11/06/09 (B502) FreeDjibouti -> La tragédie de notre jeunesse sous le régime autocratique de Guelleh

De tout temps à travers le monde, des jeunes gens se sont battus, se sont donnés et se sont sacrifiés pour ce simple idéal qui se traduit en une quête de liberté, de bien être, d’épanouissement et de développement. De tout temps, des enfants ont rêvé, ont essayé d’appartenir au monde et de continuer les œuvres du monde, de construire un destin heureux. De tout temps, comme une mécanique brutale et impitoyable, des adultes sans foi ni loi, des voyous, des imbéciles et des crapules en qui ces êtres fragiles appelés jeunes avaient placé leurs espoirs d’une vie meilleure les ont trahis, oppressé et jeté sur les chemins de la misère.

D’Hitler à Mobutu en passant par Duvalier, Staline, Pétain, Pinochet, Guelleh et tous les autres farfelus qui tiennent de chefs de certaines républiques des temps modernes, les échos des enfants broyés par des politiques insensées destinées à assurer le triomphe des pouvoirs personnels et des projets diaboliques, continuent d’ensanglanter les livres d’histoire. Les enfants soldats du Libéria, de Goma, d’Abéché, du Darfour, tout comme les enfants de ces manifestations contre la vie chère de Djibouti, Conakry, Ouagadougou, sont tous des martyrs dont les funérailles restent à organiser pour la tranquillité de notre esprit.

Jamais le monde n’avait autant été poussé vers des horizons sombres pour la tranche de sa population qui semble la plus hébétée et la plus délicate. Si partout, l’on a souvent entendu que le destin de ce monde repose sur cette jeunesse, l’on n’a jamais autant frôlé le mensonge et une réelle hypocrisie en sachant justement que les plus grandes politiques jouent contre elle.

L’impossible espoir

Mais s’il y a des raisons de croire que les peuples finissent toujours par trouver la voie ou les voies qui conviennent, la situation ne se présente pas exactement sous un jour positif, dès lors que la règle du jeu repose sur la tricherie, le subjectivisme, et la destruction des socles sociaux d’égalité devant la loi et devant la mort. Il ne faudrait plus dire ni soutenir, que les hommes naissent libres et égaux, ni que la loi est faite pour tout le monde. Il y a dans ces affirmations devenues chansons dans les tribunes de Guelleh, la plus ignoble des manifestations de tricherie et de tromperie.

Que vaut la vie d’un enfant né dans les sous-quartiers de Djibouti-ville, où le choléra, la malaria et le Sida font partie du décor naturel et remplacent le climatiseur et les Playstations qui encombrent les chambres de quelques rejetons des cités bourgeoises et les salons insolents des pontes des régimes sales ?

Combien coûte la mort d’un enfant des bidonvilles de Balbala, d’Arhiba à la bourse de Guelleh, face à un rejeton des ministres djiboutiens dont les gosses sont logés dans des appartements cossus de Genève et sont conduits chaque matin à l’école à bord des voitures de luxe ?

Que peut attendre un enfant, un jeune Djiboutien, dans un pays où aucun concours n’est ni libre ni transparent ni équitable ? Que peut espérer un jeune homme dans un pays où il est compté et recensé comme un instrument ethnique pour les besoins d’une politique de catégorisation qui reprend tous les ingrédients et toutes les méthodes de l’ancienne Afrique du Sud raciste ?

La situation que vivent les jeunes dans à Djibouti, est celle qui tue les rêves, brisent tous les espoirs, et empêchent aux enfants de se projeter dans l’avenir autrement que par les voies de la violence, de la débauche et de la bêtise. Lorsque des adultes comme Guelleh et compagnies confisquent tous les pouvoirs et jouent avec les emblèmes de la république comme avec de vulgaires mouchoirs de poche jetables, il ne reste plus rien à attendre sinon des déceptions en cascades, le suicide et l’exil.

Le Djibouti qui se présente au monde en ce mois commémoratif de l’indépendance confisquée, n’est pas un exemple d’un contexte serein pour l’émancipation de ces enfants les plus fragiles qui ont longtemps cru que l’heure de la dignité et du bonheur arriverait avec la décolonisation et la modernisation. La cloche de la modernité mondiale a certes sonné, mais pour beaucoup de Djiboutiens, effrayés par la face et les méthodes hideuses du dictateur Guelleh qui refuse de quitter le pouvoir et manigance de changer la constitution pour s’imposer à vie, même les armes ne sont plus la solution. L’exil est devenu la règle pour leur jeunesse.

