16/06/09 (B503) Journal de la Flibuste … (3 articles en Français)

____________________________ 3 – Ecolo Info

Devenir “terroriste” pour défendre ses richesses – ACT’Sense

De Anne-sophie

Pour ce 54ième ACT’Sense, je vous présente aujourd’hui une campagne réalisée pour l’organisme “Global Coalition for Peace” qui milite, aux Etats-Unis, contre la guerre en Iraq. Le concept d’affichage est conçu pour être vu sur une forme circulaire et affiché autour des pilonnes. Il est décliné autour des grenades, fusils, missiles ou tanks…

La baseline? “What goes around – Comes around” (en gros, “les choses peuvent se retourner contre vous”, autre manière de parler d’effet boomerang)

En réalité, cette campagne me fait rebondir sur une série d’articles parus récemment dans Courrier International et en lien direct avec mon sujet de thèse (je m’intéresse uniquement au terrorisme transnational perpétré contre les Etats-Unis).

Un constat: du terrorisme pour raison écologistes

Au cours de mes recherches, j’ai constaté que de nombreux attentats étaient perpétrés afin de contester le pillage de certaines ressources naturelles. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller plus loin que ce constat car mes recherches ne traitent pas directement des causes du terrorisme transnational, mais les faits sont là.

Prenons le cas de la Colombie, pays dans lequel le nombre d’attentats perpétrés contre les Etats-Unis et les étrangers est le plus important (mon étude se situe entre la fin des années 1960 et 2006). Les cibles préférées des groupes terroristes sont les pipelines, co-gérés avec les compagnies pétrolières étrangères. Les terroristes de l’ELN (Armée de Libération Nationale) justifient leur action en affirmant que le gouvernement Colombien donne ses précieuses ressources naturelles aux puissances étrangères. Certes, le trafic de drogue est aussi au cœur des attentats menés par les guérillas locales. Mais les attentats menés afin de contester le pillage de ressources locales ne peut pas être négligé.

Au Nigeria, les attentats perpétrés au début des années 2000 sont le fait de “jeunes en colère” qui prennent en otages des travailleurs de la plateforme pétrolière de Shell et réclament du travail et des possibilités de développement pour leur communauté.

Dans d’autres pays d’Amérique Latine certains terroristes justifient également leurs actions par le pillage des richesses. Si mes souvenirs sont bons, quelques cas peuvent également être signalés en Europe de l’Est (mais cette information doit être vérifiée).

Notons que l’éco-terrorisme est également la première cause de terrorisme domestique aux Etats-Unis. Mais les raisons de ces activistes sont bien différentes de celles des activistes précédents.

“C’est vous les terroristes”

Et là, les articles de Courrier International offrent de quoi alimenter ces observations. Le premier article est une brève dans laquelle on apprend que la société anglo-néerlandaise Shell, “accusée de complicité dans la pendaison, en 1995, du militant pacifiste et écologiste Kenule Beeson Saro-Wiwa, fondateur du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP), au Nigeria (…) a accepté devant la justice américaine de verser la somme de 15,5 millions de dollars (112 millions d’euros) à la famille Saro-Wiwa et au peuple Ogoni, qui avaient déposé plainte dès 1996. La compagnie, qui a toujours rejeté ces accusations, évitera ainsi un procès“. Avec cet arrangement, on évite là un grand scandale. Qui mériterait d’être dénoncé plus ouvertement, car les émeutes récentes au Nigeria autour des mines d’uranium relèvent à mon sens de la même logique…

Le second article est issu de The Guardian et s’intitule “Somalie, l’homme qui murmurait à l’oreille des pirates“. Il brosse le portrait d’Andrew Mwangura, un ancien marin qui “a passé vingt ans à aider des collègues sous-payés, exploités, qui connaissent des difficultés en mer. Et, bien souvent, les ­difficultés en question sont liées à la Somalie“. Cet homme (dont l’histoire va faire l’objet d’un film d’Andras Hamori sur la piraterie en Somalie et dont le premier rôle sera joué par Samuel L. Jackson) dirige aujourd’hui le Programme d’aide aux marins en Afrique de l’Est, une association qui aide à résoudre les affaires d’enlèvement au large des côtes somaliennes. En voilà un petit extrait qui, une fois encore, pose la question des raisons écologiques d’engagement dans le terrorisme…

“Dès le début des années 1990, alors que le pays sombrait dans le chaos, Mwangura a commencé à ­obtenir des informations sur des navires étrangers arraisonnés au large du ­littoral somalien. Au début, il a condamné publiquement ces attaques. Puis, un jour, un preneur d’otages somalien l’a appelé après avoir trouvé son numéro d’urgence à bord d’un bateau qu’il venait de capturer. “Il m’a dit : ‘Ce n’est pas nous, les pirates. C’est vous, les marins et les propriétaires des navires étrangers qui opérez illégalement dans nos eaux, qui êtes les pirates’.”

