29/03/09 (B492) FreeDjibouti -> DJIBOUTI : UN PAYS NON GOUVERNÉ

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Le président autoproclame de Djibouti, M. Guelleh promettait en avril 1999 un changement d’ère (à lire .

Cette promesse a été tenue !

En effet, Djibouti a intégré le club très fermé des pays les plus arriérés du continent africain. Aujourd’hui, à la fracture politique s’ajoute la fracture sociale et économique. La minorité dirigeante continue à nous faire croire que tout va bien et persiste à mentir à tous sur la gravité de la crise économique et sociale.

La complicité de la France et des institutions internationales est une chose mais elle n’explique pas tout.

A – L’AGGRAVATION DE LA CRISE SOCIO-ÉCONOMIQUE

Dans cette situation difficile, le «président» et le gouvernement «d’union nationale» (les ventriloques) s’illustrent par leur incapacité à trouver des solutions à long terme aux problèmes des Djiboutiens.

Comme si cela ne suffisait pas, les commerçants, faute de cadre légal, profitent pour augmenter de façon anarchique les prix des denrées alimentaires, entre autres. Cette hausse vient alourdir un peu plus, la croix que supporte au quotidien le peuple djiboutien depuis les années 1990.

Qui à Djibouti se préoccupe du sort des Djiboutiens ? Djibouti est-il dirigé ?

Si oui, par quels individus ? Quelle vision ont-ils de l’avenir et quel programme pour sortir enfin Djibouti de sa trop longue crise sociale, économique et politique ?

Pendant ce temps, la grande majorité des Djiboutiens vit dans des conditions indignes. La situation ne s’est pas améliorée depuis avec la flambée des prix des produits alimentaires. Aucune initiative publique n’a été prise pour soulager les populations.

La seule décision publique a été de lancer un appel à la solidarité nationale et internationale pour masquer la carence de l’État. Notre pays est devenu un État mendiant qui attend la charité des États ou des Institutions étrangères pour faire face aux problèmes majeurs.

Il serait grand temps de changer d’orientation et de mettre en place une véritable politique sociale avec un minimum de prestations dans les domaines de la santé et de l’éducation et de mener une politique des grands travaux pour construire des écoles, des hôpitaux et non des immeubles privés de luxe ou de s’acheter des voitures de prestige.

Je pense que les recettes publiques à Djibouti peuvent permettre la mise en place d’un revenu minimum social de 50.000 FD par famille djiboutienne et d’un revenu minimum de travail de 100.000 FD pour tout travailleur du privé ou du public.

Qu’un meilleur encadrement des rémunérations des secteurs privé et informel est un préalable au développement économique.

Il suffit pour cela de mettre en place une gestion plus seine des recettes publiques en donnant les pleins pouvoirs au Ministère des finances dans l’exercice de ses missions régaliennes, quitte à redéfinir les missions de tous les ministères pour plus d’efficacité.

Ceci n’est possible qu’avec la mise en place d’une cour des comptes digne de ce nom.

Tout ceci va impulser et dynamiser l’économie de Djibouti. Ce qui va aussi rassurer les investisseurs étrangers.

S’il faut faire appel aux fonds étrangers, éviter des engagements qui rendent les dirigeants africains esclaves de l’occident. La solution du recours aux fonds étrangers soulève une interrogation de taille : où passent les millions de francs de recettes publiques, de subventions et de prêts divers ?

Nous les Djiboutiens, nous sommes prisonniers du système RPP maintenu au pouvoir par la France.

À quand la libération ?

Nous devons malheureusement en plus de cela, faire face à un nouveau phénomène très inquiétant. L’émergence à Djibouti de nouveaux riches encore plus corrompus, conséquences de l’impunité qui prévaut au sein de la classe politique dirigeante.

B – LE DJIBOUTI DES NOUVEAUX RICHES = CORRUPTION

« La corruption sape la démocratie, entraîne la violation des Droits de l’Homme, fausse le jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée » Cette citation traduit bien la réalité de Djibouti.

La corruption a pris une telle ampleur à Djibouti qu’elle est la principale cause du non-développement et de la paupérisation du pays. A Djibouti, la corruption s’est banalisée et se pratique dans l’indifférence générale. Le domaine public a été privatisé sur la base du clientélisme.

Chaque commis de l’État utilise son poste, son outil de travail pour son enrichissement personnel au détriment de la collectivité. Toute action de l’État est faite en vue de l’enrichissement rapide des tenants du pouvoir.

Cette volonté explique pourquoi les pans entiers de l’économie djiboutienne sont confiés aux étrangers qui sont les seuls en mesure de verser des commissions importantes. Tout ceci fonctionne comme un système mafieux où la minorité privilégiée agit en toute impunité.

