17/05/09 (B499) Dans un Djibouti en situation de catastrophe économique, sociale et politique, la violence et l’hystérie incontrôlable sont les derniers refuges de toutes les incompétences cumulées d’un Ismaïl Bobard autoproclamé à la tête de l’Etat. (par Bouh Warsama)


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Selon les sources d’information dont celles de l’UNHCR (Organisme de l’ONU dénommé Haut Commissariat aux Réfugiés) les données disponibles (bien que protégées par une forme de Secret Défense ) confirment que l’économie djiboutienne est dans la pire des situations que le pays ait connu depuis l’indépendance ;

alors qu’elle était déjà très difficile en 1996 qui est une année de référence dans les comparaisons qui vont suivre.

En effet, la dette extérieure de la République de Djibouti se chiffrait à la fin de 1996 à 217 millions de dollars américains (Référence : La Lettre Hebdomadaire de la FIDH sept. 1997, 5) et se situerait aujourd’hui à plus de 870 millions d’USD.

Une bagatelle…..lorsque l’on sait qu’Ismaïl Bobard aurait perdu plus de 500 millions d’USD lors du dernier clash financier international, duquel il se remet en augmentant ses prélèvements à titre personnel sur tout ce qui a odeur de fric à Djibouti (finances publiques, exploitation des EPIC, rackets les plus divers …et saisie des biens d’Abdourahman Borreh………qui avait fait des placements autrement plus judicieux que son Excellentissime Sérénité le tyran)

Par comparaison, le taux de chômage se situait entre 40 et 50 % (source : CIA Factbook 1998 1998, 4), et serait aujourd’hui à 87,45 % de la population globale dite en âge d’avoir un emploi.

Pour ce qui concerne les femmes ce taux serait de 93 % environ.

Si la consommation des ménages avait diminué de 35% entre 1986 et 1996, elle aurait été réduite de plus du double depuis.

Les prix de l’alimentaire de première nécessitée atteint des niveaux insupportables pour les familles djiboutiennes qui sont contraintes de s’adresser à un commerce parallèle fait d’une multitude de petits « boulots » ; commerce parallèle de tout et incontrôlé avec des risques graves sur le plan sanitaire, pour survivre.

Seules les familles occidentales ont les moyens financiers suffisant pour faire fonctionner un système économique local mafieux basé quasi exclusivement sur la maîtrise de tous les monopoles par le pouvoir politique dominant. Dont celui de toutes les importations de l’alimentation générale (90 % est l’objet des importations alors que la situation de déséquilibre s’est considérablement accrue depuis 1996), directement ou indirectement, entre les mains du pouvoir du Palais de l’Escale qui impose son diktat comme le faisait en son temps le stalinisme aux heures les plus sombres de l’histoire de l’URSS.

Observons que quel que soient les monopoles d’importations appartenant à Ismaïl Omar Guelleh et à Kadra Mahamoud Haïd ils sont exonérés, de fait et par décision non officialisée, du paiement des taxes correspondantes.

Episodiquement, des fonctionnaires du Ministre des Finances tentent de procéder à un redressement administratif partiel des sommes qu’IOG et la QABYO restent devoir à l’Etat.

Ces fonctionnaires sont alors immédiatement licenciés et sont tenus par la suite de respecter une obligation de réserve qui leur est imposée afin que le contenu des dossiers ne soit pas dévoilé sur la place publique.

Ceux qui transgressent cet interdit sont immédiatement arrêtés, torturés puis incarcérés à Gabode par la garde prétorienne du Palais ou par la Police Politique (SDS), sans décisions de justice et a posteriori sous l’inculpation « d’atteinte à la sécurité de l’état », ou « d’insulte au chef de l’Etat »….etc ; le choix est large.

Selon Africa Confidential, le pays en 1996 devait affronter de multiples problèmes :

  • dont la réinstallation des personnes déplacées à la suite des affrontements des années 90 entre le Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) et l’armée gouvernementale ;
  • la reconstruction des infrastructures détruites au cours de ces affrontements, dont une infime partie ne fut reconstruites et que très partiellement ;
  • la démobilisation et la réinsertion d’une partie de l’armée. Ces opérations furent l’objet d’une grande mascarade-tromperie avec la multiplication artificielle des démobilisables, suivies d’un tri ethnique et tribale pour ceux qui furent maintenus sous les drapeaux.

Constat fut fait ces dernières années que des soldes sont mensuellement versées à plusieurs dizaines de « militaires fantômes » (plus de 150 ?). Curieusement ni Jojo la Gamelle ni l’harpagon Fathi n’ont lancé d’enquête interne au Ministère de la Défense pour y mettre fin alors que l’information fut dévoilée par un commandant il y a plus de 5 ans !!! ;

  • la mise en application des conditions du Fonds monétaire international (FMI) qui ne fut jamais véritablement contrôlée si ce n’est confortablement assis et à partir du Casino du Sheraton et de ses salons privés ;
  • à savoir entre autres la réduction des effectifs qui fut aménagée par le pouvoir en place en fonction de ses seuls intérêts tribaux
  • et des réductions des salaires au sein de la fonction publique (5 juill. 1996, 5-6) qui furent une erreur fondamentale du FMI car appliquées avec partialité suivant l’appartenance tribale et qui plongèrent bien des familles des militaires et fonctionnaires dans un gouffre financier qui s’est aggravée d’année en année alors que globalement le coût de la vie explosait littéralement poussant bien des familles djiboutiennes vers l’exil et la précarité, voire vers l’exclusion pour « délit de gueule et de couleur de peau ».
La République de Djibouti avait, jusqu’au début des années 1990, connu une situation économique privilégiée par rapport aux autres pays de la région et la présence importante de la communauté française – civile et militaire – y était pour beaucoup pour l’économie locale et pour ce qui concerne l’emploi.

