18/04/09 (B495) Condamné pour trafic d’une drogue qui se mâche (La Voix du Nord)

Le khat, vous connaissiez ?

Depuis quelques mois, les douaniers constatent une explosion du trafic de cette plante, produite et (normalement) consommée dans la corne de l’Afrique de l’Est, Yémen, Somalie, Éthiopie et Djibouti, surtout.

Une plante classée comme stupéfiante en France, qui se mâche en famille, pour tenir des jours sans dormir.

Jeudi, un Rennais d’origine djiboutienne comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Arras pour trafic de khat.

Haut comme trois pommes, C. B., 34 ans, s’exprimait jeudi dans un français très correct. Originaire de Djibouti, l’homme s’est installé à Rennes depuis un petit moment maintenant. Mais criblé de dettes suite à la perte de son emploi, C. B. avoue avoir cédé à la facilité en basculant dans le trafic de drogues.

Mardi, sur l’A1, au péage de Fresnes-lès-Montauban, le Rennais a été contrôlé puis interpellé par les douaniers d’Arras. Dans son coffre, cinq cartons remplis de khat, une drogue euphorisante d’Afrique orientale, ont été découverts. Soit quarante kilos au total, estimés à 40 000 E par les douanes. Le mis en cause était alors sur la route du retour des Pays-Bas, et devait livrer le khat en région parisienne. Sa route s’est achevée à Fresnes et s’est prolongée jeudi en comparution immédiate au tribunal de grande instance d’Arras.

« J’en mange une fois par mois environ, avec ma famille. Ça se mâche, on mâche tout, a expliqué C. B. Mais je ne suis pas dépendant. C’est pour des soirées en famille, pour rester éveillé et discuter ». On a tellement de choses à se dire en famille, c’est vrai.

Le procureur, Jean-Pierre Valensi, s’est lui interrogé sur l’argent que devait toucher C. B. en retour. « 500 E tout de suite, et 300 E au retour », a répondu l’accusé. « Pourtant, vous aviez retiré 560 E de votre compte, qu’on a trouvés sur vous… je ne vois pas trop l’intérêt, alors que vous avez des dettes », a souligné M. Valensi. « C’était au cas où je ne serais pas hébergé en Hollande… » Pas très convaincant. Et le procureur de subodorer un trafic plus important pour requérir deux ans de prison ferme.

« Je suis loin de penser qu’il est trafiquant professionnel, a plaidé Me Lorette Bernard, l’avocate de C. B. Il n’a servi que d’intermédiaire. Et s’il était vraiment trafiquant, pourquoi ferait-il des crédits à la consommation ? »

Jugement : un an de prison avec sursis.

SAMUEL COGEZ