12/06/09 (B503) FreeDjibouti : Suicide collectif… Refonte de la classe politique djiboutienne ou poursuite de la stratégie du pourrissement !

L’exercice auquel je me livre ici est périlleux parce qu’il touche au choix d’une nouvelle stratégie et méthode de lutte pour la démocratie à Djibouti. Le choix à faire, dans ce contexte inédit de renouvellement de la classe politique indispensable, est fondamental pour un changement et le développement de Djibouti.

Les 18 dernières années dans l’histoire de Djibouti démontrent qu’aucune solution adéquate et durable n’a pris sa source à l’extérieur des frontières nationales, même les multiples solutions proposées ont été pilotées par les Djiboutiens eux-mêmes.

La longue lutte pour l’avènement de la démocratie entamée par le Peuple et ses incroyables rebondissements, démontrent la complexité de la crise djiboutienne et laissent percevoir la gravité des conséquences qui pourraient en découler.

Quoiqu’il en soit, la marche pour l’avènement de la démocratie à Djibouti est irréversible. Elle peut être ralentie comme actuellement, mais elle continuera pour ce changement tant redouté qui devrait s’accompagner de nouvelles règles de gouvernance, avec en toile de fond, une profonde transformation de la classe politique.

Pour l’heure, le premier constat est l’embrigadement du peuple par les politiques djiboutiennes, toute tendance confondue. La triste réalité est que cette situation bien connue sous le RPP est entretenue par ceux qui se proclament être le chantre de la démocratie.

En toute honnêteté, il incombe à chaque citoyen de reconnaître la responsabilité tant du RPP que de l’opposition dite légalisée dans l’échec du processus démocratique. Cet échec est donc collectif, et le nier, nous conduit à un suicide collectif.


Illustration libre par Roger Picon,
sans concertation avec l’auteur de l’article.

Refuser d’être à l’écoute de la jeunesse entérine la thèse de la manipulation.

Le premier constat est que l’on se souviendra qu’au début des années 92, à l’époque où une partie de l’opposition naissante a amorcé son retour au bercail, en provenance de l’Europe, surtout de la France, les vaillantes populations djiboutiennes ont applaudi au risque d’en défier certains.

Ceux-là se sont alors crus investis de la confiance du peuple pour conduire le pays sur les voies de la démocratie.

La jeunesse djiboutienne se mettra alors à disposition, taillable et corvéable à merci. Certains y laisseront leur vie, au nom de la lutte pour la démocratie.

Cette jeunesse d’hier, nous la constituons.

Mais elle a grandi et mûri. Elle a aujourd’hui accès à une connaissance plus approfondie, elle a accès à une critique, même si beaucoup de chemin reste à parcourir. Cette jeunesse qui n’a cessé de répondre présente aux appels de nos «leaders», réclame aujourd’hui un feed-back, une sorte de retour sur investissement, voir un bilan.

En ne répondant que par un silence assourdissant aux nombreux appels et propositions de cette jeunesse, l’opposition entérine elle-même la thèse de son mépris aux jeunes. Et là le risque d’un échec global de la lutte devient grand, car entre les défections et l’incapacité de générer en son propre sein une relève politique, le transfert de compétence ne se fera pas.

Le second constat est qu’après les élections de 1999, la classe politique «made in RPP» a changé de configuration. En face, l’opposition non seulement resserre ses rangs autour des anciens, mais elle est incapable de faire son bilan et son autocritique, de faire une expertise sans complaisance de ses forces et faiblesses. Pourquoi ?

En ne reconnaissant pas jusqu’aujourd’hui son erreur, en n’ouvrant pas de nouvelles pistes de réflexion, nous osons alors dire que l’opposition manipule le Peuple, seul perdant dont le rôle se résume à pleurer ses morts.

Le moment est donc venu de rendre le tablier, non pas parce que nous dénions leur droit d’aînesse, mais pour avoir méconnu leur devoir de protection, et leur obligation de résultats.

Et pour n’avoir pas su capitaliser l’allégeance et le soutien de la jeunesse durant 18 ans, il faut se rendre à l’évidence : l’opposition djiboutienne est dépassée par les évènements.

Les argumentations et les analyses judicieuses marquées d’une certaine prémonition n’ont pas pu convaincre la classe politique djiboutienne.

Aujourd’hui, la jeunesse souhaite qu’un débat soit ouvert pour dégager de nouvelles pistes de réflexion, voire une sortie de crise en vue d’une solution politique par le biais des conférences ou des forums en Europe.

Au demeurant, on leur souffle un NON qui s’inscrit dans la droite ligne du paternalisme qui sévit dans les mœurs mais aussi dans les coutumes djiboutiennes. Droit d’aînesse, quand tu nous tiens !!!

Quel résultat pour une politique du pourrissement à Djibouti?

Le mérite du rapport des Nations Unies est de percer à jour la stratégie du RPP et de l’opposition. D’une part, le RPP qui tient les rennes du pouvoir, sachant bien que l’adversaire n’a pas les moyens de riposte.

Ceci crée un déséquilibre des forces et des frustrations que de l’autre côté, l’opposition exploite pour dire non, à toute proposition émanant de ses sympathisants quand bien même positive et constructive soit-elle.

