de lunité et de la vraie Nation djiboutienne. Le bonheur est peut-être au bout de ce rêve.
Pour nous qui voulons rêver encore une fois, ce nest pas la mort physique que nous redoutons le plus. Nous navons pas peur des personnes ivres de violence qui peuvent détruire notre corps physique, car nous savons davance que notre esprit est plus fort que le leur et quil leur survivra.
Notre esprit est un esprit de paix, dunité, damour et de justice. Il ne peut que vaincre !
Je parle dun corps parce que nous avons un esprit et un rêve donc nous constituons un seul et même corps.
Nous avons peur du sifflement des balles qui pourraient interrompre notre beau rêve. Nous avons peur de ne pas pouvoir le raconter, demain, à nos enfants ni lécrire pour laisser le témoignage aux futures générations. Nous avons peur que les vieux réflexes des temps anciens, entraînent un échec, qui viendrait interrompre notre beau rêve de vivre ensemble comme des être humains normaux.
Cest la raison pour laquelle nous réclamons depuis toujours une certaine tranquillité sans menaces, afin que lharmonie et la paix du cur libèrent notre esprit qui retrouvera non seulement sa capacité de rêve, mais aussi la force de laccomplir.
Pour le moment, il y a trop dobstacles et dépreuves à surmonter. Nos esprits sont mobilisés en permanence par la nécessité de se protéger des harcèlements, des comportements retardataires, par la peur de sexprimer librement, par les problèmes économiques et matériels, par la dénonciation des injustices …
Comment conduire notre rêve jusqu’à sa réalisation, dans ces conditions ?
Ce que nous demandons nest pas exagéré. Ce nest pas une dépense publique non plus. Il suffit de le vouloir et de sen donner les moyens.
Nayons pas peur des mots.
Les questions sont nombreuses. Débattons de manière utile et gardons à lesprit que nous sommes à la recherche de solutions qui apporteraient du bien-être et du bonheur au plus grand nombre possible de djiboutiens.
Vos opinions seront très utiles, ainsi que vos questions
Jencourage chaque Djiboutienne et chaque Djiboutien à se poser ces questions et de penser à nos enfants, qui auront, si nous agissons, le bonheur et la fierté dappartenir à une véritable Nation avec des valeurs librement acceptées et partagées.
Les djiboutiens veulent-ils vraiment former une véritable Nation ? Ce désir existe-t-il au fond ?
FreeDjibouti
freedjibouti@windowslive.com
http://afraissas.over-blog.com
P.S. Si nous ne sommes pas une Nation, alors que faisons-nous sur ce territoire de 23.700 km2 ? Avons-nous encore le moyen de nous opposer sur des différences de culture, dhabitudes ou de tradition ? Sommes-nous incapables de nous accorder sur des principes fondamentaux et une vision identique afin de co-habiter en paix et en sécurité, tout en conservant nos traditions ?