03/08/09 (B510) Nouvelles de Somalie : le Burundi délègue un nouveau contingent supplémentaire de 850 hommes à Mogadiscio. (3 articles en Français)

_____________________ 3 – Tribune des Droits humains (Suisse)

L’ONU demande « une zone verte » en Somalie

Thalif Deen/IPS – « Il est temps que les Nations Unies retournent à Mogadiscio », a-t-il déclaré aux journalistes la semaine dernière.

Déplorant l’inaction du Conseil de sécurité, il a cité le philosophe britannique Edmund Burke, qui a une fois remarqué : « Tout ce qui est nécessaire pour le triomphe du mal est que les bons hommes ne fassent rien ».

Ce pays de la Corne de l’Afrique a été déchiré par des conflits continus au cours des 20 dernières années.

L’actuel Gouvernement fédéral de transition (TGF), qui est assiégé, est fortement soutenu par la communauté internationale, y compris les Nations Unies, l’Organisation de la conférence islamique, l’Union africaine, la Ligue des Etats arabes, l’Union européenne et l’Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD).

Pourtant, les Nations Unies ont montré de la réticence à l’envoi d’une force de maintien de la paix en Somalie ou à la mise en place d’une forte présence dans un pays ruiné par des violences continuelles.

En janvier 2007, les Nations Unies ont dévoilé un plan d’urgence pour un projet d’une puissante force de maintien de la paix de 20.000 soldats en Somalie. Mais il n’a jamais vu le jour, d’abord pour des raisons politiques et sécuritaires.

Cette organisation mondiale et ses agences d’aide opèrent essentiellement à partir de Nairobi, la capitale du Kenya.

Ould-Abdallah a dit mercredi au Conseil de sécurité qu’il était temps que les Nations Unies montrent qu’elles sont sérieuses au sujet de la situation critique de cette nation africaine en se déplaçant physiquement dans ce pays assiégé.

« Notre présence temporaire à Nairobi a beaucoup duré. Nous pouvons seulement œuvrer efficacement pour la paix avec les Somaliens et régler les besoins humanitaires pressants si nous sommes proches des victimes de la famine, des violences et des différents abus », a-t-il indiqué.

L’envoyé spécial de l’ONU a affirmé que les agences des Nations Unies, les organisations humanitaires et la communauté diplomatique – la plupart d’entre eux situés en dehors de la Somalie – devraient venir à Mogadiscio.

L’établissement d’une « zone verte », a-t-il affirmé, facilitera ce processus.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré en décembre dernier qu’il avait quasiment abandonné tout espoir d’envoyer une force de maintien de la paix en Somalie.

« Le danger de l’anarchie en Somalie est clair et présent. Ainsi que la nécessité d’agir », a-t-il souligné.

« J’ai discuté avec les dirigeants de 50 pays et trois organisations internationales sur l’organisation d’une force multinationale. Aucune nation ne s’est proposée pour prendre le devant, bien que certaines aient accepté de fournir des troupes », a-t-il ajouté.

Depuis lors, la situation n’a connu aucun changement significatif, parce qu’une force régionale de maintien de la paix, la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), se bat pour augmenter les troupes et le matériel.

Cette force de toute l’Afrique, créée en janvier 2007, dispose d’une capacité autorisée de 8.000 soldats. Mais seulement 54 pour cent, soit 4.300 hommes, sont actuellement déployés.

Ces troupes viennent essentiellement de l’Ouganda, du Burundi, du Ghana et du Nigeria, avec des promesses de la Sierra Leone et du Malawi.

La force AMISOM devrait être remplacée par la force multinationale de l’ONU proposée.

Mais en l’absence d’une force de l’ONU, Ban a demandé aux Etats membres de renforcer l’AMISOM par des troupes, des fonds et du matériel supplémentaires. La réponse a été décevante.

Dans un rapport adressé mercredi au Conseil de sécurité, le secrétaire général indique qu’il y a un « besoin urgent de troupes supplémentaires pour l’AMISOM afin d’atteindre sa capacité autorisée, notamment dans l’avancée de la poursuite des attaques contre le gouvernement par des insurgés ».

