16/06/09 (B503) Une assiduité protocolaire de l’artificiel « diplomatiquement correct » qui confirme, plus que jamais, le poids sans cesse grandissant de bon nombre de pays africains dans un continent convoité par la Chine (par Bouh Warsama)


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Souvenons-nous de l’après indépendance en Afrique de l’ouest et des tentatives de la Chine pour s’imposer, notamment au Mali et qui se terminèrent quelques années plus tard par un échec cuisant alors que l’économie du pays s’effondrait.

J’ai le souvenir d’avoir effectué en 1972 une escale aérienne technique sur ce qui faisait office d’aéroport de la capitale Bamako et d’y avoir observé, alignés et assis sur des bancs sous un hangar en tôle ondulée, une quinzaine de citoyens chinois vêtus du même costume, tenant le même « attache case » (Made in China) entre les jambes et nous dévisageant telles des bêtes curieuses………..

La superposition des images dans mon esprit m’avait confirmé que le Bamako que j’avais connu presque 20 années plus tôt n’avait pas changé alors que la présence de la Chine n’avait rien apporté sur le plan amélioration des conditions de vie sociale des Maliens.

Plus de 20 ans plus tard et au moment de la construction par les Chinois des abattoirs de la capitale Djibouti j’ai eu la désagréable surprise d’observer ce qu’est une plage vidée de toute vie. Un désert halieutique local totalement dévasté sur 200 à 300 m du rivage et quelques kms de plage dans lequel ne subsistait plus ni coquillage, ni un quelconque poisson. Logés dans des caisses métalliques servant de dortoirs collectifs sous une chaleur intense, les équipes d’ouvriers chinois n’avaient que les moyens de se nourrir de riz et de produits de la mer…….. ; ils avaient totalement dévasté le secteur en quelques mois.

– La Chine du 21ème siècle n’a pas abandonné la partie, loin de là !

Mais n’en doutons pas, la Chine du 21ème siècle n’a pas abandonné la partie, elle s’est lentement installé en Afrique avec autant de convoitises et de détermination que le firent les contemporains de Jules Ferry ou de Stanley à l’époque de la colonisation française ou anglaise.

Prenons l’exemple du Gabon où les Chinois se sont imposés dans l’exploitation du très prometteur gisement de fer de Belinga (ressource supérieure à 100 Mt de minerai de fer à 70%) alors que, d’autre part, le gouvernement local a l’ambition de devenir le premier producteur mondial de manganèse et, pour ce faire, en a confié l’exploitation à la compagnie brésilienne CRVD (Compagnia Vale do Rio Doce).

Ledit gisement de fer de Belinga a été attribué, quant à lui, à un groupement d’entreprises chinoises, la CMEC (China national Machinery and Equipement import and export Corporation).

Grâce à l’envolée des cours des métaux, c’est une affaire très juteuse financièrement pour la CMEC qui se soumet depuis des mois à d’immenses travaux de rénovations dans les alentours dont la construction d’un port en eau profonde ainsi qu’une centrale hydraulique afin d’alimenter en énergie électrique toutes ses seules installations dans la région.

Les Chinois travaillant exclusivement pour eux et eux seuls, de tout ceci les Gabonais n’en profiteront pas, directement ou indirectement car d’autre part la main d’œuvre est très majoritairement importée d’Asie et suivant des critères de choix rigoureux. De même, les familles gabonaises profitent peu d’un Produit National Brut (PNB) dopé depuis plus de 40 années pourtant par les ventes des hydrocarbures qui rapportent gros au clan Bongo…et à leurs associés.

Ressources pétrolifères sur lesquelles, là encore, les autorités chinoises sont en embuscade et tentent de faire le forcing suivant le principe qui veut que si la chaise de l’exploitation des gisements venait à se vider de la présence de TotalFinaElf ils se précipiteraient alors pour prendre place, et ce malgré un Christophe de Margerie qui ne leur cèdera pas un pouce de terrain.

La situation est d’autant plus aggravée sur la moitié de la population gabonaise est analphabète et vit sous le seuil de pauvreté (pour ne pas dire de misère) alors même que, comme à Djibouti, le pays est sous peuplé ; 1,4 millions d’habitants dont une forte proportion de présence d’étrangers originaires des pays voisins et « gabonisés » pour la circonstance – comme le sont certaines tribus somaliennes – souvent pour effectuer les travaux les plus durs et les plus ingrats.