La perte de l’identité nationale au bout du désespoir

Il faut reconnaître que la conséquence première dans toute société qui crucifie sa jeunesse par des politiques inappropriées est la perte de l’identité fondamentale du terroir sans laquelle, l’être humain n’a plus ni âme ni repères ni attache ni ambition. Du jour au lendemain, par la faute de quelques individus avides de pouvoir et malhonnêtes, des enfants ne croient plus en rien et ne jurent plus que par la défaite et le désespoir.

Il ne suffit pas de faire défiler des centaines de milliers d’enfants des quartiers pauvres soudainement ou occasionnellement habillés et maquillés pour faire bonne mine. Il ne suffit pas de faire vibrer des médias en une journée pour distraire les programmes. De tout temps et dans toutes les autocraties, les dirigeants illégitimes ont su jeter sur les pavés des milliers d’enfants pour chanter leurs louanges, pendant que leurs propres enfants restaient calmement dans leurs salons décorés de moquettes et de rideaux princiers.

La réalité d’un monde sans pitié ni scrupule, où l’on empêche dorénavant des peuples entiers de connaître les joies de la démocratie et des élections libres, magnifie à merveille, cette forme dangereuse de déception qui précipite les révolutions et allume des incendies. Lorsque la certitude du désespoir remplace ainsi la promesse du bonheur, et lorsque l’ambition de la compétence se voit crucifiée par le règne et le diktat des injustices, les flammes couvent et finissent par emporter même les régimes les plus méticuleusement protégés.

Nous sommes nés et avons grandi dans les projets multiples sortis des discours de ceux qui gouvernaient. Nous avons passé la jeunesse sans connaître ni élections libres ni libertés réelles ni dignité ni respectabilité effective. Nous avons juste appris que nos parents ont fait de leur mieux en luttant avec des mains nues pour l’indépendance qui n’est jamais vraiment arrivée.

Nos enfants que l’on appelle jeunes aujourd’hui, pouvaient s’attendre à mieux.

Au contraire, ils découvrent que les choses se sont empirées, que le pays n’a changé que pour mieux cultiver la haine, la jalousie, la division, le tribalisme et la tricherie. Les enfants réalisent que l’école des compétents n’est plus tout à fait la solution, que travailler durement n’est plus réellement récompensé et que être honnête est devenu synonyme d’être idiot et inintelligent. Et puis, ils se demandent que faire ? Ici, aucun parent n’a plus de réponse, et le gouvernement, les dirigeants, n’ont pas de solution sinon celle qui consiste à les sacrifier sur l’autel d’une révolution radicale par un changement institutionnel profond.

Demain c’est leur tour ou c’est la guerre

Partout dans le monde, c’est d’abord la jeunesse qui forme la plus grande armée, la plus redoutable armée, celle qui ne connaît de limite que la destruction de l’ennemi et la conquête de la dignité, la certitude de la victoire. Il n’y a pas de pays, de nation ou d’Etat, qui ne compte pas sur sa jeunesse pour faire la guerre.

Parce qu’à l’âge de la fraîcheur du corps et de l’esprit, l’être humain affiche ses plus valables compétences et sa plus studieuse énergie, le dictateur Guelleh doit prendre du recul et faire attention à ce qu’une jeunesse en colère et mécontente peut développer comme réponse interne. Cette armée redoutable qui sait battre et vaincre l’ennemi extérieur, est encore mieux faite et plus déterminée lorsqu’il s’agit de chasser les régimes pourris.

C’est elle qui renvoya Tsiranana de Madagascar après un règne sans partage.

C’est elle qui scella sans doute le sort d’Hailé Sélassié d’Ethiopie. C’est elle qui a conduit les révolutions les plus significatives qui ont transformé le monde et fait avancer l’humanité. De la révolte des treize colonies d’Amérique du nord aux deux révolutions françaises en passant par toutes les guerres de libération d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes puis la longue marche de Mao, c’est la détermination de jeunes gens formant des armées qui ont été à l’œuvre.

Au régime de Guelleh, à toutes les autocraties irresponsables et cupides qui chantent les vertus de la jeunesse en déployant des politiques qui les conduisent au désespoir et à la perte de l’identité nationale, il faut sans doute rappeler ces évidences sociologiques, politiques et historiques.

FreeDjibouti

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