Le rapport indique également que l’un des premiers groupes des insurgés, Al-Shabaab, a confirmé la présence de combattants étrangers dans ses rangs et a déclaré ouvertement qu’il travaillait avec al Qaeda, un groupe terroriste international, à Mogadiscio pour renverser le gouvernement du président Sheikh Sharif Sheik Ahmed.

« J’ai une bonne raison de croire qu’il existe des combattants étrangers – et ils sont mieux organisés et mieux disciplinés », a confié Ould-Abdallah aux journalistes.

Le rapport du secrétaire général de l’ONU dit que bon nombre des combattants seraient venus du Pakistan et d’Afghanistan.

« Ils ont été observés portant des cagoules, dirigeant des opérations offensives contre les forces gouvernementales à Mogadiscio et dans des régions voisines », indique-t-il.

Ould-Abdallah a reconnu que la Somalie est un « cas difficile ». Mais des défis existent toujours et ne devraient pas être une raison pour l’inaction.

_____________________________ 2 – Slate.fr avec RSF

Reporters sans frontières: le combat des journalistes somaliens
La chronique de Reporters sans frontières.

Partager sur: Enfoncée dans la misère et le chaos depuis la chute du dictateur Siad Barré, en 1991, la Somalie est un pays livré à une violence extrême, à laquelle n’échappent pas les professionnels de l’information. Depuis le 1er janvier 2009, six journalistes ont été tués par balles en Somalie, le pays le plus meurtrier d’Afrique pour les médias. Parmi eux, les directeurs des deux principales radios du pays, Radio HornAfrik et Radio Shabelle. En trois ans, une quinzaine de journalistes éminents, et au moins autant de professeurs, d’intellectuels, de médecins ou de cadres gouvernementaux accusés de s’être mis à la solde des «ennemis de l’Islam», ont été liquidés, le plus souvent par les tueurs à gage de la milice islamiste Al-Shabaab.

En 2007, en pleine vague d’exécutions sommaires à Mogadiscio, les journalistes de la capitale somalienne ont commencé à fuir les violences, en route vers le Kenya, le Somaliland ou Djibouti. Un groupe d’une dizaine de reporters, pour la plupart issus du groupe de presse Shabelle Media Network, s’est ainsi retrouvé à Djibouti. Les autorités de l’ancienne colonie française leur ont fait bon accueil. «Il nous paraît normal de soulager leur misère. Tout ce que nous pouvons offrir, c’est la paix. Et c’est déjà beaucoup», explique le secrétaire général de la présidence de Djibouti.

En sécurité mais oisifs, ces journalistes somaliens se sont installés dans une maison de la banlieue de Djibouti-Ville, avec le soutien financier de Reporters sans frontières. Fin 2008, tous étaient à la recherche d’un avenir, tâtonnant ici et là, cherchant à savoir quelle destination leur permettrait de retrouver un emploi, un logement, un revenu. «Ma femme est installée à l’étranger et je cherche un moyen de la rejoindre. Mais, comme elle se trouve au Yémen, j’ignore si je pourrais trouver un emploi dans ce pays», expliquait l’un d’eux, tiraillé entre son envie de continuer son travail et son désir de vivre paisiblement. «J’accepterais n’importe quel emploi, pourvu que je reprenne une activité, s’impatientait un autre, dont l’identité est gardée secrète pour des raisons de sécurité. Bien sûr, j’aimerais reprendre mon métier de journaliste. Mais je ne me fais pas trop d’illusion. Il n’empêche qu’il est insupportable pour nous d’être assis là, à ne rien faire, sans savoir ce que nous allons devenir.»

