11/07/09 (B507) Discours d’Obama au Ghana (3 articles)

_____________________________ 3 – Yahoo avec AP

Obama appelle l’Afrique à rejeter la tyrannie et la corruption

Mark Smith

Barack Obama a dressé samedi un réquisitoire sans appel contre la corruption et la tyrannie lors d’une visite au Ghana, l’une des trop peu nombreuses démocraties de ce continent où naquirent une partie des ancêtres du premier président américain noir ainsi que ceux de son épouse, descendante d’esclaves. Lire la suite l’article

« Nous pensons que le Ghana peut être un extraordinaire modèle de succès à travers tout le continent », a insisté le chef de la Maison Blanche, pour qui « le développement dépend d’une bonne gouvernance. C’est l’ingrédient qui fait défaut en trop d’endroits, depuis bien trop longtemps. C’est ce changement qui peut libérer le potentiel de l’Afrique ».

« Nous devons partir du principe que l’avenir de l’Afrique dépend des Africains », a estimé Barack Obama, soulignant qu’il avait « le sang de l’Afrique en (lui), par son père kényan noir, même s’il a été élevé par la famille de sa mère, américaine blanche, et qu’il reconnaissait donc le poids de l’histoire, notamment coloniale.

Mais, a-t-il ajouté, l’Occident n’est pas responsable de « la destruction de l’économie du Zimbabwe depuis dix ans, ni des guerres dans lesquelles des enfants sont enrôlés comme combattants ». « Ces conflits sont une pierre autour du cou de l’Afrique ».

Accueilli triomphalement dans ce petit pays, Barack Obama s’est adressé au Parlement ghanéen et s’est entretenu avec son homologue John Atta Mills. « Tous les Ghanéens veulent vous voir », lui a déclaré ce dernier, alors que la famille Obama faisait la « Une » de nombreux quotidiens locaux. Le président américain a participé à un déjeuner en plein air dans l’enceinte de la résidence présidentielle avec près de 350 personnes, puis il est passé à la partie historique de sa visite.

Avec son épouse Michelle, descendante d’esclaves africains amenés en Amérique, Barack Obama devait se rendre au fort de Cape Coast, d’où les esclaves étaient déportés vers les Amériques sous la férule britannique au XVIIe siècle.

La veille, au sommet du G-8 à L’Aquila, en Italie, un nouveau plan de sécurité alimentaire de 20 milliards de dollars avait été annoncé pour les pays pauvres, d’Afrique notamment, et samedi le président américain a déclaré que son pays fournirait 3,5 milliards de dollars d’assistance alimentaire en mettant l’accent sur la formation des agriculteurs.

_____________________________ 2 – Le Monde

Obama : l’Afrique doit prendre ses responsabilités

Le président américain, Barack Obama, est arrivé vendredi soir, 10 juillet, à Accra avec un cadeau – 20 milliards de dollars pour l’aide alimentaire à l’Afrique – et un message : le colonialisme ne peut pas constituer « une excuse » pour les problèmes du continent. « Je crois beaucoup à l’idée que les Africains sont responsables pour l’Afrique », a-t-il expliqué dans un entretien au site allafrica.com, avant son départ des Etats-Unis.

Darfour et Somalie réclament une réponse « mondiale »Barack Obama a déclaré samedi à Accra que des crises comme le « génocide » au Darfour ou l’expansion terroriste en Somalie réclamaient une réponse « mondiale », mais aussi un renforcement des capacités de réaction de l’Afrique elle-même. « L’Afrique n’est pas la caricature qu’on en fait d’un continent en guerre.

Mais les conflits font partie de la vie de trop d’Africains, avec la même constance que le soleil », a-t-il dit dans un discours devant le parlement ghanéen. « Quand on a un génocide en cours au Darfour ou des terroristes en Somalie, il ne s’agit pas seulement de problèmes africains, ce sont des défis lancés à la sécurité internationale, et ils réclament une réponse internationale », a-t-il assuré. (avec AFP)

L’enveloppe de 20 milliards de dollars sur trois ans (14,3 milliards d’euros) a été accordée par le G8 lors de la dernière journée du sommet de L’Aquila. M. Obama a plaidé personnellement auprès de ses collègues pour une augmentation de la somme initialement prévue (15 milliards), arguant d’une « responsabilité morale » des pays riches.

« Les actions irresponsables de quelques-unes ont engendré une récession qui a balayé le globe, a-t-il dit.

Les prix de la nourriture ont augmenté et 100 millions de personnes vont tomber dans une extrême pauvreté. » Le président a évoqué l’exemple de sa famille paternelle, qui, sans connaître la faim, vit au Kenya dans une région frappée par la malnutrition. La pauvreté est « quelque chose que je comprends dans des termes très personnels », a-t-il ajouté.