Bien que le pays ait été soumis aux fortes pressions extérieures afin de rationaliser son économie et de démocratiser son système politique, les « choses » sont restées en l’état, dans le même délabrement et les mauvaises habitudes ont persisté ; on peut même affirmer qu’il y ait aggravation de la situation d’ensemble alors qu’une infime minorité au pouvoir et en périphérie de celui-ci à accru sa richesse de façon démesurée, insultante pour la pauvreté et par des méthodes peu orthodoxes alors que la paupérisation a touché les classes moyennes avec un lent nivellement de la misère par le bas.

L’octroi de l’aide au développement et l’obtention des prêts furent soumis en un temps aux conditions de rigueur par des institutions financières internationales et des pays donateurs.

Le Fonds monétaire international (FMI) notamment insistait sur la réduction de la taille de l’État. Aujourd’hui les artifices mis en place par le pouvoir jouant pleinement leur effet, plus que jamais il subsiste un phénomène de clientélisme au sein de l’administration en général.

La réduction des effectifs au sein de la fonction publique, consécutive à cette vague de compression budgétaire, ne s’effectue pas du tout sur la base de critères objectifs mais suivant l’appartenance ou pas aux clans Guelleh ou Haïd et à leurs « serviteurs ».

Ceci est d’autant plus facile que dans la société djiboutienne, les familles se connaissent les unes des autres, leur appartenance clanique et leur affiliation politique incluses.

En ce qui a trait à la procédure d’embauche au sein de l’administration djiboutienne, l’ARDHD signalait déjà en décembre 1998, que celle-ci est davantage basée sur des connaissances personnelles et des recommandations que sur des critères objectivement établis.

Se voir attribuer un emploi est trop souvent une forme de « Prime à l’incompétence ».

Lors de promotion, de recrutement, de remplacement pour départ en retraite ou de réduction des effectifs, ce sont des personnes qui ont des liens proches avec les clans Guelleh et Haïd qui se voient octroyer les postes et doivent donc, par principe imposé par le pouvoir, reverser mensuellement une certaine somme à l’un ou à l’autre des « collecteurs de fonds » du Palais de l’Escale.

Cette collecte se fait sous diverses formes alors que lesdits collecteurs prélèvent un pourcentage au passage sur les sommes versées.

Le phénomène de clientélisme dans le système de recrutement dans la fonction publique, au sein des armées et dans le secteur privé s’est considérablement aggravé depuis 1999.

La Police Politique (SDS) a un avis à donner dans le domaine de l’embauche.

Les relations sociales et familiales priment sur les critères objectifs d’embauche et de promotion. A moins d’être dans l’un des clans familiaux au pouvoir ou en périphérie de celui ci, l’embauche est quasiment fermée aux diplômés des grandes Ecoles occidentales qui, très souvent, échaudés par le sectarisme dont ils sont les victimes au bénéfice de l’incompétence n’hésitent pas à s’expatrier à nouveau.

Djibouti se vide ainsi de ses diplômés des grandes Ecoles occidentales, de tout ce qui fait la force politique et économique d’un pays et garantit son avenir.

Les membres des partis politiques d’opposition, Issas, Afars, Gadaboursis et ceux qui ne baissent pas la tête face à Ismaïl Omar Guelleh subissent plus que jamais les effets de son sectarisme, de son fanatisme et celui de Kadra Mahamoud Haïd alors que par le passé ils subissaient déjà les effets désastreux de la réduction des effectifs au sein de la fonction publique.

Ces anciens opposants et surtout politicards devenus « collabos pour la gamelle »

Moumin Bahdon Farah, Aden Robleh Awaleh et tant d’autres ont retourné leur veste lorsqu’ils se sont aperçus qu’elle était doublée de billets verts à l’odeur éloquente.

C’est ainsi qu’à Djibouti comme ailleurs, la mémoire de la plupart des hommes politicards est devenue un cimetière abandonné, un endroit désert où gisent sans honneurs ni marque de respect les hommes et les valeurs de respect de l’humain qu’ils ont cessé de chérir.

Souvenons-nous qu’au cours d’une conférence de presse tenue le 13 septembre 1998, le président du Parti national démocratique (PND), Aden Robleh Awaleh, a énuméré « les maux qui frappent l’État djiboutien, [à savoir] : le tribalisme, le clientélisme, la corruption, la prévarication, l’incompétence des agents d’exercice du pouvoir et l’absence de consultations électorales honnêtes et transparentes » (Awaleh 13 sept. 1998, 5).

Il a soutenu que face à la situation qu’il qualifie de « dramatique », beaucoup de Djiboutiens n’avaient pas d’autres choix que d’aller en exil (ibid. 7).

Il a par ailleurs précisé que « des dizaines de milliers de familles djiboutiennes se sont exilées au Canada, en Hollande, en Belgique et en Angleterre.

Beaucoup d’autres familles se préparent à faire de même » (ibid., 7).

Bon nombre de ces anciens opposants reconvertis en « politicards de bas étage pour l’alimentaire » ont disparu dans les méandres du pouvoir d’Ismaïl Omar Guelleh mais seront les premiers à le poignarder le moment venu en tentant de nous expliquer qu’ils avaient fait le choix de combattre la tyrannie d’IOG …..de l’intérieur…

L’ambition fait parfois accepter à ces hommes de si peu de valeur les attitudes les plus basses et les gestes les plus vils. C’est ainsi qu’ils espèrent grimper dans la considération des populations de la manière que l’on rampe ; sans dignité d’aucune sorte.