C’est dans ce climat d’immobilité que Reporters sans frontières, l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ) et l’Association des journalistes d’Afrique de l’Est (EAJA) ont décidé de mettre sur pied une agence de presse indépendante somalienne, basée à Djibouti, pour remettre au travail ces journalistes fugitifs. «Ils ont des compétences, une immense envie, une excellente connaissance de leur pays et une expérience unique. Il était logique d’utiliser tous ces atouts, au bénéfice des Somaliens et de ceux qui s’intéressent à ce qui se passe dans le pays», estime le secrétaire général de la NUSOJ, Omar Faruk Osman Nur, qui a supervisé l’installation de ce nouveau média. Son organisation a convaincu le gouvernement d’autoriser le fonctionnement de l’agence, baptisée Somali Independent News Agency (Somina). Le Centre de Doha pour la liberté d’information, alors dirigée par Robert Ménard, a accepté de financer la première année de fonctionnement de la structure.

C’est ainsi que, le 29 avril 2009, la cérémonie d’inauguration de la Somina s’est déroulée dans le bureau de l’agence, situé au quatrième étage d’un immeuble moderne du centre-ville de Djibouti. Employant trois journalistes permanents à la rédaction centrale, un correspondant permanent à Mogadiscio et sept pigistes dans les principales villes somaliennes, cette source d’information neutre sur l’un des pays les plus troublés du monde couvre en temps réel l’actualité quotidienne dans l’ensemble du territoire somalien, dont le Somaliland, en publiant gratuitement des dépêches en somali et en anglais sur son site Internet et par courrier électronique sur simple demande (info@sominaonline.com).

«Nous sommes très fiers d’avoir permis à nos confrères de reprendre leur travail, malgré l’expérience traumatisante de la fuite hors de leur pays natal», a confié Omar Faruk Osman Nur, le jour de l’inauguration. «Il s’agit d’une première historique.» Mais cette initiative est fragile et, si les journalistes de la Somina ne parviennent pas à trouver des sources de revenus propres au terme de la première année d’existence de leur agence, ils devront retourner à l’inactivité et, sans doute, à un autre chemin d’exil.

Les journalistes des pays en guerre ont davantage besoin d’autonomie que d’assistance. Mettre en place ou soutenir les initiatives de ces professionnels des médias qui tentent de refaire leur vie en Afrique, à proximité de leur patrie d’origine, dans une région pourtant instable et hostile à la liberté de la presse; voilà le pari fait par Reporters sans frontières et quelques autres organisations de défense de la liberté de la presse ou des droits de l’homme. Mais ce combat pour une gestion volontariste et humaniste de l’immigration est, pour l’instant, mené dans une solitude qui pourrait à terme devenir paralysante.


__________________________________ 1 – AFP

Somalie: le Burundi envoie un bataillon supplémentaire dans l’Amisom

Le Burundi a envoyé un troisième bataillon de 850 soldats à Mogadiscio pour renforcer la force de paix de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom), a annoncé samedi l’armée burundaise.

Avec ces renforts, l’Amisom, déployée depuis mars 2007 à Mogadiscio, compte désormais plus de 5.000 hommes, burundais et ougandais, alors que 8.000 étaient initialement prévus.

« Le Burundi avait déjà envoyé deux bataillons, soit environ 1.700 soldats, en Somalie dans le cadre de l’Amisom (…) Il vient de terminer cette nuit le déploiement d’un troisième bataillon de 850 hommes dans le cadre de cette mission de maintien de paix », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, le général Lazare Nduwayo.

L’acheminement du bataillon de Bujumbura à Mogadiscio, débuté mardi soir, s’est déroulé sur quatre jours lors de vols de nuit.

« C’est tout à fait normal qu’on ait agi dans le secret sans prevenir la presse (…) essentiellement pour des raisons de sécurité », a expliqué le porte-parole.

L’Amisom est la seule force étrangère déployée dans ce pays en guerre civile depuis 1991 et est régulièrement la cible des attaques des insurgés islamistes somaliens.

Dix-sept soldats burundais de la force africaine ont été tués en Somalie depuis leur déploiement. En février, onze soldats burundais de l’Amisom ont été tués et 15 blessés dans un attentat-suicide contre leur camp à Mogadiscio.