Le G8 était réuni avec un groupe de pays africains. Devant les dirigeants de l’Algérie, l’Angola, l’Egypte, l’Ethiopie, la Libye, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud et l’Union africaine (que représentait Mouammar Kadhafi), M. Obama a expliqué qu’il y a cinquante ans, quand son père a quitté Nairobi pour étudier aux Etats-Unis, le Kenya avait un PNB par habitant supérieur à celui de la Corée du Sud. « On a parlé d’héritage du colonialisme et d’autres politiques mises en place par les pays riches. Sans vouloir minimiser ce facteur, mon propos est de dire que la Corée du Sud, en travaillant avec le secteur privé et la société civile, a réussi à mettre en place des institutions qui ont garanti la transparence et la responsabilité. »

Alors que dans beaucoup de pays d’Afrique, « si vous voulez avoir un job ou créer une entreprise, vous devez payer des pots-de-vin ».

AFRIQUE AUTOSUFFISANTE

Le G8 a entériné le nouveau mécanisme d’aide proposé par M. Obama : « L’aide doit créer les conditions qui permettent de se passer d’elle. » Au-delà de la distribution d’aide alimentaire, le projet vise à aider les fermiers à construire des infrastructures et à commercialiser leurs produits. « Il n’y a rien qui empêche l’Afrique de devenir autosuffisante sur le plan alimentaire », a dit M. Obama.

Pour son premier discours en Afrique subsaharienne en tant que président, M. Obama avait prévu de développer le thème de la gouvernance. « Une partie de ce qui a empêché l’Afrique d’avancer est que, pendant des années, on a dit que c’était la conséquence du néocolonialisme, ou de l’oppression occidentale, ou du racisme… Je ne crois pas beaucoup aux excuses, a-t-il dit dans son entretien à Allafrica.com. Les cartes coloniales qui ont été tracées ont favorisé les conflits, mais nous sommes en 2009. L’Occident et les Etats-Unis ne sont pas responsables de la situation de l’économie du Zimbabwe depuis quinze ou vingt ans. »

Le discours d’Accra devait être diffusé largement sur le continent grâce aux projections publiques organisées par les ambassades américaines. Au Kenya, le réseau Safaricom (17 millions d’abonnés jusque dans les régions reculées) devait le transmettre, selon les termes d’un accord avec le département d’Etat.

Corine Lesnes

_____________________________ 1 – Le Point avec AFP

Les principaux points du discours de Barack Obama au Ghana

Le premier président noir des États-Unis, Barack Obama, a appelé samedi l’Afrique à prendre en main son propre destin en combattant les pratiques antidémocratiques, les conflits et la maladie et en l’assurant du soutien américain dans cette vaste entreprise. Voici les principaux points de son discours:

RESPONSABILITE DES AFRICAINS

« Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits, changer fondamentalement les choses. Vous pouvez faire ça. Oui, vous le pouvez. Mais cela n’est possible que si, vous tous, vous assumez la responsabilité de votre avenir. Cela ne sera pas facile. Cela réclamera du temps et des efforts. Il y aura des épreuves et des déconvenues. Mais je peux vous promettre ceci: l’Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu’amie ».

RÔLE FUTUR DE L’AFRIQUE ET RELATION AVEC LES ÉTATS-UNIS

« Je ne vois pas dans les pays et les populations d’Afrique un monde à part. Je vois l’Afrique comme une partie fondamentale d’un monde interconnecté, comme des partenaires de l’Amérique agissant au nom de l’avenir que nous voulons pour tous nos enfants. Ce partenariat doit être fondé sur la prise de responsabilité et le respect mutuels ».

RÔLE DE L’AFRIQUE ET DES ÉTATS-UNIS DANS LA RESOLUTION DES CONFLITS

« Nous devons nous dresser contre l’inhumanité quand elle se manifeste parmi nous (…) Nous encourageons la vision d’une architecture régionale de sécurité qui soit forte et qui puisse produire une force transnationale efficace quand il le faut.

L’Amérique a la responsabilité de favoriser cette vision, pas seulement par les mots, mais par un soutien qui renforce les capacités africaines.

Quand on a un génocide en cours au Darfour ou des terroristes en Somalie, il ne s’agit pas seulement de problèmes africains, ce sont des défis lancés à la sécurité internationale et ils réclament une réponse internationale.

Et c’est pourquoi nous nous tenons prêts à être des partenaires, à travers l’action diplomatique, l’assistance technique et le soutien logistique et nous soutiendrons les efforts visant à faire juger les criminels de guerre ».

« BONNE GOUVERNANCE »

« Nous devons reconnaître cette vérité fondamentale, à laquelle vous avez donné vie au Ghana: le développement dépend de la bonne gouvernance. C’est un ingrédient qui a fait défaut pendant beaucoup trop longtemps, dans beaucoup trop d’endroits (…) L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ».

AIDE ET DEVELOPPEMENT

« L’Amérique tendra la main de manière plus responsable (…) L’aide, ce n’est pas une fin en soi. Le but de l’assistance étrangère doit être de créer les conditions pour qu’elle ne soit plus nécessaire ».