23/06/09 (B504-B) FreeDjibouti -> Djibouti: Les défis de la Bonne Gouvernance, une thérapie de choc contre le mal qui ronge le pays

À quand un leadership efficace et tourné vers un réel développement pour Djibouti ?

Il est indéniable que les innombrables plans élaborés jusque-là pour sortir notre pays de son sous développement souffrent d’un déficit chronique de leadership dans leur mise en œuvre. Ils manquent cruellement de cohérence dans leur application sur le terrain ; ce qui constitue évidemment un réel handicape empêchant de mesurer leur efficacité du point de vue développement.

Le plus souvent, ces plans sont centrés sur les grands paramètres de l’économie classique ou néoclassique : croissance du PIB, expansion de l’investissement et mobilisation de l’épargne, mise en place d’infrastructures économiques et sociales, développement des services sociaux, aide étrangère, investissements privés étrangers et mesures d’incitation pour les attirer, etc. Des initiatives miroirs pour se remplir les poches!

En théorie, il n’y a pas mieux, mais qu’en est-il dans la pratique ?

Nos gouvernements se sont fixés de grands objectifs à savoir: la satisfaction des besoins essentiels des Populations, la mise en valeur des ressources naturelles locales; la création d’emplois; la modernisation de la société…

Je constates aujourd’hui que ces objectifs sont loin d’être atteints compte tenu de l’inadaptation de la plus part de ces stratégies à nos réalités ainsi que la carence d’une véritable culture de Gouvernance démocratique et de développement de la part de nos dirigeants. Bref, une carence de leadership orienté vers l’efficacité et le réalisme sur le terrain.

Comment peut-on parler de nos jours de développement dans un environnement anti-démocratique ?

Comment peut-on concilier développement et Gouvernance démocratique en ayant pour but ultime le bien être de nos populations sans se soucier de l’efficacité sur le terrain des innombrables projets de développements concoctés ci et là par des « experts » trop souvent éloignés des réalités sociales du pays?

Si par le passé les stratégies de développement ont échoué, l’on est en droit de se demander le pourquoi et le comment. Pour apporter une esquisse de réponse à cette majeure préoccupation, il serait urgent de se pencher sur les véritables causes.

L’un des facteurs essentiels est la mentalité de ceux qui nous gouvernent. Ils ont réussi à imposer chez une large majorité de nos populations la culture « du bâton et de la carotte ».

Beaucoup de nos compatriotes sont aujourd’hui complètement désorientés, désabusés, vivant sous une peur bleue d’une répression qui ne dit pas son nom. Les populations se sont donc résignées et attendent une aide divine qui tarde à venir à leur secours.

Il est temps d’entamer une profonde réflexion en vue de préparer les Djiboutiens notamment les jeunes diplômés à relever le défi du développement. Il est absolument primordial d’adopter « un certain réalisme » tant au niveau socio-économique que politique.

 Autrement dit, redéfinir une stratégie de développement dont les principaux axes et contours font la part belle à la faisabilité de certains projets, leur efficacité et leur crédibilité aux yeux des principaux concernés.

Beaucoup de projets de développement ne trouvent pas une adhésion de la population pour la simple et unique raison que ceux-ci manquent de clarté et offrent rarement à nos concitoyens les conditions permettant leur épanouissement et la réalisation de leurs rêves.

Ainsi, les concepts de Bonne Gouvernance développés ces dernières années par des spécialistes en la matière souffrent d’un manque chronique d’explication auprès des populations des régions de l’intérieur notamment qui constituent pourtant la couche la plus vulnérable. Et pourtant, la thématique d’une meilleure Gouvernance touche dans son ensemble les causes profondes de la situation actuelle à laquelle notre pays est confronté.

Les experts identifient la mauvaise Gouvernance comme étant l’une des causes profondes qui affectent négativement les activités de développement ; celle-ci entraîne entre autres :

– Une faiblesse chronique des institutions républicaines,
– Une absence de contrôle financier et budgétaire,
– Un manque évident de transparence et une corruption exacerbée dans la gestion de l’aide publique au développement,…

Ces points sus-mentionnés sont autant d’obstacles qui portent atteinte aux principes démocratiques et au développement. Ces problèmes ont été largement évoqués par le programme des nations unies pour le développement (PNUD) dans le cadre de la Coopération avec Djibouti pour la période 2002 –2006.

Sans une réelle Gouvernance démocratique la résolution des crises à répétition qui touchent notre pays ne peut se faire sans la participation et la mobilisation de tous et de toutes pour une réforme urgente de notre paysage politico-économique.

Il faudra répondre au plus vite à certaines exigences concrètes de nos partenaires étrangers.

L’une des exigences attendues est notamment la libéralisation du secteur audio-visuel.

En effet, dans toute société l’information joue un rôle crucial pour permettre aux citoyens de participer pleinement à un processus libre et démocratique.

Sans information, ces derniers ne peuvent pas faire des choix éclairés au moment des élections, ni avoir une prise de position réelle sur la corruption et encore moins obliger les gouvernants à rendre des comptes sur ce qu’ils font au nom du peuple. N’oublions pas que l’information est l’oxygène de la démocratie.

Aujourd’hui, aucun Gouvernement ne peut nier le fait que les principes fondamentaux de la démocratie reposent sur l’obligation de rendre des comptes sur la gestion des fonds publics.

Notre pays est malheureusement champion en matière de manque de transparence et de limitation de l’accès à l’information.

En guise d’exemple, tous les pays de la sous région possèdent des radios privées et pourquoi pas le nôtre ? Ce type de mentalité de la part de nos dirigeants s’est révélé inefficace et inutile; et le devoir d’informer le public sur ses droits et devoirs ainsi que la promotion d’une culture d’ouverture sont désormais prônés par nos partenaires comme étant une nécessité incontournable pour toute coopération.

La libéralisation de l’information est la clé de la réussite des programmes de Gouvernance et de lutte contre la pauvreté.

Ou bien voudra-t-il se limiter au strict minimum qui consiste à quémander des fonds auprès des partenaires étrangers sans s’engager réellement dans un processus de mise en place d’une structure capable de gérer ces fonds ?

Seul l’avenir nous le dira même si en attendant, force est de constater que tous les prédécesseurs qui ont suivi cette stratégie mi-figues mi-raisins ont lamentablement échoué.

Je réaffirme encore une fois que la Gouvernance économique ne va pas sans celle politique; et ceci d’autant plus que les principaux problèmes liés au développement ainsi que les politiques et stratégies envisageables pour lutter contre la corruption dépassent largement aujourd’hui le cadre économique.

Par ailleurs, voici selon le PNUD, quelques principaux problèmes qui empêchent le développement de notre pays:

– Faiblesse chronique de l’Administration Publique,
– Faiblesse de la société civile,
– Faibles performances de la justice,
– Faibles résultats des programmes de développement,
– Faible productivité agricole,
– Insuffisance des infrastructures,
– Insuffisance des services sociaux,
– Persistance de l’inégalité des chances,
– Persistance de l’instabilité sous régionale, etc.

Prétendre que l’on puisse faire face à tous ces problèmes sans un réel pouvoir politique et surtout sans aucune réelle efficacité dans la mise en application sur le terrain des engagements pris, est un véritable leurre.

Au lieu de faire face à tous ces défis, nos responsables politiques se sont jusque-là contentés du strict minimum en suivant les objectifs uniques que Guelleh s’est fixé.

Nous ne serons donc pas étonnés qu’il n’y ait aucune avancée dans le domaine de la poursuite des réformes tant attendues.

Nous y reviendrons !

FreeDjibouti

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