Pire, tout en sachant qu’on n’a pas les moyens de revendiquer à armes égales la victoire à l’issue d’un suffrage, on fait descendre les populations dans la rue. Ce n’est plus un secret de polichinelle, l’opposition ne dispose d’aucune structure pouvant effrayer les foules de la place Rimbaud à Djibouti.

Les quelques pôles de résistance actifs aujourd’hui sont des propriétés de jeunes ayant rompu leur lien avec l’opposition depuis plusieurs années déjà. Alors… ?

Ce statut quo obéit-il à une volonté de maintenir le flou politique aux fins de manipulation politicienne ?

Fait-on semblant d’oublier que l’orientation politique obéit à la définition d’un objectif , à une stratégie et enfin à une mise en œuvre sur le terrain, et non à un exercice intellectuel fait de
communiqués et de rapports?

Cette politique du pourrissement est la manifestation d’un manque d’imagination.

Aujourd’hui, la société djiboutienne est en pleine mutation et quiconque oubli cette donne scie la branche sur laquelle elle est assise.

En termes concrets, toute orientation politique viable doit être soutenue par une mobilisation permanente qui elle même se traduit en termes d’actions sociales.

Cette orientation doit se traduire concrètement par l’implication des partis politiques dans le vécu quotidien des citoyens.

A ce jour, à part se contenter de rejeter sur le RPP, la responsabilité de la situation économique et sociale, aucune action tangible n’est à mettre à l’actif des formations politiques de l’opposition depuis leur création.

Cependant, on assiste tous les jours à un partage du reste du gâteau entre le RPP et les initiés proches de l’opposition. A eux, les marchés publics, les contrats de prestations de services avec les entreprises publiques, les missions et autres.

Quant aux populations, elles sont bonnes à participer aux marches de soutien pour le compte du RPP contre quelques bottes de khats, ou aux manifestations de l’opposition arrosées de balles lacrymogènes. A elles de choisir.

C’est à se demander si la question de savoir si le dernier des Djiboutiens mange un repas par jour est une réelle préoccupation politique.

A moins que ceci procède aussi de la technique du pourrissement, créer une situation de désastre socio-économique pour mieux contraindre le Peuple à descendre les mains nues dans la rue pour affronter une police rodée à la répression de sa population civile.

La mort de l’opposition, telle que prédite par les analyses dont sont auteurs certains membres de cette jeunesse, deviendra une évidence.

En politique il n’y a pas de fatalité, il y a un lien causal permanent. L’opposition Djiboutienne a échoué et ce, lamentablement.

Un aperçu de l’évolution politique de Djibouti, sur la période d’avril 1999 jusqu’à présent démontre à suffisance l’incapacité technique, tactique et organisationnelle de l’opposition qui ne brille que par son silence, son amateurisme, et la pauvreté de son discours politique.

Devant ce qu’on peut appeler capitulation, le dernier constat est qu’il y a 18 ans, c’est la jeunesse qui a crié sa soif de démocratie et non les aînés. C’est une jeunesse d’élèves et d’étudiants qui ont créés une première en Afrique en exigeant d’une dictature, un changement de régime.

Devoir d’aînesse oblige, cette jeunesse a mandaté ces aînés pour un combat dont ces derniers ne maîtrisaient ni les règles, ni les objectifs. Un échec cuisant qui en toute perspective a le mérite de succiter un débat sur la responsabilité de la jeunesse y compris celle de la diaspora.

Aujourd’hui, l’ère d’une refondation de la lutte démocratique à Djibouti sonne.

Ce mouvement devra fonder son action politique sur un nouveau projet garantissant une concorde civile par:

– la concertation et le dialogue permanent comme moyens de gouvernement ;

– la primauté de la personne humaine et sa dignité , et le respect des libertés fondamentales ;

– l’égalité des droits et des chances pour tous ;

– la solidarité sociale par la formation et le travail ;

– la liberté d’entreprendre et de créer ;

– la liberté de pensée et d’expression ; la tolérance et le droit à la différence ;

– la participation active des citoyens au débat politique.

– l’accès équitable de tous à une justice impartiale et indépendante.

La Responsabilité de la conduite de ce mouvement revient à la jeunesse surtout celle de 90 et 91 qui se retrouvent aujourd’hui en majorité dans la diaspora. Encore faut-il que cette jeunesse prenne ses responsabilités et assure sa mission. On ne peut pas faire valablement le constat de l’échec de la classe politique actuelle, surtout celle dite de l’opposition si la relève démissionne devant sa mission car gangrenée par des querelles intestines.

Il faut donc qu’une dynamique qui transcende toutes les divisions et tous les leaderships de la jeunesse se dégage, s’organise et se donne les moyens nécessaires à la réussite du combat ultime : la libération du peuple djiboutien. Pour ce faire, l’opposition dans sa configuration actuelle doit laisser libre cours à sa refonte que la jeunesse amorce avec optimisme et détermination.

A défaut, l’histoire dira qu’ils combattaient tous Guelleh et Gouled, mais « la mort de ce dernier a sonné le glas de l’opposition djiboutienne qui devra accepter l’évidence que l’oraison funèbre de Gouled était aussi la sienne ».

A bon entendeur …..Fais en sorte de bien lire entre les lignes.

FreeDjibouti

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