14/05/09 (B498) Le journal de la flibuste … Un député français du Finistère (UMP) propose sa méthode globale de lutte contre la piraterie. (2 articles en Français)

________________________ 2 – Romandie News (Suisse) avec AFP

Piraterie en Somalie: un rapport parlementaire préconise une approche globale

Le député (UMP, majorité gouvernementale) du Finistère (ouest) Christian Ménard préconise une "approche globale" mêlant actions civiles et militaires pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, dans un "rapport d’information" parlementaire qui sera présenté officiellement mercredi.

"La communauté internationale doit mettre en oeuvre une approche globale du problème articulant les actions civiles et militaires, à court et à long termes", souligne-t-il dans ce rapport communiqué à l’AFP et qui doit être examiné mercredi par la Commission de la Défense de l’Assemblé.

Notant une "forte hausse des actes de piraterie" au premier trimestre 2009, avec 102 incidents, le député du Finistère constate qu’elle est due pour "l’essentiel" à "une accélération des attaques" dans le Golfe d’Aden et l’océan Indien.

Le rapport formule toute une série de recommandations comme une "action sur la pauvreté" en Somalie et en faveur des pêcheurs somaliens mais souligne qu’elle passe "par un effort majeur" visant à la "restauration d’un Etat de droit".

Cette stabilisation "passe nécessairement par la restauration de la gouvernance et de l’autorité publique, la mise en place de structures administratives et le rétablissement de la souveraineté maritime", souligne le député.

Celui-ci suggère par ailleurs "d’adapter les modalités d’intervention afin de rendre les attaques plus risquées et plus coûteuses pour les pirates". Il évoque "des actions de type policier, ciblées et à terre" comme "répertorier les bateaux suspects et prévenir qu’ils sont interdits de mer, sous peine de destruction".

M. Ménard préconise de "renforcer la présence navale et aérienne" dans la zone et notamment aux Seychelles où serait déployé un avion de patrouille maritime ou de doter la force maritime européenne Atalante de drones (avions sans pilote).

Son rapport insiste sur la nécessaire "consolidation des capacités juridiques et judiciaires des Etats côtiers" du Golfe d’Aden et du Kenya vers lesquels l’Union européenne et les États-Unis ont choisi de transférer les pirates appréhendés.

Il appelle à "renforcer la coopération bilatérale" avec les Etats de la région (Yemen, Djibouti… voire la Somalie) pour former leurs gardes-côtes.

Du côté des armateurs, il s’agirait de "renforcer les capacités de défense passive des navires" avec des caméras, des radars, des canons acoustiques ou à eau et de former les équipages.

Les armateurs, ajoute-t-il, pourraient contribuer financièrement au développement économique de la région et à la sécurisation des espaces maritimes sur une base "volontaire".

Réservé sur le recours aux société militaires privées, le rapport propose cependant d’adopter un cadre juridique national autour de leurs activités qui seraient soumises à "agrément".

________________________ 1 – Le Télégramme

Piraterie. Les pistes du député Ménard

Le député finistérien Christian Ménard remet demain matin son rapport sur la piraterie maritime à l’Assemblée nationale. Il livre toute une série de propositions pour lutter contre un fléau "en plein essor".

Vous avez travaillé près d’un an sur ce phénomène qui resurgit depuis quelques années. Etes-vous alarmiste ?

Christian Ménard : "Deux foyers sont préoccupants. Il y a d’abord le golfe d’Aden, au large de la Somalie. On estime que plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans ce pays, directement ou indirectement, de la piraterie. Cela représenterait près de 35 M$ accumulés en un an.

C’est deux à trois fois le budget de cette région autonome du nord-est de la Somalie. Mais la situation me semble encore plus dangereuse, car beaucoup plus violente, dans le golfe de Guinée et les eaux nigérianes, où des installations pétrolières sont prises pour cibles (…) On ne peut que s’inquiéter de cet essor. 94 % du commerce mondial transite par la mer."

Surveiller une zone grande comme quatre fois la France, au large de la Somalie, n’est-ce pas mission impossible ? Une opération terrestre n’est-elle pas inéluctable ?

C.M : "Au dernier trimestre 2008, une attaque sur trois réussissait. Avec la présence internationale, ce chiffre est descendu à une sur treize en mars dernier. Plus de deux cents pirates auraient été arrêtés (*). Mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait au moins 45 navires pour être efficaces. Moins de la moitié est sur place.

Je préconise de renforcer le dispositif et d’avoir également recours à des drones.

Je ne suis pas favorable à une opération militaire, qui pourrait provoquer une résurgence du risque islamiste. Mais il faut aider l’Etat somalien à retrouver son autorité. Je pense plutôt à des opérations de police, à terre s’il le faut, comme le permet la résolution 1851 de l’ONU. Nous devons aussi favoriser les aides, sous conditions, à la population, à l’activité de pêche.

Les armateurs, plutôt que de risquer des surprimes d’assurance, ne pourraient-ils pas verser un euro par marchandise transitant dans cette zone ?

Cela représenterait deux millions d’euros par jour. Il y a de nombreuses autres pistes : améliorer la sécurité sur les bateaux, la formation des équipages, tracer les flux financiers suspects, prévoir un officier de police judiciaire pour ne pas créer de rupture de la chaîne judiciaire lors des interpellations… »

(*) Il y a aussi une saison pour la piraterie. A l’époque mentionnée, en hiver, les pirates attendaient surtout des conditions climatiques plus clémentes pour (re)prendre la mer.