Le gouvernement tente de nous endormir en créant une commission anti-corruption. Face à ce grave fléau qui ampute les moyens financiers au pays, contribuant ainsi à détériorer les conditions de vie des populations, nous pensons que la justice devrait avoir le pouvoir et les moyens pour agir. Elle devrait pouvoir juger le puissant comme le faible, qu’il soit corrompu ou corrupteur. Il est urgent de mener des campagnes de sensibilisation à travers le pays et d’éduquer la jeunesse sur les effets pervers de ce fléau: la corruption.

À tous les niveaux, l’enrichissement sans cause est moralement inadmissible:

Comment expliquer le train de vie de millionnaires que mènent certains politiciens et certains fonctionnaires de l’Etat ? Les dessous de tables semblent légion à Djibouti, une pratique choquante mais généralisée. Les détournements de fonds publics, une pratique courante. Le Djiboutien, qui ne peut pas payer, est exclu de certaines démarches normalement accessibles gratuitement à tous.

Je dénonce l’abandon de tout un pan de l’économie djiboutienne aux étrangers pour des intérêts privés, la cession dans des conditions troubles du port à Guelleh et à son acolyte Borreh (en exil maintenant). Les dirigeants actuels de Djibouti sont entrain de brader le patrimoine national. Ils sont aussi néfastes que le sont le colonialisme et le néocolonialisme. Les Djiboutiens ne sont pas prioritaires dans leur propre pays.

C – UN PAYS NON GOUVERNÉ

En 10 ans d’exercice de pouvoir, le dirigeant actuel du pays a bouleversé le fonctionnement de l’État. Ses décisions ont supprimé la frontière entre la sphère privée, la sphère publique et la sphère familiale. L’intérêt des familles aux commandes passe avant celui de l’État. Le régime est coupé du peuple et fait preuve d’autisme face à ses souffrances. Aucune stratégie ni projet d’envergure n’est prévu pour améliorer le sort des populations. L’unique projet du régime serait de renouer avec les organismes internationaux afin de bénéficier de la manne financière que constitue l’aide.

Il faut sortir de la logique clanique. Cela passe par l’instauration d’un État de droit basé sur un consensus nationale et une mise en avant de l’intérêt général.

Guelleh doit apprendre à avoir un autre regard sur Djibouti et sur tous les Djiboutiens. Plusieurs acolytes d’IOG affirment que la diaspora djiboutienne n’aime pas Djibouti. Qu’ils ne s’attendent pas à ce que la diaspora aime le «Djibouti» qu’ils nous ont construit ! N’inversons pas les rôles ! C’est la Diaspora qui attend d’eux qu’ils aiment et qu’ils servent les Djiboutiens, tous les Djiboutiens sans exclusive.

Djibouti ne se résume pas aux seules résidences luxueuses qui l’ont vu grandir jusqu’à son forfait d’avril 1999. Tout porte à croire que Guelleh, «président» de Djibouti et ses acolytes ignorent les chiffres fournis par les institutions financières internationales sur les montants des transferts de fonds pour apprécier la participation de la diaspora au développement de leur pays.

Nous n’avons décidément pas tous la même idée de Djibouti. Prenez pour preuve, le dernier congrès de son parti où la priorité était d’étudier la possibilité d’ouvrir un 3ème mandat à Guelleh et non de se préoccuper du quotidien des Djiboutiens et de l’effondrement économique et social. Plusieurs millions ont été gaspillés pour le dixième anniversaire de la dictature à la tête du pays.

Quel mépris pour la souffrance du peuple djiboutien ?

Qui se préoccupe des milliers de réfugiés Djiboutiens exilés de force qui vivent tant bien que mal dans les pays voisins, des familles qui ont du mal à payer la scolarité de leurs enfants, qui s’occupe des hôpitaux mouroirs de Djibouti, de la jeunesse diplômée mais sans avenir ?

Qui a le courage de rééquilibrer les recrutements dans la fonction publique et dans l’armée pour mettre ainsi fin au clientélisme ? Où en sont les grandes réformes nécessaires pour sortir enfin Djibouti de la grave crise qu’il traverse ? Qui lève le petit doigt pour défendre certains Djiboutiens de la diaspora quand leur dignité d’homme est bafouée par les gouvernements occidentaux, notamment par l’actuelle politique française de l’immigration ?

En tout temps, la question que tout homme politique djiboutien devrait avoir à l’esprit est la suivante: comment défendre au mieux les intérêts du peuple djiboutien.

Que veut dire « aimer son pays » pour celui qui en méprise ses habitants ?