29/06/09 (B505) Le journal de la Flibuste (1 article en Français)

________________________________ 1 – RTL Info (Belgique)

Le Pompei libéré contre une rançon : les pirates seront poursuivis

Les autorités belges ont confirmé dimanche le versement d’une rançon afin d’obtenir la libération du navire belge « Pompei », et de ses dix membres d’équipage, mais sans en révéler le montant.

L’équipage et le navire belge « Pompei », capturés le 18 avril par des pirates somaliens, ont été libérés dimanche, a annoncé le porte-parole du premier ministre Herman Van Rompuy.

Les pirates avaient exigé initialement le versement de 8 millions de dollars US. Un compromis est finalement intervenu sur le montant de celle-ci mercredi 24 juin, après 68 jours de négociations. Payée par les propriétaires du bateau, la rançon a été parachutée samedi après-midi vers 14h00 par un avion. En raison des conditions météorologiques difficiles sur place, les derniers pirates n’ont toutefois pu quitter le navire que dimanche matin à 05h43.

Le capitaine, Hendrik Toxopeus, a alors directement pris contact avec les propriétaires du bateau pour les informer de leur libération. Ce dernier a confirmé que tous les marins étaient à bord et que le bateau s’apprêtait à partir après un dernier contrôle de sécurité.

Celui-ci est actuellement en route vers un port sûr, avant d’être accompagné par une frégate grecque participant à l’opération militaire européenne Atalante pour éviter tout nouvel acte de piraterie. Vu la vitesse limitée du « Pompei » (maximum 13km/h), et les grandes distances à parcourir, l’arrivée dans ce port refuge prendra plusieurs jours.

Selon les autorités belges, celles-ci ont rencontré des difficultés à s’assurer la protection d’Atalante. Le gouvernement a dès lors décidé d’envoyer dix militaires sur place. Ceux-ci seront chargés de la protection du « Pompei » en cas de non-intervention d’Atalante. Les militaires belges monteront à bord du « Pompei » dès que le navire sera arrivé dans son port de refuge.

Les dix membres d’équipage, dont deux Belges -le premier adjoint du capitaine, Jan Verplanken (42 ans), et le second officier, James Law (38 ans)- seront, eux, rapatriés par avion vers leur pays respectif et remplacés par un nouvel équipage. Le retour des deux Belges au pays pourrait encore prendre quelques jours. A cet effet, les autorités belges prient les médias, « par respect pour les familles », « d’être patients et de laisser les retrouvailles se dérouler au mieux ».

D’une durée totale de 68 jours, les négociations pour le versement de la rançon ont été menées par un intermédiaire des pirates en Somalie et un négociateur agissant pour le compte des sociétés propriétaires du bateau. Ce dernier a reçu l’assistance des Unités Spéciales (CGSU) de la police fédérale. Pas moins de 171 contacts téléphoniques au total ont eu lieu ces dix dernières semaines entre les pirates et les propriétaires du bateau. Ces derniers ont pu à plusieurs reprises s’entretenir avec le capitaine du bateau.

Selon les autorités belges, qui ont étudié plusieurs pistes pour libérer le bateau et son équipage, « une intervention militaire en mer ne semblait pas souhaitable ». Six policiers vont à présent poursuivre l’enquête de cet acte de piraterie, et ce sous la direction du procureur fédéral Johan Delmulle.

Long de 68 mètres et construit en 1988, le navire belge avait été piraté le 18 avril dernier par dix hommes armés alors qu’il se trouvait à environ 185 km au nord des Seychelles, dans l’Océan indien, en route vers Durban (Afrique du Sud). Dix membres d’équipage étaient à son bord: le capitaine de nationalité néerlandaise, deux Belges, 3 Philippins et 4 Croates. Détourné vers les côtes somaliennes, le « Pompei » mouillait depuis le 22 avril dernier à 3.250 mètres au large d’Harardheere. Le 23 mai, sans doute en raison des conditions météorologiques difficiles en cette période de mousson, le bateau s’était déplacé d’environ 34 km plus au nord-est, non loin d’Hobyo, toujours en restant à 3.500 mètres du littoral. Les dix membres d’équipage auront, au total, été retenus 72 jours par les pirates.

Le parquet fédéral espère identifier et poursuivre les pirates

Le parquet fédéral mettra tout en œuvre pour traduire devant la justice belge les pirates qui se sont emparés du Pompei et qui ont pris son équipage en otage, a déclaré le procureur fédéral Johan Delmulle lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce dimanche au centre de crise du ministère de l’Intérieur.

Six membres de la police fédérale belge sont déjà en route pour procéder à un examen du navire et auditionner les dix membres de l’équipage. Le parquet fédéral a été impliqué dès le début du détournement, le 18 avril dernier.

Le procureur fédéral a rappelé que les faits commis sur un navire battant pavillon belge et naviguant dans les eaux internationales sont considérés comme ayant été commis en territoire belge. Il existe par ailleurs une loi de 1928 qui sanctionne spécifiquement les actes de piraterie. Une équipe d’enquêteurs de la police judiciaire fédérale de Bruxelles a été chargée du dossier. Ils ont déjà établi des procès-verbaux à propos de chacun des développements survenus durant le détournement.

Priorité a été donnée aux négociations mais le travail des enquêteurs s’est poursuivi parallèlement. Des enregistrements ont ainsi été effectués de toutes les communications téléphoniques entre les pirates et leurs interlocuteurs. Un maximum de preuves a été rassemblé et les enquêteurs ont recueilli tous les éléments susceptibles d’aboutir à l’identification des pirates, a expliqué le procureur fédéral.

Quatre enquêteurs de la police judiciaire de Bruxelles et deux membres du labo judiciaire de la police fédérale sont partis, avec les dix militaires belges qui rejoindront le Pompei dans le port où il aura trouvé refuge, a précisé Johan Delmulle. Les enquêteurs s’efforceront notamment de relever un maximum d’indices matériels concernant les pirates, comme des empreintes de doigts et des traces d’ADN.

Il devait y avoir une dizaine de pirates à bord. Si les enquêteurs belges parviennent à les identifier, leur signalement sera lancé via Interpol et une demande d’extradition sera formulée à l’encontre de ceux qui auront pu être interceptés, a indiqué le procureur fédéral.

En Belgique, les pirates risquent jusqu’à 15 ans de prison pour le détournement et encore 30 ans pour prise d’otages. Malgré les circonstances difficiles dans lesquelles se déroule l’enquête, il existe une chance réelle de pouvoir identifier au moins un certain nombre de ces pirates, estime Johan Delmulle.