L’homme a envoyé à Mwangura des photographies et des listes de bateaux qui pillaient les réserves de poissons de Somalie, parfois à 5 milles nautiques de la côte, et qui endommageaient les bateaux et les équipements de pêche locaux. “J’ai compris que ces Somaliens se défendaient, qu’ils n’étaient pas des pirates, explique Mwangura. Ils avaient tort d’agir comme ils le faisaient, mais pêcher et dégazer illégalement, c’est mal aussi.”

Plus la Somalie s’est enfoncée dans l’anarchie, plus la nature défensive des attaques s’est muée en délinquance pure et simple, mettant en danger la vie de milliers d’hommes d’équipage. “Les gens sont devenus trop gourmands, poursuit Mwangura. Les mafiosos somaliens ont compris que la prise d’otages était un bon moyen de gagner de l’argent. Ils se sont modernisés, se sont mis à utiliser des radios et des téléphones par satellite.” Et, soudain, les portables de Mwangura ont commencé à sonner jour et nuit, et il s’est retrouvé en liaison avec des gens qui recherchaient des informations ou qui en transmettaient.…”

Enfin, citons aussi cet article de Javier Diez Canseco du journal La Republica au sujet de la propriété des terres d’Amazonie. Le journaliste explique que “la convention n° 169 de l’OIT et la déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones ont rendu obligatoire la consultation des peuples sur les ressources de leurs terres“. Or le président Alan García ne respecte actuellement pas cet engagement et de nombreuses grèves prennent place actuellement dans le pays, avec l’Association interethnique de la jungle amazonienne (AIDESEP) notamment, qui “a pour but de défendre les terres communales, le droit des communautés indiennes à se prononcer sur les politiques qui les concernent, la protection de l’environnement ou l’utilisation écologique des ressources naturelles comme outil de développement, et non comme moyen de remplir les coffres de multinationales qui n’ont que faire de l’impact de leurs activités sur la forêt ou le pays”.

Comme l’explique l’article, le président péruvien “a décidé de moderniser l’Amazonie en faisant un bien mauvais usage des pouvoirs que lui a accordés le Congrès dans le Traité de libre-échange (TLC) signé avec les Etats-Unis en janvier 2009. Le gouvernement a, dans la foulée, promulgué une série de décrets qui suppriment la protection constitutionnelle et légale des terres communales; il a également aboli les redevances en faveur des paysans et des Indiens pour l’exploitation des ressources qu’elles contiennent. Alberto Fujimori [président de 1990 à 2000] avait lancé ce processus sur la côte et dans les zones montagneuses. Alan García veut désormais l’étendre.”

Et le journaliste de poser cette question: “Imaginez que, sur simple décision de l’Etat, une compagnie minière ou pétrolière vienne exploiter une ressource dans le parc près de chez vous, sous les fenêtres de votre maison ou de votre lieu de travail, et qu’elle puisse capter et polluer l’eau du quartier sans rien demander aux habitants. Vous ne seriez pas indigné ? Vous ne vous révolteriez pas ?“

Il s’agit d’une question que je me suis souvent posée au cours de mes recherches… et que je me pose encore. Loin de moi l’idée de promouvoir la violence, mais je pense que ceux qui l’emploient le font en dernier recours… Pour moi, au-delà de la problématique sous-jacente des inégalités et de la pauvreté, la question est intrinsèquement liée à la définition même du terrorisme (un mot trop facilement utilisé aujourd’hui, nous l’avons vu récemment avec l’exemple de Julien Coupat): bien souvent, c’est l’histoire qui choisit… les terroristes ne se reconnaissent jamais comme tels, et se voient en général comme des combattants de la liberté… c’est lorsqu’ils arrivent à leurs fins qu’on leur accorde le titre dont ils se revendiquent ou qu’on les qualifie, a posteriori, de résistants… Indirectement, cela m’évoque Kant et sa réflexion sur “le juste”, le légal et le légitime…

Et vous, que feriez vous si on venait vous piller ainsi?
 