Avec une différence tout de même qui est que tant IOG que la Qabyo, l’un comme l’autre étant à l’origine étrangers à Djibouti, font venir dans le pays des clans, leurs familles au sens large et des amis de leur région d’origine aux fins de pousser hors du pays les familles djiboutiennes, toutes ethnies confondues, pour s’installer à leur place.

– Un Gabon qui ne ressemble en rien au Sahel ou au désert à Djibouti

Le fossé entre la richesse accaparée et la pauvreté très majoritaire est affreux alors que contrairement à Djibouti, sous le régime d’IOG, la présidence Bongo fut bien plus rusée, opportuniste que cruelle.

On est loin des errances d’un Ismaïl Omar Guelleh, d’un Mugabé (son ami du Zimbabwe) ou de naguère avec Idi Amin Dada en Ouganda.

Le Hadj Omar Bongo a préféré faire le choix de circonvenir la plupart des opposants potentiels par l’argent, qui ont fini par venir lui « manger dans la main » ; tout comme le firent les faux opposants de l’alimentaire après un séjour en chambre climatisée, avec douche et téléphone portable, dans le secteur « détenus politiques » de la prison de Gabode….à Djibouti et qui vont aujourd’hui allègrement « à la gamelle dorée du Palais de l’Escale » tout en essayant de briser la véritable opposition au régime politique d’Ismaïl Bobard.

La grande différence étant que Bongo a su avec une certaine subtilité éviter les guerres civiles ou les conflits armés avec les pays voisins durant plus de quarante années.

Si l’on regarde le désastre militaire de Ras Doumeïra et les effets du long génocide contre les Afars menés du haut du palais de l’Escale,ce n’est pas mince ; d’autant plus que majeure partie du FRUD a été trompé, tant par le gouvernement que par la France des présidents Mitterrand et Chirac ce qui a contraints les Afars à relancer le conflit armé contre l’Etat djiboutien.

– Reste le péché congénital issu des noces incestueuses de la « Françafrique ».

Si le président Sarkozy a tenu à être présent au Gabon pour les obsèques du président Bongo c’est aussi pour confirmer que, même au nom de la morale publique, la France ne peut rompre avec le Gabon de l’après Bongo car ce faisant elle paierait très cher cette décision en terme de perte d’influences sur tout le continent africain sans que pour autant la morale et la démocratie s’enracinent durablement à Libreville.

Comme nous l’avons dit, tout retrait de la France – ou d’une quelconque puissance coloniale occidentale – de l’Afrique serait immédiatement exploité par la Chine qui comblerait ce départ.

De même que les entreprises françaises – telles Peugeot, Renault et Citroën, se sont faites évincées depuis 1970 du marché africain des tous terrains par Toyota sur lequel Peugeot était dominateur, la France est en train de se faire marginaliser en Afrique de l’ouest et de l’est par des investissements chinois qui grignotaient le terrain depuis 20 années…et qui maintenant émergent véritablement.

– Tenter d’enterrer la Françafrique avec le temps et imposer en commun les véritables principes du contrôle démocratique et le progrès sous toutes ses formes.

D’évidence, ceci ne veut pas dire que la France et l’Afrique doivent renoncer aux véritables principes du contrôle démocratique ; bien au contraire car c’est la seule garantie d’avenir pour les populations concernées.

Il est incontestable que le progrès, le vrai et le sincère, évolue de plus en plus vite dans ce sens et bouscule, comme il ne l’a jamais fait par le passé, les mauvaises habitudes instaurées depuis bien trop longtemps.

Plutôt que se boucher le nez et porter une paire de lunettes qui ne laisse transparaître que la grande richesse au détriment de la misère humaine entretenue, il convient pour les uns comme les autres, Africains et Français, de remonter les manches et de se donner enfin les moyens pour ensemble procéder en urgence au nettoyage des écuries d’Augias……………

Certes, cela ne sentira pas le parfum de Chanel du jour au lendemain mais comme en chaque chose il faut du courage et la volonté d’éliminer cette persistante odeur de M…. qui nous prend à la gorge et nous révulse le coeur lorsque l’on observe que les femmes et les enfants d’Afrique sont les premières victimes de certaines lâchetés………..et intérêts privés.