____________________________ 2 – Info Maroc

L’Initiative de l’Atlantique Sud scellée par la « Déclaration de Lanzarote »

L’Initiative de l’Atlantique Sud, un plan impulsé par le Portugal et l’Espagne et soutenu par la France et des pays de l’Amérique Latine et de l’Afrique, dont le Maroc, a été scellé, samedi, par la « Déclaration de Lanzarote ».

Dans ce texte, les participants à la réunion de Lanzarote ont convenu de promouvoir la réflexion sur les mécanismes d’action entre les zones sud et nord de cette région pour développer les opportunités de coopération qu’offre cet espace et en vue de faire face aux défis et menaces qui pèsent sur ce secteur de l’Atlantique.

Les ministres et représentants de 12 pays de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique latine prenant part à cette rencontre ont, à cet égard, décidé de tenir une prochaine réunion, en septembre prochain à New York, a annoncé le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion plénière.

M. Moratinos, qui était accompagné du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, M. Taib Fassi Fihri, et du ministre argentin des Relations extérieures, du Commerce international et du culte, M. Jorge Taiana, a indiqué que cette rencontre ministérielle, à laquelle ont assisté huit ministres, trois ambassadeurs et un vice-ministre, a inauguré une nouvelle voie de dialogue et de coopération afin d’intensifier les relations et, surtout, éliminer un déficit qui existait dans l’architecture internationale par rapport au sud de l’Atlantique.

L’heure est venue pour « fortifier le poids stratégique de l’Atlantique Sud », à la lumière des mutations survenues dans d’autres zones à travers le monde, a-t-il ajouté.

A cet égard, Moratinos a cité un exemple qui constitue un « trou noir » dans cette zone, en allusion à l’accident d’un avion de Air France reliant Rio de Janeiro et Paris, qui s’est abîmé dans l’Atlantique.

« Il y a un trou noir entre la façade atlantique latino-américaine, africaine et européenne. ce trou noir, nous voulons l’éliminer aujourd’hui à Lanzarote », a lancé le chef de la diplomatie espagnole, mettant en exergue le potentiel dont disposent les pays de la région en matière de coopération dans des secteurs comme la lutte contre le crime organisé, le trafic de drogue et la piraterie.

M. Moratinos a également annoncé la création d’un forum informel de dialogue sur la base de la « Déclaration de Lanzarote » ainsi que la tenue en septembre prochain d’une réunion à New York, en perspective de l’adhésion de nouveaux pays riverains de l’Atlantique à cette initiative.

Pour sa part, M. Fassi Fihri a qualifié de « très intéressante » l’Initiative de l’Atlantique sud, estimant que cet espace constitue une « prise de conscience » des pays riverains de l’Atlantique, qui leur permettra de prendre leur destin en main, en vue de relever les défis et de faire face aux menaces qui pèsent sur la région.

Le ministre a cité, dans ce sens, les connexions établies entre les réseaux mafieux, les actes de piraterie maritime qui se développent dans la région et les filières de l’immigration illégale.

De son côté, M. Taiana s’est félicité des résultats de la réunion de
Lanzarote, soulignant l’intérêt que portent les 12 pays ayant pris part à cette rencontre au renforcement des liens des deux cô tés de l’Atlantique Sud.

Outre le Maroc et l’Espagne, cette réunion a connu la participation de représentants de l’Angola, de l’Argentine, du Brésil, du Cap-Vert, du Cameroun, de la France, du Nigeria, du Sénégal et de l’Uruguay.

____________________________ 1 – Portail des sous-marins

Les 27 Ministres confirment : Atalanta prolongée jusqu’à fin 2010

Par Rédacteur en chef.

Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE, réuni le 15 juin à Luxembourg, va avaliser la prolongation de l’opération anti-pirates Eunavfor Atalanta d’un an à compter du 13 décembre 2009 (soit jusqu’à fin 2010).

Les 27 estiment, en effet, selon le texte des conclusions, que l’opération Atalanta « a démontré sa capacité d’agir efficacement contre les pirates et que la piraterie au large des côtes somaliennes continue à rester une sérieuse menace ». Cette décision permet d’entamer la force de génération pour l’année prochaine.